Le pass sanitaire ? « Une bonne mesure qui doit être appliquée progressivement » – Rennes


Député d’Ille-et-Vilaine, membre du groupe PS à l’Assemblée, vous allez devoir vous prononcer la semaine prochaine sur le dispositif législatif élargissant le pass sanitaire et instaurant l’obligation vaccinale des soignants, dans la foulée des annonces du président de la République. Quel est votre état d’esprit ?

Je suis favorable au pass sanitaire. Je pense que, seule la vaccination peut nous sortir de la crise, préserver la santé des Français et nous permettre de dresser des perspectives d’avenir. Néanmoins, nous nous posons beaucoup de questions sur les modalités d’application des mesures prévues dans l’avant-projet de loi (présenté en conseil des ministres lundi, à retrouver ici). À ce stade, nous ne voterons pas ce texte si ces réserves ne sont pas levées.

Quelles sont ces réserves ?

Il y a d’abord la question du devenir des soignants qui n’auront pas été vaccinés d’ici le 15 septembre. Ils risquent de perdre leur travail. Nous souhaitons avoir des réponses sur leur sort. Nous nous inquiétons également car on manque déjà de personnels soignants.Ensuite, nous nous interrogeons sur le cas des personnes qui ne peuvent être vaccinées pour des raisons médicales. Que vont-elles devenir ?Il y a aussi le cas des gens qui n’ont pas été en mesure de se trouver un créneau de vaccination. Dans ma commune, à Montfort-sur-Meu, les délais pour prendre un rendez-vous se sont allongés jusqu’à la fin août. C’est difficile de prendre des mesures d’exclusion, si on n’a pas assez de créneaux pour vacciner les gens dans les temps. Enfin, on s’interroge sur les contrôles. Qui va s’en charger ? Comment va-t-on appliquer ces mesures ? On ne pourra pas contrôler tout le monde.

Vous avez donc des doutes sur le calendrier de mise en place ?

Encore une fois, je pense que le pass sanitaire est une bonne mesure. Son application doit néanmoins être progressive. Il faut éviter d’exclure trop de monde.Là, ça va très vite. C’est d’autant plus brutal que tous les freins ont été levés très rapidement, comme le port du masque obligatoire dans les rues par exemple. Cela s’est vu avec les spectateurs du Tour de France, par exemple. Lors de l’Euro aussi. J’ai interrogé le préfet d’Ille-et-Vilaine pour savoir si les supporters qui ont suivi les matchs dans des stades bondés seraient testés à leur retour en France. Il m’a répondu que les contrôles seraient aléatoires pour éviter d’engorger les aéroports. Quelques semaines après ça, on va contraindre les gens à présenter un pass sanitaire pour aller boire un café. C’est brutal.

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