On trouve parfois des pépites dans les archives de l’Institut National de l’Audiovisuel. Des premiers visiteurs ébahis, à l’arrivée d’un bébé crocodile, l’histoire du parc de la tête d’or, à Lyon, interroge sur l’évolution de notre rapport à la nature et aux animaux.
À la question « que venez-vous chercher ici ? » en 1964, les réponses sont variées et pétillantes à l’entrée du parc de la Tête d’or à Lyon.
_ »Je viens prendre l’air quoi ! « , répond un jeune homme à la mèche polissée, les mains dans les poches.
_ »Je viens chercher le bonheur dans un cadre verdoyant, sous des arbres magnifiques et au milieu des oiseaux » répond spontanément une mère de famille, la main sur le landau, misant visiblement beaucoup sur sa bouffée d’air quotidienne.
_ »Voir la roseraie, le lac et ses bateaux ».
Le lac est, en effet, le cœur, l’épicentre de cet espace pensé autour de l’eau. La promenade en bateau est très vite devenue un incontournable, et en 1964, même la journaliste de l’époque n’y résiste pas. La nuit, en 1967, on voit surgir la poésie émergée comme par magie sous l’éclairage du « festival aux étoiles », qui laisse deviner pour nous les prémices des grands rendez-vous sur le lac de la fête des Lumières.
Évidemment, impossible de parler de la légende du Parc de la Tête d’Or sans en décrire le bestiaire. Les animaux sont arrivés très tôt à la fin du XIXe siècle, d’une ferme l’espace est devenu un zoo de plusieurs hectares, gratuit dans le plus grand parc urbain de France.
Les scènes d’un autre temps amènent à repenser l’histoire de ce lieu, qui petit à petit a été « dédié à la pédagogie et à la sensibilisation du public sur les espèces menacées ».
L’arrivée d’un petit crocodile « offert à l’adjoint aux sports de Lyon lors d’un voyage à Abidjan », de deux chameaux, des antilopes d’Afrique constituaient toujours un évènement exceptionnel. On entend aussi l’histoire d’une girafe mélancolique nommée Dalila qui s’ennuyait, jusqu’à l’arrivée de son Samson en 1969, arrivé en limousine. Il y a aussi cette image forte et choquante, d’un ours abattu parce qu’il s’était échappé et approché trop près des habitations.
On emploierait bien sûr d’autres méthodes, 60 ans plus tard.
Mais au-delà de ce type de situations exceptionnelles, et discutables en 2024, ce parc zoologique est au cœur de nombreux débats car les visiteurs, y sont attachés et à la municipalité écologiste qui veut afficher une attitude de défense du bien-être animal. Certaines associations comme Paris Animaux Zoopolis en demandent la fermeture définitive.
Le 21 mars 2024, la mairie de Lyon a annoncé une « transformation majeure ». « Notre parti pris, c’est d’avoir des espèces menacées, notamment d’Europe et de France. Des espèces exotiques, on en a encore.
L’idée, c’est de prendre soin de ces animaux qu’on a aujourd’hui et, comme le lion, de ne pas les remplacer après leur décès ou de leur trouver un refuge, à l’instar des crocodiles envoyés à Agadir » a déclaré Gauthier Chapuis, adjoint au maire de Lyon en charge de la végétalisation, la biodiversité et de la condition animale.
Le parc en effet a déjà évolué : le lion mort n’a pas eu de successeur, les crocodiles ont été envoyés au Maroc et les flamants roses ne seront pas remplacés, la pratique du jointage, jugée trop cruelle, a été abandonnée. Mais aucune fermeture du zoo du parc n’est pour le moment envisagée.
L’appellation du lieu dit de « La Tête d’Or » précède de loin la création du parc. La légende voudrait, que les Croisés y aient enfoui un trésor dans lequel se trouvait une tête de Christ en or. « On raconte qu’en 1855, une voyante aurait été engagée pour retrouver le précieux vestige, mais que, malgré tout ses efforts, elle ne put en déterminer l’emplacement » peut-on apprendre sur le site officiel du parc.