Interview. Christophe Hamacek, entraîneur de Langon : « La motivation est un produit qui se fabrique »


Par Gaël Arcuset
Publié le

13 Avr 24 à 18:25
 

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Il est le sorcier de Comberlin. Celui qui rentre dans la tête de ses joueurs pour leur permettre de dépasser leurs limites. Pour sa deuxième saison au Stade Langonnais, au côté de Romain Cabannes, Christophe Hamacek fait des merveilles.Et il ne compte pas s’arrêter là. Langon, qualifié pour les barrages, souhaite offrir de nouvelles joies à ses supporters. Prochaine étape : la réception de Fleurance, dimanche 14 avril 2024, (15h30) pour un match à élimination directe. En début de saison, vous attendiez-vous à réaliser de telles performances ?Je vais répondre franchement : oui. Ce match de barrages à la maison, c’est l’objectif qu’on avait annoncé aux joueurs. Aujourd’hui, on a tous beaucoup de chances… Les supporters langonnais ont la chance de voir une équipe qui propose un jeu agréable, fait de déplacements et de passes. Les joueurs, eux, ont la chance d’avoir un public nombreux, qui les soutient.

Il me tarde de voir Comberlin en rouge et blanc. C’est une récompense
Christophe Hamacek

Impatient d’être au 14 avril ?On est là pour vivre de belles aventures. Il me tarde de voir Comberlin en rouge et blanc. C’est une récompense. Car de notre côté, nous sommes restés fidèles à nos valeurs. Certaines équipes se contentent d’un rugby d’occupation. Nous, à Langon, on a cette volonté de proposer du jeu. Aujourd’hui, on ne regrette pas d’avoir pris cette voie-là.Au début de la saison, le promu langonnais n’était pas vraiment pris au sérieux. Il a fallu du temps pour obtenir un peu plus de crédibilité…Très probablement, effectivement, que nos adversaires ne nous ont pas pris au sérieux. Mais ils ont vite changé. Le pire, dans tout cela, ce sont les arbitres, qui ne nous considèrent pas comme une grande équipe. Quand on voit ce qu’il s’est passé contre Rennes…

Il y a un facteur à prendre en considération : c’est Comberlin. Les joueurs se transcendent quand ils jouent ici
Christophe Hamacek

Comment abordez-vous ce match de barrage, ce 8e de finale qui ne dit pas son nom ?Il faut être très prudent. Car maintenant, il n’y a que des belles équipes. Il y a un facteur à prendre en considération : c’est Comberlin. Les joueurs se transcendent quand ils jouent ici. Et puis, beaucoup de ceux qui étaient là, la saison passée, ont pris goût à la chose. Il nous faudra trouver l’équilibre entre plaisir et lucidité. Personnellement, je prône la modération. Les mecs devront apprécier le moment présent et je veux qu’ils savourent ; sans oublier pourquoi ils sont là. Pour ça, je leur fais confiance.

« La motivation est un produit qui se fabrique », estime Christophe Hamacek, l’entraîneur du Stade Langonnais. ©Le RépublicainCette saison, le club n’a pas été verni. L’infirmerie du Stade Langonnais a souvent été bien remplie. Et pourtant, contrairement à la saison passée, on n’a pas réellement senti de baisse de régime. A quoi cela est-il dû ?C’est vrai. Nous sommes partis avec un groupe élargi, 30 mecs qui ont tourné. Certains se sont blessés. Et malgré cela, à quelques exceptions, nous n’avons pas eu de baisse de régime. Tous les mecs, au sein du groupe, ont leur importance. Et tous ont été motivés. La motivation est un produit qui se fabrique.

Les mecs, quand je leur disais qu’on pouvait être champions, au début, ils me prenaient pour un fou…
Christophe Hamacek

Justement, on a l’impression que vous êtes un sorcier, que vous pouvez « rentrer dans la tête de vos joueurs » pour les amener à la guerre. Demain, si vous dites à Julien Graffouillère qu’il peut gagner Danse avec les stars, on ne serait même pas surpris de le voir arriver en finale…C’est peut-être dans ce domaine-là que je suis le moins mauvais. Je sème des petites graines, tout au long de la saison. Max Deguin et quelques anciens, avec qui on a été champions de France la saison passée, sont venus nous voir. On s’est remémoré notre parcours. Les mecs, quand je leur disais qu’on pouvait être champions, au début, ils me prenaient pour un fou… Mais finalement, les graines ont commencé à germer. Je voulais et je veux toujours leur montrer qu’ils peuvent réaliser de grandes choses. Après, pour Graffou, pas sûr que j’arrive à en faire une danseuse étoile (rires) !

On sent qu’il se passe vraiment quelque chose de grand
Christophe Hamacek

Au côté de Romain Cabannes, Christophe Hamacek réalise une saison particulièrement convaincante. Promu en Nationale 2, Langon ne déçoit pas. ©Le RépublicainLe gap est-il si important entre la Fédérale 1 et la Nationale 2 ?Ça va plus vite, ça tape plus fort. Mais les joueurs ont progressé. On avait déjà des bases sur le jeu de mouvement. Donc on n’a pas perdu de temps à mettre des choses en place. Cette saison, on l’a prouvé : le Stade Langonnais est à sa place.Le club a-t-il, pour autant, les capacités pour aller encore plus haut ?Si la question est : ‘Langon peut-il aller en Nationale 1 ?’, je réponds que c’est possible d’ici deux à trois ans. Mais nous avons un problème d’infrastructure majeur. Dimanche, on va accueillir avec plaisir le maire et son équipe à Comberlin, qui vont porter haut les couleurs du club. Mais le lendemain, ils vont nous oublier bien vite. Ça, c’est de la politique et moi je suis dans le sportif. Je pense que si on continue à se structurer, le sportif montre l’exemple et l’administratif suit, ça peut le faire. C’est juste dommage que la municipalité, aujourd’hui, ne suive pas l’engouement des supporters. Car on sent qu’il se passe vraiment quelque chose de grand. Après notre victoire contre Rennes, pour notre dernier match de la phase régulière à domicile, j’ai vu un gamin qui demandait des autographes aux joueurs. C’est la première fois que je vois ça. Langon est un bastion du rugby français. Et le club n’a pas fini de grandir.Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.