Ce policier de la CRS 23 comparaissait le lundi 3 juin 2024 au tribunal de Charleville-Mézières pour des faits de harcèlement, de violences et menaces de mort à l’encontre d’une autre policière de la CRS 23 avec qui il avait eu une brève liaison.
Tous deux ne se voyaient « que dans le cadre professionnel ». Selon la jeune femme, qui n’était pas présente à l’audience, le harcèlement aurait très vite commencé après la rupture.
Selon son avocate, la policière aurait mis fin à la relation car elle ne le trouvait plus à son goût. De son côté, le prévenu assure qu’il est, lui, à l’initiative de la rupture. « Elle m’a demandé de faire un choix entre moi et ma femme. Je n’allais pas mettre un terme à 20 ans pour une volage », lâche-t-il à la barre.
« Elle m’a demandé de faire un choix entre moi et ma femme. Je n’allais pas mettre un terme à 20 ans pour une volage »
Le prévenu
À plusieurs reprises, lors de « moments de convivialité »de la compagnie, la jeune femme relate des faits de violence : il l’aurait tirée ou poussée vers lui.La présidente Camille Ruhlmann évoque une « divergence sur la façon dont il la tenait. Comment la décririez-vous ? », interroge-t-elle le prévenu. « Je l’ai prise par le bras et emmenée avec moi », déclare simplement le policier. « Dans l’audition apparaît le terme « fermement » », poursuit la présidente. Le CRS le dément : « Le problème est qu’à l’IGPN est à charge. Je lui ai pris le coude, sans serrer. Ils ont rajouté « fermement ». » Il l’assure. Pour lui, ses gestes n’étaient pas violents.
« Pourquoi ne pas arrêter de chercher à la contacter ? »
La policière lui reproche également des messages répétés, sur une durée de plusieurs années. « Comment peut-on expliquer qu’elle a transmis des captures d’écrans de vos demandes d’ajout sur les réseaux sociaux ? »Le policier est formel : il n’avait cherché à la contacter « que pour raisons professionnelles ». Une expertise fait état, pour la victime, d’un état de « psychotraumatisme » et « d’hypervigilance » qui serait liée au harcèlement. « On a l’impression qu’à chaque fois que vous voulez vous expliquer avec elle, cela se passe mal, enchaîne Camille Ruhlmann. La question est: est-ce, dans ces conditions, il ne faut pas arrêter de chercher à la contacter ? »Un soir, alors que les CRS étaient en déplacement, et que la fête battait son plein à l’hôtel, le policier aurait même tambouriné à sa porte.À la barre, le CRS affirme n’avoir qu’un seul regret : ne pas avoir changé de compagnie. La procureure de la République, Magali Josse, s’est dite interpellée par les faits évoqués. « Votre cœur de métier, c’est la maîtrise de soi », déclare-t-elle. Magali Josse rappelle que la policière aurait tout d’abord cherché à temporiser. « Elle va attendre deux ans et demi avant de déposer plainte ». Elle insiste : « Saisir quelqu’un, pousser quelqu’un, c’est une violence. Le retenir contre son gré, c’est un acte de violence en soi. »
« Saisir quelqu’un, pousser quelqu’un, c’est une violence. Le retenir contre son gré, c’est un acte de violence en soi »
Magali Josse, procureure de la République
La procureure a requis une peine de 10 mois assortie d’un sursis intégral et « pas d’interdiction de détenir une arme, car ces mesures avaient déjà été prises ».Pour son avocate, le prévenu a été « désarmé, traité comme un paria alors que régnait une ambiance sans foi ni loi et vulgaire » au sein de la CRS 23. Elle relate un événement qui illustre l’ambiance au sein du groupe. « Lors d’une journée de convivialité, il fait une remarque déplacée sur elle. Il dit à un collègue qu’il ne sera jamais que le huitième. Elle lui répond par un doigt d’honneur. »L’homme a finalement été relaxé de l’intégralité des faits qui lui étaient reprochés. Le parquet dispose d’un délai de 10 jours pour faire appel.