Camille Parmesan, une écologue internationale à la tête de la station CNRS de Moulis


Depuis trois décennies, Camille Parmesan consacre son travail à l’étude de l’impact du changement climatique sur les espèces. Elle est la première scientifique à avoir mis en évidence la migration des espèces en raison du changement climatique, son étude portant sur les mouvements vers le nord et vers les hauteurs d’une espèce de papillons, appelée Euphydryas editha.
« Les papillons sont les sentinelles du climat », commente-t-elle.

Un article publié dans la revue Nature en 2003, relatif à ces travaux montrant les migration des espèces végétales et animales sous l’influence du dérèglement climatique, fait partie des publications les plus souvent citées, une distinction notable dans le monde de la recherche.

Du Texas à l’Ariège

Docteur en biologie, diplômée de l’Université d’Austin au Texas en 1995, Camille Parmesan est très vite reconnue comme une pionnière dans ses travaux de recherche. Professeure à Austin, elle intervient aussi à l’Université de Plymouth, sur la côte anglaise.

Membre du Giec depuis 1997, elle œuvre activement au Groupe 2, dédié à la vulnérabilité des sociétés humaines, des écosystèmes et des systèmes socio-économiques face à la dérive climatique, les conséquences du changement climatique et les options d’adaptation. En tant que membre du Giec, elle partage le prix Nobel de la Paix en 2007, avec Al Gore.
Lorsque Donald Trump annonce en 2017 le retrait des États-Unis des accords de Paris, pour Camille Parmesan, la coupe est pleine.

Elle répond à l’appel d’Emmanuel Macron qui, s’adressant aux scientifiques et aux entreprises qui travaillent sur les questions environnementales, lance le fameux « Make our planet great again », détournant le slogan « Make America great again » de Trump durant sa campagne électorale. Elle fera partie des scientifiques retenus dans le cadre de ce programme et s’installe alors en France, à la station CNRS de Moulis. Nous sommes en 2018 et Camille Parmesan quitte aussi l’Angleterre, désormais hors de l’Union européenne.

Moulis, un équipement unique au monde

« Toute la planète change », souligne la chercheuse. « Ici, nous rassemblons les pièces d’un puzzle en examinant minutieusement les effets du changement climatique sur la faune et la flore locales. Il y en a bien assez pour toute une vie de chercheuse  !  » À la Station d’écologie théorique et expérimentale (Sete), serres, volières, grottes, mais aussi deux dispositifs appelés Métatron – des cages abritant des populations terrestres et aquatiques – permettent d’étudier l’impact du changement climatique sur la faune et la flore locales.

Cette infrastructure du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) est unique au monde. Près d’une centaine de personnes cherchent à comprendre et prédire les effets des activités humaines sur les écosystèmes.
À la question, « comment trouvez-vous le temps de diriger l’équipe ? », elle répond sans détour : « Je suis entourée d’une équipe internationale fantastique, et d’une équipe rapprochée merveilleuse.

Je peux me reposer sur eux en toute tranquillité. » Experte internationalement reconnue, certes, mais modeste. La meilleure façon d’attirer l’attention pour la préservation de notre planète bleue.

Valérie Ravinet
Sur la photo : Camille Parmesan, directrice de la station écologique de Moulis. Crédit : CNRS – Michael Singer.