Législatives 2024 Manche. Giry : Travert : Cris d’alarme dans les campagnes rurales, comment y répondre  ?


Par Rédaction La Presse de la Manche

Publié le

4 juil. 2024 à 11h41

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La Presse de la Manche a organisé ce 3 juillet 2024 dans ses locaux à Cherbourg (Manche), un débat entre Pierre Giry (RN/LR) et Stéphane Travert (Renaissance), les deux candidats au 2e tour des législatives dans la 3e circonscription de la Manche (Valognes-Coutances).Un des thèmes abordés a été la réponse aux nombreux cris d’alarme dans la ruralité.

Sentiment d’abandon

De nombreuses communes rurales ont placé Pierre Giry en tête au premier tour. « Il y a une forme de sentiment de relégation au second rang, en particulier avec la manière macroniste d’exercer le pouvoir, jupitérienne, comme il l’autoproclame, commente le candidat LR-RN. Les gens ont le sentiment que les décisions qui les concernent sont prises dans une bulle, à Paris, par un petit nombre de personnes qui ont une approche technocratique des sujets. »Pierre Giry prend l’exemple de la limitation à 80 km/h. Un exercice du pouvoir trop vertical et donc éloigné des aspirations des habitants ? « Non, répond Stéphane Travert. Le pouvoir est exercé ici par les autorités locales, en lien avec les parlementaires, d’où l’importance de la présence des parlementaires et l’écoute, qui est la nôtre, quelles que soient les familles politiques auxquelles nous appartenons. C’est ça, le rôle d’un député ! »Le député sortant n’élude pas pour autant « les difficultés » que rencontre la ruralité depuis de nombreuses années. « Il y a quinze ou vingt ans, on a commencé à faire fleurir des centres-villes et on a vidé petit à petit nos bourgs ruraux, rappelle Stéphane Travert. Les fermetures d’écoles ont suivi, parce que la démographie était en baisse, et les fermetures de commerces aussi. Il a fallu faire un travail de redensification de nos bourgs ruraux à travers l’habitat, l’accès à un certain nombre de services publics, qu’il faut ramener à nos concitoyens. »Comment avoir dans la ruralité accès aux mêmes services qu’en ville ? Aller sur Internet dans les meilleures conditions, accéder à la culture… « La ruralité est une forme de vivre-ensemble, pour laquelle une attention particulière doit être portée, juge Stéphane Travert. Ce cri d’alarme, on l’entend. Il y a le sentiment que les choses ne vont pas assez vite. »

Crise agricole

Ministre de l’Agriculture au début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, Stéphane Travert avait fait passer une première loi Egalim, qui devait permettre aux agriculteurs de mieux vivre de leur travail. Une deuxième version de la loi a ensuite été votée. « Des projets de loi qu’une partie des LR et le RN n’ont pas votés », glisse Stéphane Travert.En début d’année, à quelques mois des élections européennes, une nouvelle colère agricole avait éclaté. « On a besoin d’appliquer les lois en place, d’accompagner les filières, de redonner perspectives et prospectives, indique l’ancien ministre. Nous avons aussi besoin de plus de cohérence au niveau national et européen. Le succès de l’Egalim français devait permettre de porter au niveau européen une politique qui va dans le bon sens. La France essaye toujours de montrer le chemin. »De son côté, Pierre Giry constate des échecs et souhaite que les agriculteurs puissent consacrer leur temps « à leur métier et non à faire de la paperasse et subir des normes et règles trop détaillées ».Le candidat appelle à en finir avec la surtransposition des règles. « Les règles qui sont appliquées à nos producteurs nationaux sont plus dures que celles demandées à nos concurrents », remarque Pierre Giry. Stéphane Travert indique une fois de plus avoir fait voter une proposition de directive européenne, que le RN n’a pas votée.« Vous avez été désavoués par votre propre gouvernement, juge Pierre Giry. Aujourd’hui, on rajoute du poids sur le dos de notre agriculteur plutôt que de les aider. Ils font face à des herbes invasives, on leur interdit d’utiliser des produits, et ils doivent passer énormément de temps à désherber, alors que leurs concurrents utilisent ces mêmes produits à quelques centaines de kilomètres… Résultat : ils peuvent vendre leurs produits moins cher. » Stéphane Travert tance un Rassemblement national qui refuse tous les accords commerciaux internationaux.« Le libre-échange est positif, répond Pierre Giry. En revanche, il faut que les règles du jeu de la concurrence soient justes et loyales. Comment expliquer à un enfant d’agriculteur qui mange à la cantine un produit importé que celui-ci est fabriqué avec un mode de production que n’aura pas le droit de faire leur papa ? »

Santé

« Il y a un déséquilibre entre l’offre et la demande, note Pierre Giry. Soit on réduit la demande, et c’est inacceptable, soit on augmente l’offre. Ce que nous souhaitons, c’est imposer aux jeunes médecins diplômés de venir s’installer dans les zones tendues. Ils ont bénéficié d’études gratuites. En contrepartie, on leur demande de passer quelques années dans les déserts médicaux… »Le gouvernement a supprimé le numerus clausus, mais les effets ne seront pas visibles avant quelques années. « Les métiers du soin ne sont pas les plus en vogue parce qu’ils sont difficiles, répond Stéphane Travert. Nous devons les renforcer à travers la rémunération, la reconnaissance. Sur la coercition, je suis assez partagé. Réguler la pénurie, c’est difficile lorsque tous les territoires sont en tension. Quand vous avez une offre suffisante sur un territoire, vous pouvez imposer à un jeune médecin d’aller dans une zone en tension. Je le partage plutôt. Là, la pénurie est générale. Et surtout, on se heurte à la Fédération nationale des médecins libéraux, qui ne veut pas en entendre parler. La question, c’est comment on incite les jeunes à venir travailler ? »Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.