Il y a les incontournables « bar-tabac », les moins fréquents « bar-épicerie » et les plus rares « bar-boulangerie », où l’on vient pour son pain quotidien ou son café du matin. Le Fournil du Belon appartient à cette catégorie. Deux commerces sous une même enseigne.
En plongeant au plus profond de leur mémoire, les anciens du quartier de Coat Pin à Riec-sur- Belon, fidèles à l’établissement, ont toujours connu cette double activité, qui permet d’agrémenter son p’tit noir sur le zinc d’un croissant frais acheté du côté de la boulangerie.
La boulangerie assure la viabilité du projet
Deux salles, deux ambiances mais les mêmes propriétaires et la même serveuse le matin, qui passe d’un comptoir à l’autre en fonction des attentes de la clientèle. « Sans la boulangerie, le bar ne serait pas viable.
Mais on ne s’est jamais posé la question d’arrêter cette activité. On s’est seulement interrogé sur la façon de nous organiser entre les deux commerces », affirme Sébastien Boulic qui a repris cette affaire avec son épouse Floriane, en septembre 2014. « Je suis pâtissier et mon épouse est boulangère.
Nous cherchions à reprendre un établissement dans le sud Finistère pas trop éloigné de la mer. Cette opportunité s’est présentée », résume le Bigouden à la fois au fournil et derrière le bar. « Les journées sont longues », reconnaît Floriane, qui démarre ses journées à 2 h 30.
S’ils n’avaient jamais travaillé dans un bar, ils ont très vite compris qu’ils ne pourraient pas couper les robinets de la pression.
« C’est notre maison de quartier »
« L’établissement était fermé depuis un an. Et les clients tenaient autant au bar qu’à la boulangerie », rembobine Sébastien qui s’est très vite fait à ce nouveau métier.
« C’est surtout de la présence et de l’écoute. Derrière le bar, on a le temps de discuter avec les clients. C’est moins le cas côté boulangerie ».
D’un côté on remplit son panier, de l’autre on cultive l’esprit de village. « Les temps changent, les gens s’isolent. Mais ici, c’est notre maison de quartier et c’est surtout le dernier commerce », témoigne Patrick, l’un des habitués.
« On est d’abord de Coat Pin avant d’être de Riec ! ». On ne vient pas par hasard au Fournil, en dehors de la saison estivale et des touristes tentés par la terrasse à l’ombre des oliviers. La boulangerie et la pâtisserie attirent les clients, certains de Pont-Aven et de Quimperlé, le bar fidélise les gens du quartier.
« Chaque vendredi soir, à l’heure de l’apéro, on se donne rendez-vous au bar avec des copains. C’est notre rituel de début de week-end », sourient Gilles et Manu.La terrasse, installée à l’ombre des oliviers, est appréciée des vacanciers durant l’été, et de certains habitués en novembre quand ils viennent ramasser des olives.
(Le Télégramme/Patrick Hernot)
« C’est important de se sentir utile »
Et après la tempête Ciaran en novembre dernier, le bar est devenu un refuge pour certains habitants isolés avec les coupures d’électricité. « Durant cette période, le bar a tenu son rôle de lieu social. Comme nous avions du courant, les gens venaient recharger leur téléphone portable.
C’est important de se sentir utile », confie Floriane qui a décidé de proposer des « cafés d’enterrement », toujours dans le souci de répondre aux sollicitations. Le couple goûte à cette proximité entretenue au gré des tournées de bière ou de vin. « Ici, on ne fait pas de cocktail ! » La carte des boissons est simple pour laisser le temps au pâtissier de concocter de nouveaux gâteaux, qui contribuent à la réputation du lieu, situé au croisement des routes qui mènent aux ports du Belon et de Rosbras.
« Et en prime, le patron prend le temps de cuisiner un plat du jour à emporter chaque semaine. C’est appréciable pour les retraités ou les personnes seules qui ne veulent pas toujours cuisiner », félicite Patrick.