l'accusé reconnaît finalement avoir enlevé Maëlys mais pas la volonté de la tuer


  • Le douzième jour d’audience du procès de Nordahl Lelandais a été consacré à deux rapports psychiatriques.
  • Mardi matin, Patrick Blachère, expert psychiatre, a dépeint un homme pénalement responsable, avec un risque de récidive. Nordahl Lelandais n’a ni trouble délirant, selon lui, ni schizophrénie ni hallucination mais « une intolérance à la frustration, une tendance à l’impulsivité, une personnalité hautaine, arrogante, impulsive. Sa propension à la colère apparaît évidente. » Le psychiatre affirme que l’accusé est pédophile.
  • Mardi après-midi, Paul Bensussan, expert psychiatre, a éloigné toute espoir d’avoir un jour la vérité de la part de Nordahl Lelandais. Il a lui aussi évoqué un accusé psychopathe, manipulateur, dangereux, menteur pathologique et inhérent, avec une forte probabilité de récidive.
  • À la-mi-journée, Nordahl Lelandais était revenu sur des propos qu’il avait pu énoncer vendredi  : oui il a volontairement enlevé Maëlys pour aller voir ses chiens mais non il n’a pas eu la volonté de la tuer. 

___________________________________________

17h35. Suspension. L’audience est suspendue pour la journée, elle reprendra mercredi à 9 heures. Toute la journée sera consacrée aux plaidoiries des avocats des parties civiles.

17h32. L’accusé n’a rien à ajouter. La présidente demande à Nordahl Lelandais  : « Avez-vous quelque chose à ajouter ? » L’accusé  : « Non, madame la présidente. »

l'accusé reconnaît finalement avoir enlevé Maëlys mais pas la volonté de la tuer

erreur concernant les agressions sexuelles sur les petites-cousines. L’expert demande à ce qu’on le laisse finir de répondre. Échanges vifs. L’avocat  : « C’est moi qui pose les questions. »

J’autorise

Gérer mes choix

17h23. La question du viol de Maëlys. Avant de l’interroger sur un éventuel viol de la fillette, l’avocat général, Jacques Dallest, s’interroge simplement sur ce qui peut être demandé à l’accusé si la Cour se heurte à un mur ? « A-t-on intérêt à continuer à lui poser des questions ? » L’expert répond et ruine quelques espoirs, ceux d’approcher une vérité qui peut expliquer les faits  : « La Cour est toujours intéressée par la question du pourquoi et là nous n’avons pas de réponse. » L’avocat général  : « Il a reconnu être un meurtrier d’enfant, peut-il être un violeur d’enfant ? » L’expert  : « S’il est condamné, il sera le meurtrier d’un enfant. Quant au viol, l’enjeu juridique bloque ma réponse. »

Caroline Rémond, avocate des parties civiles, questionne l’expert sur les agressions sexuelles des deux petites-cousines de l’accusé. « Il vous a dit qu’il avait filmé ses petites-cousines dans l’intention de se masturber ? » L’expert  : « Oui mais je ne sais pas s’il l’a fait. » Maitre Rémond  : « Sur ces vidéos, on voit de la salive sur le sexe de ses petites-cousines. » L’expert  : « Je ne peux pas spéculer là-dessus. Ce que l’on sait c’est que c’était érotiquement stimulant et pas seulement documentaire. »

 » – Caroline Rémond, avocate          « Sur le plan psycho-pathologique, ce serait trop violent de dire des choses qu’il n’a jamais dites. » – Paul Bensussan, expert psychiatre

 » L’expert plein de doutes  : « Sur le plan psycho-pathologique, ce serait trop violent de dire des choses qu’il n’a jamais dites. (.) Lui raconte un crime psychotique, immotivé mais cela ne tient pas sur le plan psychiatrique. Je ne vois pas comment il peut sortir de cette version. »

J’autorise

Gérer mes choix

16h35. La sexualité, la séduction, les femmes, la manipulation. Nordahl Lelandais a expliqué qu’avec les femmes, « il passait beaucoup de temps sur les sites de rencontre. Il cochait tout, voyait ce qui remontait et faisait son choix. » Et d’ailleurs la présidente interroge l’expert sur la sexualité de l’accusé et celui-ci clarifie le sujet premier, à savoir l’hétérosexualité. « À cette audience, il a reconnu une attirance pour les enfants prépubères, mais pas devant les experts. C’est d’abord un sujet hétérosexuel. » Fabien Rajon, avocat de la mère de Maëlys s’arrête un temps sur l’aspect séducteur  : « Concernant la séduction de l’accusé, pour mettre en confiance l’interlocuteur qu’en pensez-vous? » L’expert  : « Oui, il peut être touchant et séduire. » Maitre Rajon  : « Peut-il avoir cette faculté d’emprise sur ses interlocuteurs ? » L’expert  : « C’est trop fort. En expertise, tout le monde ment. Soit on lisse sa biographie, soit c’est la dramatisation, dans un but utilitaire. Manipulateur, je dirai plus cela. »

16h31. Une possible agression sexuelle dans l’enfance ? L’expert n’arrive pas à se prononcer sur un possible événement durant la jeunesse de Nordahl Lelandais. « L’accusé dit avoir été aimé et avoir eu une enfance sans histoire. Je ne peux pas spéculer sur une éventuelle maltraitance ou agression sexuelle dans son internat. »

Pour moi, sa dangerosité est criminologique, elle est élevée à long terme. » – Paul Bensussan, expert psychiatre

L’expert  : « Il nous paraissait tellement inauthentique qu’on s’est dit que la thérapie ne servait à rien. Mais aujourd’hui, je dis que pour ne pas le perdre à la sortie, il faut un suivi, donc un cadre. (.) Pour moi, sa dangerosité est criminologique, elle est élevée à long terme. Si demain il croise quelqu’un qui lui fait penser au caporal, que fera-t-il ? » À une question de l’avocat général plus tard dans l’audience, l’expert ajoute sur ce point de la dangerosité  : « Si les liens familiaux persistent, qu’il passe des diplômes en prison, il est possible d’avoir un individu moins dangereux à la fin qu’au début. Mais cela dépendra de la qualité de son introspection. »

16h17. Des hallucinations simulées. Pour rappeler les faits racontés par l’accusé, à savoir une hallucination lors des coups mortels portés à Maëlys, l’expert psychiatre explique que ce « n’est pas psychiatriquement possible qu’il soit halluciné depuis des années, comme il l’a affirmé durant l’instruction. »

« Pour le psychopathe, je suis raisonnablement pessimiste. La dangerosité persiste au long court. » – Paul Bensussan, expert psychiatre

16h01. Une vision pessimiste de l’expert. Paul Bensussan explique devant les jurés à la barre qu’il n’est pas très optimiste quant à une évolution positive de Nordahl Lelandais. « J’ai entendu que l’accusé faisait un travail sur lui en prison, je comprends que ce soit compliqué d’ouvrir son cœur devant une cour d’assises. Mais il faut lui souhaiter qu’il fasse une introspection sincère sans s’enferrer dans le mensonge. (.) Je suis un farouche adversaire de la peine de mort, car cela part du principe que la personne ne peut pas changer. Mais pour le psychopathe, je suis raisonnablement pessimiste. La dangerosité persiste au long court. »

J’autorise

Gérer mes choix

15h30. Comment établit-on le diagnostic d’un psychopathe ? Paul Benussan à la barre liste quelques points qui permettent d’établir un diagnostic fiable. Pour une psychopathie, « _il faut au moins trois critères sur les sept qui existen_t ». Et selon lui, l’accusé en a au moins six.

  1. L’incapacité à se conformer aux normes sociales ;
  2. La tendance à tromper pour son profit personnel ou son plaisir ;
  3. L’impulsivité ;
  4. L’irritabilité et l’agressivité ;
  5. Le mépris inconsidérable pour sa propre sécurité ou celle des autres ;
  6. L’irresponsabilité persistante ;
  7. L’absence de remords.

15h37. Encore d’autres qualificatifs pour cerner l’accusé. Cette fois, Paul Bensussan, l’expert psychiatre à la barre, caractérise la pathologie de l’accusé  : « bipolaire et dépression. La psychopathie, c’est l’absence d’empathie, le mensonge. C’est très proche de la maladie mentale. Le pronostic est sombre, un psychopathe ne change pas. » Le docteur fait une courte présentation de son rapport, ne voulant pas répéter ce qui a déjà été dit, notamment concernant la biographie de l’accusé. La présidente l’interroge à présent.

15h32. Mentir pour ne pas être désarmé. Même si Nordahl Lelandais a bafouillé -et c’est assez rare pour le souligner- en fin d’audience mardi avant la pause à la mi-journée, l’expert psychiatre y voit encore un mensonge. « Quand il n’a pas dit pourquoi il avait enlevé Maëlys, il a répété que c’était pour voir ses chiens. Les parties civiles ont peut-être eu un espoir, qui a été déçu. (.) Ce qu’il décrit au moment de l’agression de Maëlys, à savoir les hallucinations, c’est de la manipulation, c’est impossible. Il ne présente aucune maladie mentale mais un trouble très sévère de la personnalité. (.) Quand il dit que Maëlys l’a agressée, ce n’est pas un ‘very bad trip’ sous acide. Sinon on l’aurait retrouvé hagard, près du corps de sa victime, ce qui ne s’est pas passé. En fait, il est retombé très vite sur ses pattes avec une absence d’empathie maximale. »

« Avec l’accusé, on ne sait jamais ce qui est vrai. » – Paul Bensussan, expert psychiatre

Nous avons eu pourtant deux longues rencontres C’est un trouble de la personnalité, qui est chez l’accusé, particulièrement sévère. Tout cela au mépris des droits et des règles. Il a tendance à la duperie, à la manipulation, absence de remords et d’empathie. » 

15h11. Reprise, la cour et les jurés entrent. Cet après-midi, un dernier expert psychiatre est à la barre, le docteur Paul Bensussan. Il a 66 ans. La présidente rappelle qu’il a rédigé deux rapports. Celui pour le meurtre du caporal Noyer, le 21 décembre 2020, a été annulé car le second co-auteur n’était pas inscrit sur la liste des experts. La défense a voulu annuler également ce deuxième rapport, sur l’affaire Maëlys, datant du 21 décembre 2020, écrit avec le Pr Rouillon. Elle a échoué. C’est donc de ce rapport dont on parle cet après-midi.

13h35. Suspension. Les débats reprendront à 15 heures avec un nouvel expert psychiatre à la barre.

« Nordahl Lelandais est capable de simuler et manipuler son interlocuteur » – Laurent Boguet, avocat du père de Maëlys

13h34. Comment faire pour qu’il ne revoit pas Arthur Noyer dans les yeux de quiconque ? Patrick Blachère, l’expert psychiatre conclut son audition avec cette question  : « Quand il voit le caporal dans les yeux de Maëlys, qu’a-t-il mis en place pour ne pas revoir le caporal dans les yeux de quelqu’un d’autre ? » Nordahl Lelandais explique alors, comme il l’avait révélé lors des premiers jours de son procès, que désormais il lit des livres sur le bouddhisme. « Quand je sens la colère, je vais en prendre soin, pour l’apaiser et la maîtriser. Je veux transformer la colère en sagesse. » Brouhaha dans la salle. L’expert préfère ne pas répondre. 

13h33. « Je fais n’importe quoi ». Nordahl Lelandais se tient debout dans son box. La présidente poursuit  : « Quand vous déposez le corps dans la montagne, vous ressentez quoi ? » L’accusé répond, un peu hâbleur, avec des gestes de la main  : « Je fais n’importe quoi. » La présidente  : « Comme avec Arthur Noyer. » L’accusé toise la présidente.

13h30. « Qu’avez-vous ressenti en tuant Maëlys ? » Valérie Blain, la présidente du tribunal continue quelques questions. L’accusé lui répond en la fixant  : « À ce moment-là, je ne sais pas ce qui se passe, s’il fait jour ou nuit, qui je suis. Je suis incapable de le dire. Mes paroles sont confuses, je m’en excuse. »

13h36. L’expert psychiatre profite de cette fenêtre pour questionner l’accusé. « J’aurais beaucoup de questions à lui poser. Pourquoi, quand elle pleure, vous la frappez ? » Nordahl Lelandais revient à nouveau avec ses hallucinations  : « Quand je la vois pleurer, je vois le caporal et j’ai peur. » La présidente stoppe alors le psychiatre   : « On ne va pas faire d’expertise sauvage à la barre. »

« J’ai donné des coups volontairement mais je n’avais pas la volonté de la tuer. » – Nordahl Lelandais, accusé

13h34. Pas la volonté de la tuer, nouveau volte-face ? La présidente : « Pourquoi ? Pourquoi avoir emmené Maëlys à 2h35, alors qu’elle était à un mariage… Pourquoi vous l’emmenez ? Pour la tuer ? » L’accusé : « Non pas du tout. Je l’ai enlevée volontairement. C’était pour aller voir mes chiens. » L’accusé, bravache  : « Ma réponse ne vous plait pas, madame la présidente ? » La présidente soupire  : « Cette réponse interroge et désole. » L’accusé : « Désolé, je me suis mal exprimé. Je sais que je ne serais pas crû mais encore une fois, je le répète. C’est la vérité. J’ai donné des coups volontairement mais je n’avais pas la volonté de la tuer. Ce sont des termes juridiques. » La présidente  : « Non, monsieur Lelandais, je vous parle d’une intention de tuer. C’est ce que vous avez indiqué vendredi » L’accusé  : « Alors, je n’avais pas compris. »

« J’ai compris ce que cela voulait dire un enlèvement, la soustraire à ses parents. » – Nordahl Lelandais, accusé

13h32. L’accusé reprend la parole puis est interrogé par la présidente. Valérie Blain se tourne vers l’accusé  : « Levez-vous monsieur Lelandais. Qu’avez-vous à dire ? » L’accusé  : « J’ai bien entendu, et je vais reprendre du début. » La présidente enchaîne et improvise un petit interrogatoire  : « Vendredi soir, vous avez reconnu le meurtre du caporal et celui de Maëlys ? » L’accusé, un peu surpris  : « Euh, oui, madame. » La présidente  : « Pourquoi avoir enlevé Maëlys ? » L’accusé  : « J’ai compris ce que cela voulait dire un enlèvement, la soustraire à ses parents. » 

J’autorise

Gérer mes choix

mais secret médical, ils refusent. Dommage ? » L’expert  : « On peut toujours contourner cela en demandant la saisie du dossier. Maintenant qu’il fasse un travail remarquable en prison avec les moyens du bord, je ne sais pas. »

13h29. Les experts verraient-ils tout en noir ? C’est bien ce que reproche Alain Jakubowicz à Patrick Blachère ce mardi à la barre. « Quand il y a des éléments favorables, qu’il pleure, qu’il a un sentiment de honte et de tristesse, le 13 février 2018, vous n’en parlez pas ? » L’expert  : « Mais c’est moi qui l’ai mis en exergue dans le dossier ! Le problème c’est que très vite il retombe sur ses pieds. »

Il a passé son brevet des collèges en prison. » L’expert  : « Il y a un élément positif, car il est toujours soutenu par sa famille. » L’avocat  : « Il a réussi seul à s’arrêter de fumer. N’est-ce pas un signe favorable ? Vous me répondez que comme cela coûte cher, il fait des économies ? » L’expert  : « Sur le plan psychiatrique, cela ne veut rien dire. »

– Mona BLANCHET

13h12. Tout le monde en veut à Nordahl Lelandais. Alain Jakubowicz, l’avocat de la défense, essaie de montrer que dans le dossier on monte en épingle des événements anodins, parce que c’est Nordahl Lelandais. »Ce dossier est dramatique, mais pourquoi tous les intervenants sont-ils obligés d’en rajouter ? » L’expert tempère  : « Je suis là pour éclairer la Cour et votre client. Mais il a une curieuse façon de traduire la réalité, qui n’est pas la réalité. J’ai juste mis en valeur certains éléments relevés lors, par exemple, de son séjour en UHSA. Il ne s’agit pas de l’enfoncer. »

« Il semble que son image dégradée dans l’opinion publique l’indiffère. » – Patrick Blachère, expert psychiatre

13h04. Les actes criminels, le dur retour à la réalité. L’avocat de la défense, Alain Jakubowicz amène la question de la dangerosité de l’accusé au centre du débat  : « Sa personnalité pathologique n’entraine-t-elle pas un comportement « normal » ou maitrisé après les faits? » L’expert  : « Pendant 34 ans, il a été valorisé par sa belle voiture, ses conquêtes féminines, mais au moment des faits, il est en échec. (.) On ne retrouve pas chez l’accusé le fait qu’il n’est pas soulagé d’avoir été découvert, comme cela est le cas chez certains psychopathes. Et d’ailleurs il semble que son image dégradée dans l’opinion publique l’indiffère. » 

« Je ne suis pas là pour l’enfoncer, je ne le réduis pas à ses actes. » – Patrick Blachère, expert psychiatre

12h31. Rester loin des médias et de l’émotionnel. L’expert s’adresse indirectement à l’accusé. « C’est bien qu’il m’écoute, car c’est dommage qu’il reste enfermé dans ses mensonges, sinon, il y a un risque de réitération. Je ne suis pas là pour l’enfoncer, je ne le réduis pas à ses actes. » L’avocat insiste sur cette question de la forte prise de cocaïne lors de l’enlèvement et la mort de Maëlys  : « Je ne comprends pas pourquoi vous parler de personnalité pathologique en ce qui concerne mon client et que vous excluez totalement l’altération de son discernement et que vous dites qu’il est pleinement responsable. » L’expert  : « On ne doit pas être pollué par les médias dans cette affaire ni être dans l’émotion quand on travaille sur un tel dossier, même si on ne peut pas ne pas être dans l’empathie. Vous aussi, vous avez été touché, maître. » Ce dernier acquiesce. Patrick Blachère continue face à l’avocat  : « Le trouble de la personnalité dont souffre monsieur Lelandais ne l’empêche pas d’être pleinement responsable pénalement de ses actes. » L’avocat  : « La frontière est tout de même sur le fil. Très bien. Oublions cela. »

12h34. La cocaïne et l’alcool n’ont pas altéré le discernement de l’accusé lors de la soirée de mariage. Alain Jakubowicz amène dans les débats le sujet de la cocaïne, puisqu’on sait que Nordahl Lelandais en était un gros consommateur et qu’il en a pris le soir du 26 août 2017. « Vous n’abordez pas dans votre rapport sa consommation de cocaïne ? Cela peut-il avoir une incidence sur son comportement ? » L’expert psychiatre  : « S’il avait été sous emprise de toxique, au moment des faits, il n’aurait pas été normal en revenant au mariage. (.) Il est pleinement responsable, car il a pris de son plein gré de l’alcool et de la drogue. Mais ces toxiques ne peuvent pas expliquer son comportement criminel ou altérer son discernement. »

J’autorise

Gérer mes choix

12h30. Nordahl Lelandais dans son box sans grande réaction. Ce mardi, l’accusé porte la même chemise bleu clair que lors du premier jour de son procès. Il ne bouge quasiment pas, écoute attentivement la déposition du médecin psychiatre, Patrick Blachère qui l’a rencontré en janvier 2018.  Nordahl Lelandais n’a juste pris la parole mardi matin que pour expliquer qu’il n’avait pas été maltraité par ses parents.

 » L’avocat  : « Cela n’a pas été le cas. »

12h32. La défense tente de décrédibiliser les rapports des experts. Alain Jakubowicz relève les divergences existantes entre les différents rapports et conclusions présentées à la Cour et aux jurés. « Votre science n’est pas exacte et il est normal que les experts ne soient pas d’accord entre eux. Hier, la psychologue a bien parlé d’état dissociatif, quand l’accusé a parlé d’hallucinations. » L’expert relit la déclaration de l’accusé et dit  : « Ce qui ne va pas c’est qu’après avoir tué, il a un comportement rationnel, pour effacer les traces, pour se constituer un alibi. C’est pourquoi je ne retiens pas l’état dissociatif. » Patrick Blachère répète que selon lui Nordahl Lelandais est « borderline et psychopathe ». 

« S’il a enlevé Maëlys et que ce n’est pas pour un motif sexuel, il faudrait qu’il nous explique pourquoi il l’a fait ! » – Patrick Blachère, expert psychiatre

12h17. Le mobile sexuel, toujours et encore. Patrick Blachère, psychiatre, reconnaît le parfait contrôle de l’accusé durant l’enquête et l’instruction, et ajoute  : « l’altération du discernement est impossible. (.) Ce qui m’a étonné chez lui, c’est surtout sa capacité à retomber sur ses pattes. » Il précise aussi, sur le volet sexuel  : « Quand on est auteur d’agressions sexuelles, on reproduit sur des enfants si on n’a pas été reconnu comme victime ou si on n’a pas suivi une thérapie. » L’avocat général  : « Comment pourriez-vous qualifier l’année 2017  : deux meurtres, deux agressions sexuelles ? » L’expert  : « Il reprend sa vie normale et ne met rien en place pour éviter une récidive. Il est centré sur lui. » L’avocat général  : « Il avoue tout mais n’avoue pas d’intention sexuelle ? » L’expert  : « Cela peut être un déni, un mensonge ou la réalité. Mais il faudrait qu’il explique pourquoi il l’a enlevée. Il n’y a rien dans le dossier en matière sexuelle. (.) S’il a enlevée Maëlys et que ce n’est pas pour un motif sexuel, il faudrait qu’il nous explique pourquoi il l’a fait ! »

J’autorise

Gérer mes choix

11h30. Existe-t-il un fétichisme ? C’est ce qu’aimerait savoir Laurent Boguet, avocat de Joachim De Araujo, le père de Maëlys. Il s’interroge sur les deux mèches de la fillette, deux nattes brunes de Maëlys retrouvées à quelques mètres des ossements en février 2018. Elles auraient été coupées mécaniquement à l’aide d’un objet tranchant comme le soulignaient des experts de la gendarmerie scientifique au neuvième jour d’audience. L’avocat y voit là le « trophée d’un prédateur sexuel », un fétichisme. « Sur le plan sexuel, le fétichisme c’est réduire l’autre en objet. J’ai appris l’histoire des mèches dans la presse, mais je ne peux pas en dire plus », reconnaît le psychiatre à la barre.

11h35. Comment la récidive est-elle calculée ? Les avocats des parties civiles et la Cour tentent d’en savoir plus sur le risque de récidive. Cela n’est pas une formule mathématique et qu’une probabilité statistique. L’expert vulgarise alors sa démarche  : « Les échelles ont été créées aux États-Unis. Moi j’ai choisi l’échelle Vrag. (.) Cela m’a permis d’évaluer le degré de psychopathie du sujet. Donc on est dans un degré statistique extrêmement inquiétant, même si cela ne veut pas dire qu’il va récidiver. »

souriante.

11h13. Un risque de récidive évalué à 58% en dix ans. La présidente  : « Concernant la dangerosité de l’accusé, vous dites qu’il faut voir comment il a évolué en prison ? » L’expert  : « Il y avait un risque statistique de récidive de 58 % à dix ans, à l’époque où je le vois pour M. Noyer. » La présidente  : « L’accusé dit qu’il travaille sur lui en prison, mais que ce n’est pas suffisant. Il est à l’isolement, mais peu avant son procès, on a retrouvé dans sa cellule un téléphone portable, introduit par une amie, qu’il a connu par des courriers. » L’expert  : « Il y a une pénurie de psychiatres dans les prisons. Quant à l’incident disciplinaire, il y a un non-respect des règles. Une fois. A-t-il consommé de la drogue ? » La présidente  : « On ne sait pas. » Mais son ex-amie dit qu’elle lui en a apportée.

J’autorise

Gérer mes choix

 » La présidente  : « Il l’a reconnu. »

J’autorise

Gérer mes choix

De même, on ne dit plus psychopathe mais dyssocial. » La présidente  : « Il dit qu’il pense tout le temps au caporal ? » L’expert  : « Il ne souffre pas. Il est capable de faire la fête, d’avoir des relations sexuelles. Il ne cherche pas à mettre la société à l’abri d’une éventuelle récidive. Il ne se remet pas en cause. (.) La toxicomanie, le sexe, il s’en remplit pour échapper à sa culpabilité, d’où sa personnalité clivée. »

10h32. « Il regarde en boucle la télé où on parle de lui ». Lorsque Nordahl Lelandais passera aux aveux, le 14 février 2018, et lorsqu’il indiquera aux enquêteurs où il a déposé le corps de Maëlys, il sera hospitalisé à l’hôpital psychiatrique du Vinatier à Bron (Métropole de Lyon) dans une Unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA). « Quand il est à l’UHSA, il regarde en boucle la télé où on ne parle que de lui. Pour les autres malades, il est célèbre, mais aussi mis à part, car il a tué une enfant. Il a fait un épisode délirant fugace, comme tous les borderline. (.) Quand il est à l’UHSA, il est sous la surveillance du personnel infirmier et donc peut laisser libre cours à sa vraie personnalité. Et, souvent, il laisse éclater sa colère. »

– Valentin Pasquier

10h34. Un accusé toujours aussi dangereux qu’en 2017 ? Ce que soulèvent les experts psychologues ou psychiatres à la barre depuis lundi c’est le sur-place que semble faire Nordahl Lelandais depuis 2017, depuis sa détention préventive et son incarcération. « Je suis d’accord avec le Dr François Danet (psychiatre, ndlr) sur l’extrême dangerosité de l’accusé. S’il n’a pas évolué en quatre ans, c’est inquiétant. Pour le soigner, il n’y a pas de médicament, il n’y a que le processus thérapeutique. » Y est-il accessible ?

« Il n’a pas évolué en quatre ans, c’est inquiétant. Pour le soigner, il n’y a pas de médicament, il n’y a que le processus thérapeutique. » – Patrick Blachère, expert psychiatre

10h37. Retomber toujours sur ses pieds, nier pour ne pas souffrir. Ce que constate Patrick Blachère, ce psychiatre à la barre mardi matin, c’est bien que l’accusé a mis en place une carapace, un déni de ses actes qui lui permet de se détacher et de ne pas souffrir. « Pour évaluer un sujet, on regarde l’intelligence, les troubles de personnalité et les mécanismes de défense. Chez l’accusé, ils sont fantastiques. Il retombe toujours sur ses pieds. C’est un déni de la réalité et de l’autre. Ce qui permet de ne pas souffrir. (.) Le sujet a une capacité à être aimé mais comme il est clivé, il peut commettre des actes criminels sans se remettre en cause car l’autre n’existe pas. » La présidente du tribunal essaie donc de lier une situation connue juste après la disparition du Maëlys le 27 août 2017  : « La première personne qu’il croise, le soir du mariage, c’est la mère de Maëlys. Il lui répond à peine, comme s’il était blasé. » L’expert  : « Il est dans le déni de l’angoisse de la maman. C’est un mécanisme de défense. Pour avoir ce type de réaction, il faut avoir une personnalité très particulière et c’est ce qui est inquiétant chez Nordahl Lelandais. »

« Nordahl Lelandais fuit les responsabilités » – Laurent Boguet, avocat du père de Maëlys

10h22. Le rapport au travail et sa réinsertion un  jour ? Patrick Blachère considère que le rapport au travail, qui n’existe pas chez l’accusé, est un élément qui explique la personnalité très destructurée de Nordahl Lelandais, surtout depuis son échec à l’armée. « L’accusé ne travaille pas et comble une vie très festive, avec la drogue, cela va avec sa personnalité très borderline. Pour une éventuelle réinsertion future, il devra aussi réfléchir à son rapport au travail. (.) Si un jour, il veut retravailler, comme maitre-chien, par exemple, vu qu’il a toujours été instable dans son travail, il devra intégrer les règles et évoluer, quant à son intolérance à la frustration. »

J’autorise

Gérer mes choix

10h08. Nordahl Lelandais a-t-il été victime de violences ? L’accusé réfute cette idée et le dit. « Non, je n’ai jamais dit que j’avais reçu des coups de ceinture de mon père ou que je n’avais pas le droit de parler à table. Pas de bagarre avec mon frère, non plus. J’ai reçu des corrections mais pas de violence. » Alors Valérie Blain, la présidente insiste  : « Mais ce sont des propos rapportés par les soignants qui vous suivaient à l’hôpital psychiatrique ! » L’accusé  : « Non, je n’ai jamais dit cela. »

 » – Patrick Blachère, expert psychiatre

Je l’ai vu en 2018. A-t-il évolué ? Je ne peux le dire », reconnaît Patrick Blachère. Même pendant le procès, il continue à victimiser certains témoins (« si tu avais répondu à ce SMS, Maëlys serait toujours là »).

9h39. Hermétique aux émotions des autres. Patrick Blachère continue à la barre à décrire le comportement de l’accusé  : « Il n’a pas d’empathie mais est capable de pleurer à la mort de son chien. Il ne peut pas percevoir les émotions chez l’autre. Il est le seul à savoir que Maëlys est morte, il est hermétique à la souffrance des parents. » L’expert précise qu’il a examiné l’accusé, alors qu’on ignorait encore l’existence des films pédophiles tournés sur ses petites-cousines.

J’autorise

Gérer mes choix

9h28. Un grave trouble de la personnalité. Selon le psychiatre, Nordahl Lelandais présente « une intolérance à la frustration, une tendance à l’impulsivité, une personnalité hautaine, arrogante, impulsive. Sa propension à la colère apparaît évidente à la lecture de certains éléments du dossier. (.) L’accusé a un grave trouble de la personnalité, avec trois composantes  : borderline, dyssociale (comprenez psychopathe, ndlr) et narcissique. » Pour poursuivre, l’expert explique que l’autre est une chose aux yeux de Nordahl Lelandais  : « Il est narcissique, il utilise l’autre comme une chose, comme quand il diffuse sur internet les vidéos de ses ébats, sans le consentement de ses partenaires. Il n’a pas de culpabilité. »

« L’accusé a un grave trouble de la personnalité, avec trois composantes  : borderline, dyssociale et narcissique. »

9h26. Pas d’état dissociatif ni de stress post-traumatique, donc pénalement responsable. Le psychiatre continue  : « L’accusé raconte qu’il a eu des hallucinations lors de la mort de Maëlys et qu’il a entendu des voix quand il était sur un chantier. Il nous dit qu’il est schizophrène. C’est une affabulation. Mais ce qui est probable c’est un état dissociatif. » Ces troubles dissociatifs regroupent un ensemble de troubles psychiatriques caractérisés par la survenue d’une perturbation touchant la mémoire, la conscience et/ou l’identité. « En général, la dissociation est le fait des victimes, en état de sidération. Mais cela est possible chez des auteurs de crimes. Comme cette femme, que j’ai examinée, qui a roulé avec sur son capot le corps d’un cycliste qu’elle venait de renverser. » L’expert poursuit son raisonnement et finit par écarter un état dissociatif possible de l’accusé, car après l’acte, il dissimule son crime. non plus. Il est donc pénalement responsable (il ne voit pas dévolution entre avril 2017, là où il était pénalement responsable de la mort d’Arthur Noyer, et août 2017 au moment de la mort de Maëlys).

9h20. Un récit trop lisse qui éveille les doutes. Le psychiatre a examiné l’accusé en janvier 2018 dans le cadre du meurtre du caporal Noyer.  Il a été le premier psychiatre à le rencontrer. Il a un doute quand Nordahl Lelandais lui fait un récit lisse, trop lisse, de son enfance, par rapport à sa personnalité. « En 1999, il a 16 ans, il est poursuivi pour de petits vols. Il a raconté à un médecin qu’il avait subi des maltraitances de la part de ses parents, mais n’en parle pas car ils viennent le voir en prison et il ne veut pas les mettre à mal. (.) « L’accusé a raconté que dans le bureau de son père, qui se revendique des Vikings, se trouve un bocal avec un fœtus humain, conservé dans le formol. Je ne sais pas si c’est vrai. »

9h11. L’audience reprend. La présidente appelle le premier témoin de la journée, un expert-psychiatre, Patrick Blachère. 

ALLILI MOURAD

8h30. L’audience du jour va débuter à 9 heures. Ce mardi, de nouvelles expertises sont au programme du douzième jour d’audience. Nordahl Lelandais est poursuivi pour l’enlèvement, la séquestration et le meurtre de Maëlys, ainsi que les agressions sexuelles de deux petites-cousines, et la détention d’image pédopornographique. Le verdict est attendu vendredi 18 février.

8h33. Responsable, pas délirant, pédophile. Deux points très importants  : Nordahl Lelandais a été décrit lundi comme responsable de ses actes, sans trouble délirant ni hallucinations, et il existerait bien un « trouble pédophilique ». Cela attesterait donc un motif sexuel dans l’enlèvement, la séquestration et le meurtre de Maëlys. À l’issue de l’audience lundi soir, Nordahl Lelandais a expliqué  : « J’ai bien compris qu’il fallait faire un long travail, qu’il fallait que je reprenne depuis le début. Je m’y engage, j’ai déjà commencé. »

« J’ai bien compris qu’il fallait faire un long travail, qu’il fallait que je reprenne depuis le début. Je m’y engage, j’ai déjà commencé. » – Nordahl Lelandais (lundi 14 février 2022)

8h34. Le profil de l’accusé. Nordahl Lelandais a été dépeint comme un « psychopathe », « pervers narcissique », « mythomane », « imperméable à la culpabilité », manipulateur, sans affect. D’intelligence normale, il s’accommode d’un sentiment de « toute-puissance » et de contrôle. Il rejette la culpabilité sur les autres. Les trois experts lundi ont aussi évoqué un processus d’annulation, une sorte d’auto-négation  : « ses victimes sont annulées, oubliées, cachées. » Nordahl Lelandais est aussi vu comme un chef de meute, très proche de ses chiens, quasi animal.

8h24. Retour sur la onzième journée de procès. Lundi, alors que le procès entame sa dernière semaine, trois experts (deux psychologues et un psychiatre) se sont succédés à la barre pour tenter d’apporter des réponses quant aux agissements de l’accusé, dire aussi s’il existe une pathologie et comment elle pourrait évoluer avec les années. 

8h20. Bonjour et bienvenue sur ce direct. Nous sommes ensemble toute la journée depuis Grenoble pour suivre le procès de Nordahl Lelandais devant les Assises de l’Isère.

___________________________________________

/li>

Nos articles incontournables sur l’affaire Lelandais