Alors que la marque Tupperware est sur le point de disparaître, son système de vente, lui, prospère sur les réseaux sociaux. Il s’appelle « marketing de réseau » ou « vente multi-niveaux » et abrite de nombreuses arnaques.Les réunions Tupperware sont mortes? Vive les réunions Tupperware! La célèbre marque de boîtes de conservation en plastique a annoncé mardi 17 septembre avoir lancé une procédure de faillite, après des années de difficultés.
En cause, son matériau, en plastique, qui n’est plus vraiment dans l’air du temps, mais aussi son système de vente bien particulier, détrôné par le commerce en ligne.Pourtant, si les réunions Tupperware peuvent paraître ringardes aujourd’hui, un système de vente similaire prospère depuis quelques années sur les réseaux sociaux, et abrite de nombreuses arnaques. Explications.
Vente multi-niveaux
Avez-vous remarqué qu’on ne trouve pas la marque Tupperware en magasin? La raison est simple: quelques années après son lancement, en 1946, son fondateur, Earl Tupper, constatant que le produit ne se vendait pas bien, a décidé d’essayer un tout nouveau système de vente, la vente directe, aussi appelée vente multi-niveaux.Les produits de la marque étaient proposés par des vendeurs indépendants se déplaçant de domicile en domicile pour convaincre les foyers d’acheter ces boîtes de conservation. Ils touchaient bien entendu des commissions sur ces ventes.
Mais ils avaient un second mode de rémunération: le parrainage de nouveaux vendeurs. Chaque vente réalisée par un filleul leur rapportait également de l’argent.Ce système, aussi appelé MLM, pour « multi-level marketing », a depuis été développé et repris par de nombreuses marques.
Mais il est régulièrement décrié, accusé de favoriser les arnaques pyramidales.Dans ces cas d’arnaques, le second mode de rémunération prend le pas sur le premier: les vendeurs gagnent plus d’argent en recrutant de nouveaux vendeurs qu’en vendant les produits. Le simple fait de recruter quelqu’un déclenche le versement d’une commission.
Commission prélevée sur des droits d’entrée réclamés à la nouvelle recrue, justifiés par la nécessité de faire une formation pour devenir vendeur, d’acheter un kit de démarrage, ou un lot de produits à tester avant de commencer les ventes.Exemple d’annonce sur les réseaux sociaux © Instagram, capture d’écran
Arnaque pyramidale
Mais lorsque les bénéfices de l’entreprise reposent plus sur ces droits d’entrée que sur la vente effective de produits, il y a arnaque: cette pratique est tout simplement illégale.Elle est assimilée à la vente pyramidale dans le sens où seuls les initiateurs du projet, tout en haut de la hiérarchie, gagnent de l’argent.
L’entreprise n’a pas d’activité réelle et seules les nouvelles recrues, en bas de la pyramide, paient, via les droits d’entrée, les commissions de ceux qui sont arrivés avant: cela équivaut à une pyramide de Ponzi.Une entreprise ne pouvant reposer sur ce mode de financement, au bout d’un certain temps, le système s’effondre. En l’absence de recrutements suffisants pour alimenter la trésorerie, l’entreprise ne peut perdurer.
La frontière est parfois mince entre système de vente multi-niveaux et vente pyramidale: la société Herbalife, spécialisée dans les produits de bien-être, a par exemple été condamnée en 1994 pour vente pyramidale.Elle demandait à ses nouveaux distributeurs d’acheter, en amont de leur activité, un lot de produits et était accusée de faire reposer ses rentrées d’argent principalement sur ces achats, contraints, de ses propres vendeurs. Toujours en activité, elle a réformé ses pratiques mais reste controversée.
Système en vogue sur les réseaux sociaux
Sur les réseaux sociaux, les annonces promettant de vous faire bénéficier d’un « complément de revenu sans bouger de votre canapé », voire de vous faire devenir riche, et de gagner de l’argent « même en dormant » pullulent.Exemple d’annonce sur les réseaux sociaux © Instagram, capture d’écranCes annonces sont publiées par des vendeurs de marques qui pratiquent ce système de vente multi-niveaux et qui cherchent à vous recruter. Les réseaux sociaux, parce qu’ils permettent d’entrer en contact facilement avec un grand nombre de personnes, sont particulièrement propices à la vente en réseau, sortes de réunions Tupperware 2.
0.Mais difficile de faire le tri, sur Snapchat, Instagram ou TikTok, entre les annonces sérieuses et les arnaques. Il y a quelques années, un influenceur du nom de Jean-Pierre Fanguin avait notamment été accusé d’escroquerie, parce qu’il faisait la promotion de formations pour devenir trader.
Son rôle était uniquement de recruter, les formations étant au pire inexistantes, au mieux de piètre qualité.
Nos conseils pour éviter l’arnaque
Il convient donc d’être particulièrement prudent. Si vous souhaitez vous lancer dans la vente directe pour compléter vos revenus, fuyez les offres qui concernent des produits financiers ou des formations.
Les arnaques sont fréquentes dans ces domaines. Il y a quelques jours, deux dirigeants de l’entreprise de cryptomonnaies OmegaPro, qui promettait des gains élevés à ses recrues, ont été arrêtés, accusés d’escroquerie pyramidale.Préférez la vente de produits tangibles, sur lesquels il est plus compliqué de monter une arnaque: vous aurez entre les mains le produit que vous êtes censé vendre, qu’il s’agisse de produits de beauté, de vêtements, d’ustensiles de cuisine, etc.
Renseignez-vous bien sur le mode de rémunération proposé: si l’accent est mis sur l’importance des recrutements dans le versement des commissions, fuyez. Si l’on vous demande de verser des droits d’entrée, de payer une formation, d’acheter des produits en avance ou un kit de démarrage, fuyez.Et puis, bien sûr, ne croyez pas aux trop belles promesses.
Malheureusement, personne ne devient multi-millionnaire « en dormant ».