La génération Z finira-t-elle par regretter ses tatouages ?


Publié6. octobre 2024, 16:00

Retour du tribal: La génération Z finira-t-elle par regretter ses tatouages?

Le cybersigilisme est une tendance qui séduit la génération Z. Ce tattoo rappelle le tribal des années 90.

parCybersigilisme est un néologisme. Ce mot est dérivé de «sigil», un symbole magique, et de «cybernétique». Le tatouage cybersigiliste est caractérisé par des motifs pointus, crantés et des formes abstraites.

Souvent réalisé sur l’os de la hanche, dans le bas du dos ou sur la face interne du bras. Ce tatouage, qui rappelle le tribal des années 90 et 2000, compte notamment parmi ses adeptes les chanteuses Dua Lipa, Billie Eilish, Grimes et Phoebe Bridgers.Le duo de tatoueurs Arminas Stanulevičius & Agnė Stanulevičė, régulièrement de passage en Suisse, réalise des tatouages cybersigilistes.

Instagram/armin.agneEn Suisse, la tendance a suscité très tôt l’intérêt de Rebecca Meyer, tatoueuse lucernoise, plus connue sous le nom de C.o.

c.o Jambo Ink. «Je suis passionnée par les dessins abstraits.

C’est intéressant d’adapter le tatouage aux courbes du corps pour mettre en valeur l’anatomie», explique l’artiste. «Ça ne fonctionne pas aussi bien avec une tête d’animal ou quelque chose de ce genre», assure la pro. Selon elle, la beauté réside dans le mélange de formes organiques et de détails futuristes.

«Le cybersigilisme vise à combiner le style de vie numérique moderne avec des éléments naturels.»

Origine de la tendance

Même si elle ne propose pas ce genre de tatouages dans son studio zurichois Absolut Art, Agata Haindl est au fait de la tendance. «Il s’agit avant tout de faire le lien avec les nouvelles technologies.

La demande pour ce genre de tatouages est très forte auprès des jeunes», indique-t-elle.Pour Rebecca Meyer, c’est une question de mode. «Alors que ces dix dernières années, on parlait encore de trash des années 2000, c’est de nouveau cool de porter des vêtements comme des jeans taille basse et des tops Y2K».

Selon elle, les tatouages sont une question d’esthétique, au même titre que les accessoires et les coiffures. Preuve en est le retour du tatouage tribal sur la chute des reins.

Une mode qui s’étiole?

À propos de retour, les symboles rappellent indéniablement les tribaux des années 2000 qui, peu après avoir été à la pointe de la mode, sont très vite devenus source d’embarras.

Le cybersigilisme connaîtra-t-il le même sort dans quelques années? Rebecca Meyer ne l’exclut pas. «Tout ce qui a un jour été à la mode et considéré comme cool finit très vite par ne plus l’être. Même si l’esthétique plaît toujours.

Cela dit, comme les tatouages sont quelque chose de si individuel et unique, je pense qu’il y a beaucoup plus de chances qu’ils nous plaisent à vie.»Agata Haindl se veut optimiste: «À l’époque, tout le monde se faisait tatouer un tribal, histoire d’en avoir un. Les tatouages cybersigilistes ont un groupe cible très spécifique, qui est très conscient de son style.

Je ne pense pas que beaucoup regretteront ces motifs. Pour moi, le risque que cela arrive est plus grand avec les tatouages fineline, qui s’adressent à un plus large public», croit-elle.Il fut un temps où se faire tatouer dans le bas du dos était la grande mode, avant de devenir une source d’embarras.

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Les tatouages que l’on regrette

À la question de savoir quels tatouages les gens regrettent le plus, Agata Haindl répond sans hésitation: «Ce sont assurément les noms de partenaires que l’on recouvre le plus souvent», constate-t-elle. Les gens veulent aussi souvent se débarrasser de tatouages réalisés sur un coup de tête en vacances, alors que «la décision n’était pas mûrement réfléchie et dont la qualité laisse souvent à désirer», précise-t-elle. Même constat chez Rebecca Meyer: «Les gens souhaitent généralement recouvrir des motifs dont la signification est devenue obsolète ou des tatouages extrêmement mal réalisés», remarque-t-elle.

Élaboration des symboles

Rebecca Meyer a une technique bien à elle pour réaliser les tatouages cybergilistes. Tandis que de nombreux artistes font des ébauches ou les créent après une première prise de contact avec le client, elle préfère que ce dernier soit totalement impliqué dans la phase de conception du dessin.«Je prends une photo de l’endroit du corps sur lequel le client souhaite se faire tatouer avant de réaliser une esquisse du tatouage sur mon iPad, de sorte à parfaitement caler le dessin sur le corps».

De nos jours, la plupart des symboles n’ont plus de signification magique comme à l’époque. «Aujourd’hui, ce genre de tatouages est avant tout demandé pour le côté esthétique et pour exprimer un style personnel», explique-t-elle.