Publié le 15 oct. 2021 à 7 :37La Silicon Valley n’est plus la seule terre promise des acteurs de la tech. Les regards se tournent vers la Chine, marché de 1,4 milliard d’habitants mais également source d’inspiration pour les entreprises occidentales à l’affût des dernières innovations.
Alors que le Covid-19 et la fermeture des frontières chinoises ont considérablement réduit les déplacements et les échanges, la French Tech en Chine organise, cette semaine, un séminaire en ligne afin de mieux faire connaître l’écosystème chinois aux start-up françaises.« Des années 1980 aux années 2000, les entreprises occidentales venaient en Chine pour conquérir une part, même minime, de cet immense marché, explique Jean-Dominique Seval, président de La French Tech Pékin. Aujourd’hui, on vient en Chine, pour être au coeur d’un des marchés les plus innovants au monde, pour apprendre à innover plus vite, et pour connaître ses futurs concurrents, tant qu’il en est encore temps.
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Vitesse de développement
Depuis Pékin, Shanghai et Paris, une cinquantaine d’intervenants partagent leurs expériences, mettant notamment l’accent sur quatre secteurs (la « health tech », le « new retail », les « smart cities » et les « green tech »).Si l’Occident a longtemps appréhendé l’écosystème numérique chinois comme une copie de la Silicon Valley, les choses ont changé.
« Il faut être en Chine pour ne pas passer à côté d’évolutions technologiques majeures et parce que la vitesse de développement y est incomparable, assure Yann Boquillod, fondateur d’AirVisual, une entreprise spécialisée dans les capteurs et l’information sur la pollution de l’air. Être en chine, nous a permis de gagner au moins trois ans sur la concurrence ».
Il y a une vraie complémentarité (.) : d’un côté, une tendance française où l’on attend que le produit soit parfait avant de le mettre sur le marché, de l’autre, une tendance chinoise à aller très vite et à faire des corrections a posteriori.
Guillaume BernardPrésident de l’ETI française Bernard Controls
« Je suis arrivé en Chine pour le marché et j’y suis resté pour la R & D, explique Guillaume Bernard, président de l’ETI française Bernard Controls mais basée à Pékin. Il y a une vraie complémentarité entre deux approches : d’un côté, une tendance française où l’on attend que le produit soit parfait avant de le mettre sur le marché, de l’autre, une tendance chinoise à aller très vite et à faire des corrections a posteriori ».La numérisation de l’économie chinoise avance à grands pas.
« Tous les secteurs sont entrés dans une phase de transformation numérique : de l’agriculture aux usines entièrement automatisées, des robots miniers aux robots serveurs de restaurant, du paiement par reconnaissance faciale aux drones taxis », poursuit Jean-Dominique Seval. La Chine compte plus d’un milliard d’internautes, dont 90 % utilisent le paiement mobile et 80 % achètent sur Internet.
La meilleure protection, la vitesse
Mais le marché chinois est également extrêmement compliqué, ultra-compétitif, avec des écosystèmes digitaux très différents et des consommateurs exigeants qui « cherchent l’originalité, l’innovation, le haut de gamme et la rapidité d’exécution », prévient le président de la French Tech.
«Si vous n’êtes pas déjà leader en France ou en Europe et que vous n’êtes pas fort en cash, mieux vaux passer votre chemin», conseille Gilles Langourieux, président fondateur du développeur de jeux vidéo Virtuos. Parmi les nombreuses difficultés soulignées par les entreprises étrangères en Chine, le vol de technologies est une crainte majeure. « Davantage que le dépôt des brevets, la meilleure des protections est la vitesse, estime Guillaume Bernard.
Quand on met un produit sur le marché chinois, il faut déjà avoir en tête le prochain produit qui nous permettra de conserver notre avance ».
Reprise en main de Pékin
Une page semble se tourner avec la reprise en main des géants de la tech et l’avalanche de mesures réglementaires. Et en s’attaquant récemment à l’ edtech (les technologies de l’éducation) et aux cours privés , Pékin n’a pas hésité à mettre au tapis des milliers de start-up et à quasiment réduire des licornes au rang d’associations à but non lucratif.
Mais la taille de son marché, sans équivalent à ce stade de maturité, continue d’attirer des fleurons technologiques français en devenir, comme Devialet qui estime que la Chine sera devenue sa première source de revenus à l’horizon 2024, devant la France et les Etats-Unis. « Nous visons une clientèle de foyers dont les revenus sont supérieurs à 50.000 euros par an, et il n’y a pas d’autres endroits où ils sont si nombreux », avance son PDG Franck Lebouchard.