Par
Valentin Longuet
Publié le
16 juin 2024 à 19h01
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C’est la rue Albert-Camus qui a ouvert le bal. La rue Saint-Martin devrait y passer aussi. Les travaux de rénovation du réseau d’eau à Condé-en-Normandie (Calvados) n’en sont qu’à leur commencement que plusieurs questions se posent : combien cela va-t-il coûter ? Quelle est l’ampleur du chantier ? Pour combien de temps ? La rédaction de L’Orne Combattante vous répond.
Pourquoi le prix de l’eau va-t-il augmenter ?
Pour les Condéens et Condéennes qui ne le savent pas, les 52 km de canalisations qui serpentent sous leurs pieds datent de la Reconstruction, période d’après-guerre où il a fallu rebâtir rapidement pour reloger en urgence les familles dont les maisons avaient été détruites par les bombardements. Problème : depuis cette période, rien n’a changé.Une situation qui oblige les services compétents à intervenir régulièrement, « presque une fois par mois dans la rue Saint-Martin », cite en exemple Michel Bar, président du Siaep Clécy-Druance, syndicat en charge de la distribution de l’eau potable à Condé depuis 2020. « Lorsque des fuites sont réparées, les agents du Siaep nous informent de nombreuses anomalies : un réseau pluvial voire privé rattaché au réseau d’assainissement, des canalisations qui ont bougé, des branchements plombs… À l’époque, ça ne posait aucun problème, car il fallait faire vite. Maintenant, ces installations sont hors norme. »
Quelle est l’ampleur des travaux ?
Un chiffre donne une idée de l’étendue des opérations : 1 million. C’est le nombre de canalisations que le Siaep prévoit de changer chaque année sur sept ans pour les 28 communes dont il gère la distribution d’eau potable. Le syndicat est éligible à 40 % de subventions auprès de l’Agence de l’eau. Vidéos : en ce moment sur Actu« Dès qu’on ouvre la chaussée, on s’assure que les canalisations sont bonnes pour ne pas y revenir », souligne Valérie Desquesne, la première édile de Condé. Ce qui est le cas avec la rue Saint-Jacques, où la bande roulante doit être refaite et des voies cyclables installées dès le mois de juillet. Mais aux travaux de rénovation du réseau s’ajoute le traitement de l’eau. L’eau du robinet à Condé provient à 100 % de la station de pompage du Val-Mérienne, propriété de l’Intercom de la Vire au Noireau.« Comme partout dans le Calvados, on retrouve dans la nappe phréatique des métabolites« , indique la maire. Ces molécules sont issues de la dégradation de pesticides interdits pour certains depuis plus de 20 ans.À partir des bases Sise-eaux, une enquête du média normand Grand Format a même montré qu’en 2021, Condé-en-Normandie faisait partie des communes du Calvados où les prélèvements effectués dépassaient les seuils réglementaires pour l’Esa-métolachlore, un métabolite issu du S-métolachlore, un herbicide utilisé principalement sur les cultures de maïs. Pour répondre à cet enjeu de santé publique, le Siaep Clécy-Druance a lancé la construction d’une usine de déferrisation près de la station de pompage visant à traiter l’eau, la débarrasser des polluants avant de la réinjecter. Le tout pour un coût d’1 million d’euros, « dont 350 000 € de subventions », précise Michel Bar. Bref, ces investissements importants se feront incontestablement ressentir sur les factures d’eau des habitants dans les années à venir.
À combien s’élèvera cette hausse ?
Pour le moment, difficile à dire, car le « schéma directeur » a pris du retard. Ce document doit donner une idée à la municipalité et au Siaep Clécy-Druance de l’état des canalisations et de l’ampleur du chantier à venir à Condé. 10, 15, 30 centimes me mètre cube ? Plus ? Aucun chiffre n’est avancé.Municipalité et syndicat se veulent rassurants en rappelant les prix « historiquement bas » à Condé : « Quand le nouveau délégataire a été trouvé en 2020, nous avons gardé les mêmes tarifs. À savoir, 1,18 € le mètre cube quand il était d’1,17 € en 2019. » Selon les chiffres fournis par la municipalité, en 2024 le prix du mètre cube est de 1,40 €.
Quand les nouveaux tarifs seront-ils appliqués ?
Pour le moment, pas de panique, les prix de l’eau sont fixés à l’année après délibérations des membres du conseil municipal. Ce dernier se réunira en fin d’année pour en voter d’autres pour l’année suivante. Les élus évalueront les forfaits et les prix proposés par le syndicat, qui pourront être approuvés ou rejetés.
Pourquoi les élus de l’opposition sont-ils inquiets ?
Lors du conseil municipal d’avril, les élus de l’opposition ont voté contre la cession du réseau d’eau au Siaep Clécy-Druance. Dans une lettre adressée à notre rédaction, ils estiment ne pas avoir la « certitude que cette cession soit accompagnée d’une hausse conséquente de tarifs à l’avenir, mise en œuvre directement par le Siaep et imputée aux consommateurs ».Ce que Valérie Desquesne ne nie pas : « Même si nous avions pris la décision de garder la gestion de l’eau en direct, il y aurait eu des augmentations, car nous devons moderniser notre réseau. Cela ne change rien, que ce soit le ce syndicat ou un autre délégataire. »Avant de préciser : « Les réseaux d’eau sont des biens inaliénables, peu importe qui les gère, ils sont affectés à une commune. Jamais le bien ne pourra être cédé, la commune en restera l’unique propriétaire. » Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.