L’ex-patron de la BNS critique les sanctions suisses contre la Russie


La Suisse vient d’annoncer qu’elle reprenait en grande partie le 5e paquet de sanctions de l’UE contre la Russie. Philipp Hildebrand estime que la Suisse manque de neutralité.

Philipp Hildebrand estime que la neutralité suisse a été très rapidement sapée.

L’ex-patron de la BNS critique les sanctions suisses contre la Russie

Le Conseil fédéral a annoncé mercredi qu’il allait reprendre le 5e paquet de sanctions de l’Union européenne contre la Russie, évoquant des «signes évidents d’atrocités commises dans la localité de Boutcha». Mais l’ex-patron de la Banque nationale suisse, Philipp Hildebrand, se montre très critique envers cette décision. Selon lui, «la neutralité a été très rapidement sapée, et ce sans modification de la Constitution et sans base juridique claire».

Selon lui, cela affecte aussi bien la place financière suisse que ses possibilités de «bons offices».Était-ce une erreur que Berne reprenne si vite les sanctions de l’UE? «Ce qui me préoccupe, c’est l’arbitraire juridique avec lequel on a parfois procédé», répond-il dans une interview accordée au journal économique Handelszeitung. «Qui décide quels comptes doivent être fermés – ce qui oblige les entreprises à fermer parce qu’elles n’ont plus accès aux banques et ne peuvent plus payer les salaires? Qui décide qui est proche de Poutine?» questionne-t-il.

Grande inquiétude des clients suissesCelui qui est aujourd’hui le vice-président depuis 2012 de BlackRock, soit le plus grand gestionnaire de fortune du monde, perçoit désormais une grande inquiétude chez les clients des banques suisses. «Ceux-ci ont compté pendant des années sur la constance, la sécurité juridique et la fiabilité à long terme de la Suisse», explique-t-il au journal économique. Il s’inquiète aussi de la résurgence de la «superpuissance américaine».

L’ex-patron de la BNS déconseille désormais au Conseil fédéral de reprendre les prochaines sanctions de l’UE. Selon lui, il faut que la Suisse, «en tant que ‘’petite économie ouverte’’ réfléchisse attentivement à la manière dont elle entend se positionner dans ce monde», explique-t-il. D’autant que «nous sommes actuellement dans l’un des moments les plus dangereux depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, surtout quand on est au cœur de l’Europe», estime-t-il.

Pour rappel, la question de la neutralité a elle aussi été au cœur de l’assemblée des délégués UDC, le week-end dernier. Son président, Marco Chiesa, a accusé les autres partis de vouloir détruire la neutralité et déploré que le Conseil fédéral applique les sanctions européennes contre la Russie.