Par Matthieu Le Tirant
Publié le 28 Déc 23 à 11:21
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Après une minute de silence observée unanimement par les élus en hommage à l’adjointe Carole Levillain, récemment décédée, le conseil municipal qui se tenait mardi 5 décembre 2023 à Gisors (Eure) s’est attardé sur la politique du logement mené par la Ville.À l’occasion d’une délibération dédiée à la gestion du parc de logements sociaux disponibles à Gisors, deux visions politiques tranchées se sont affrontées au sein de l’assemblée.
Plus de flexibilité
À l’issue d’une négociation entre la Ville et les cinq bailleurs sociaux présents dans la commune (MonLogement27, Poste Habitat, Logement familial de l’Eure, Polylogis et Logéal Immobilière), une nouvelle convention doit permettre à la commune une plus grande flexibilité dans l’attribution des logements sociaux de Gisors, qui représentent 35% des habitations de la commune. Jusqu’à présent, 35 d’entre eux étaient réservés à la Ville de Gisors, sur la totalité du parc.Il s’agissait de logements de toutes catégories, mais strictement identifiés. Problème : lorsque tous se trouvaient occupés, la Ville ne disposait alors plus de moyens d’attribuer elle-même de nouveaux logements. Avec la nouvelle convention, il s’agit désormais d’un contingent de 70 logements par an qui seront librement attribués par la ville en fonction des besoins, sans être définis à l’avance.« Nous pouvons choisir plus librement le type de logements que nous attribuons, sous réserve de 70 attributions par an », explique le maire de Gisors (Horizons), José Cerqueira.
70 % des habitants éligibles
Si l’opposition Gisors en commun (divers gauche) ne semblait pas hostile à cette nouvelle convention, le point présenté comme une avancée pour l’attribution des logements sociaux à Gisors par Colette Wokam-Tchunkam, élue en charge des affaires sociales, a été l’occasion de relancer le débat sur la construction de nouveaux logements sociaux à Gisors.Depuis de nombreuses années, le chef de file de l’opposition Anthony Auger dénonce en effet la politique mise en œuvre par la Ville depuis 2014 de gel total de construction de logements sociaux, lui préférant la rénovation des biens existants.Vidéos : en ce moment sur Actu
« Vous le savez, 70 % des habitants de Gisors sont éligibles à un l’attribution d’un logement social. Or par votre politique, vous ne répondez pas à la demande »
Anthony Auger, chef de file de l’opposition.
De quoi faire bondir Emmanuel Hyest, adjoint en charge de l’urbanisme.
« Dire que 70 % des habitants sont éligibles à un logement social comme vous le faites est trompeur. Il n’y a pas 70 % d’entre eux au revenu minimum ! Cela veut simplement dire que des revenus supérieurs au SMIC peuvent être logés par un bailleur social. Mais ils sont aussi dans la capacité de se loger ailleurs, dans le privé ».
Emmanuel Hyest, adjoint en charge de l’urbanisme
Alexandre Rassaërt bouillonne sur sa chaise
Mais celui qui depuis l’entame du débat semble le plus impatient de répondre n’est autre qu’Alexandre Rassaërt, ancien maire de Gisors, devenu premier adjoint et président du Conseil départemental. Silencieux pendant le reste du conseil municipal, il prend la parole et rappelle que « construire des logements sociaux ne profite pas nécessairement aux Gisorsiens, puisque leur attribution dépend des bailleurs sociaux qui peuvent loger des personnes qui ne sont pas originaires du bassin de vie ».Partant de ce constat, l’élu de la majorité lance alors une salve de questions à son opposant : « Vous dites que le besoin est urgent et important pour la population. Vous en déduisez donc qu’il faut construire vite et massivement des logements sociaux ? Je vous demande de préciser, combien en voulez-vous ? Nous au moins, nous sommes concrets et chiffrés : c’est zéro ! Et les Gisorsiens ont tranché en notre faveur en nous faisant confiance une seconde fois sur cette politique avec une réélection en 2020 ».
Construction massive ou non ?
Anthony Auger répond alors : « Je réfute le terme de construction massive », sans pour autant préciser le nombre de nouveaux logements sociaux jugés nécessaires à Gisors.Il ajoute : « Je préfère que l’on se mette autour d’une table et que l’on évalue les besoins réels, plutôt que de vous répondre à la volée ! »Et Alexandre Rassaërt de s’agacer : « Soyez cohérents ! Dès que l’on pousse votre raisonnement, vous bottez en touche… Si le besoin est urgent et important à Gisors, vous souhaitez donc construire vite et massivement des logements sociaux à Gisors. C’est imparable ».
« Gisors ne deviendra pas Gennevilliers ! »
Un propos appuyé par le maire de Gisors, José Cerqueira :
« On connaît bien votre modèle ! Il a déjà été mis en œuvre dans d’autres communes, notamment en région parisienne. Désolé, mais Gennevilliers, ce n’est pas notre modèle ! Et c’est bien pour cela que nous restons attractifs à Gisors ».
José Cerqueira, maire de Gisors
Réponse du tac au tac d’Anthony Auger :
« Vous pointez du doigt la ville de Gennevilliers, mais ce n’est pas une honte d’habiter là-bas… Et de plus si vous restez attractif comme vous dites, ce n’est pas pour votre politique sociale, mais pour l’accession à la propriété de ceux qui ne peuvent le faire en région parisienne ! »
Anthony Auger
Un argument qui permet à plusieurs élus de la majorité de répondre en chœur : « Mais justement, s’ils viennent ici ces habitants, c’est parce qu’ils fuient les villes que vous citez comme modèle ! » Le mot de la conclusion revient alors au maire, qui l’affirme haut et fort devant le conseil municipal : « Gisors ne deviendra pas Gennevilliers ! » Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.