De l’autre côté de la porte, l’accueil est chaleureux. Des salariées nous proposent immédiatement un thé ou un café. « Même pas un verre d’eau ? » Une grande entrée bordée de placards à miroirs ouvre sur une verrière derrière laquelle se trouve le bureau. À droite, un salon accueillant qui invite à s’asseoir, une cuisine ouverte baignée de lumière, et finalement oui, on le prendrait bien ce thé. Ici, c’est la Maison RoseUp Bordeaux. Une antenne de l’association éponyme qui a vu le jour en 2016 en Gironde, et que dirige Jenna Boitard depuis presque dix ans. « L’association RoseUp a trois missions : l’information, à travers notre magazine et notre site Internet, l’accompagnement au travers de trois maisons RoseUp dont celle de Bordeaux, et la défense des droits des malades », confie la responsable d’une voix douce et posée.
Un lieu non médicalisé, pour rompre l’isolement
Même si le rose est associé à Octobre rose, ce lieu est dédié à toutes les femmes atteintes d’un cancer. « Les femmes passent spontanément la porte de la Maison RoseUp, poursuit Jenna Boitard. Dans la grande majorité, elles sont orientées par les équipes de soin. C’est un lieu pilier, de leur propre aveu, non médicalisé. » Un espace qui apporte de l’écoute, un soutien psychologique, mais aussi 200 soins de support offerts pour leur permettre de mieux gérer les effets secondaires des traitements et rompre l’isolement.Au total, ce sont près de 40 professionnels, en socioesthétique, réflexologie plantaire, psychologue, coach, médecin, chef cuisinier, avocat, juriste sur lesquels s’appuie la Maison RoseUp. « Nous avons toutes une formation dans le médico-social pour pouvoir répondre à leurs questions, et aux questions qu’elles ne se posent pas encore », précise Jenna Boitard.
« Besoin de retrouver une estime de moi »
Le cancer est une période charnière, où l’on s’interroge sur ses désirs profonds. « On ne reprend pas le cours de sa vie après une maladie grave qu’est le cancer, comme après une grippe, insiste Jenna. Il agit comme un révélateur d’envie. » Un bouleversement profond qui nourrit des réflexions, et interroge son rapport au corps, comme le confie Virginie, 41 ans. « J’ai été diagnostiquée d’un cancer du sein triple négatif à l’aube de mes 39 ans. J’ai senti une boule en me lavant. Je me suis dit que ce n’était rien, j’avais un contrôle de prévu deux mois plus tard. Sauf que deux mois plus tard, tout s’est enchaîné très vite. »La jeune femme est vite prise en charge, puis entame le parcours de chimiothérapie, opération, radiothérapie. Alors que ses traitements s’allègent et se terminent, Virginie est confrontée au diagnostic d’une récidive. C’est à ce moment-là qu’elle décide de franchir le seuil de la Maison RoseUp. « Dans cette première partie de la maladie, je n’avais pas forcément l’envie de rencontrer d’autres personnes souffrant d’un cancer. J’y suis venue dans une phase de reconstruction, j’ai eu besoin de retrouver une estime de moi, d’être cocoonée, écoutée, et de partager. »
À la Maison RoseUp de Bordeaux, des ateliers de gym permettent de se réapproprier son corps malmené par la maladie.
Rachel Bonomi
Sur place, Virginie découvre les ateliers de socioesthétique, sociocoiffure, animée par Sandra, salariée de l’association. « Le but est d’accompagner les femmes pour qu’elles se sentent le mieux possible dans leur peau, analyse Sandra. Je construis avec elles leurs nouveaux rituels beauté selon les effets secondaires de leurs traitements. » À l’image d’Atika, 63 ans, fidèle de la Maison RoseUp et souffrant d’une rechute de son cancer du sein métastatique. « Il y a un parcours spécifique pour les cancers métastatiques, de l’activité physique adaptée (APA), pour retrouver de la mobilité. Quand on a un cancer métastasé aux os, il faut arrêter les massages classiques. Sandra nous fait beaucoup de bien. J’ai ma petite heure de « touching », un massage très léger qui vient caresser toutes les terminaisons nerveuses. »Au sein de la Maison RoseUp, la femme est considérée dans toute sa féminité. « Le corps est malmené, mutilé parfois, brûlé par la radiothérapie, confie Jenna. Nous leur offrons une bulle de bien-être pour les aider à se réapproprier leur corps, à se reconnecter. Se refaire confiance. »
Appel aux dons
La Maison RoseUp Bordeaux, située 9, rue de Condé à Bordeaux, fonctionne principalement avec des mécènes et des donateurs privés. Si vous voulez aider les femmes atteintes d’un cancer à accéder à un accompagnement et des soins adaptés, faites un don ponctuel ou mensuel directement en ligne sur l’encart « Je donne ».
Cette interview est tirée du supplément santé gratuit distribué avec les éditions Gironde du journal « Sud Ouest, le 1er octobre, à retrouver également sur le kiosque sur sudouest.fr