Le procès, qui s’est ouvert le 26 octobre dernier, doit se poursuivre jusqu’au 10 novembre. Si les deux accusés du meurtre de Mireille Knoll, vieille dame de confession juive poignardée chez elle en 2018 à Paris, présentent des troubles de la personnalité et des addictions, leur responsabilité pénale est « entière », selon un expert psychiatre entendu mercredi 3 novembre aux assises.
L’addiction ancienne et tenace des deux hommes, à l’alcool notamment pour Yacine Mihoub qui dit « bien aimer planer », et au crack entre autres pour Alex Carrimbacus, revient régulièrement dans les débats.
Il est notamment question de Porto consommé dans l’appartement de la victime juste avant le meurtre. Pour autant, « il n’y a pas lieu de retenir une altération du discernement », a assuré mercredi un expert psychiatre entendu par la cour.
Le meurtre de Mireille Knoll, tuée de 11 coups de couteau et en partie brûlée dans son logement social, avait suscité un vif émoi, d’autant plus qu’un an auparavant Sarah Halimi, sexagénaire juive, était défenestrée par un jeune homme à Paris.
Au sujet de ce dernier, des experts avaient conclu qu’il était au moment des faits en proie à une « bouffée délirante », liée probablement à une forte consommation régulière de cannabis, et de fait irresponsable pénalement, ce qui a entraîné l’impossibilité d’un procès et des débats encore brûlants aujourd’hui.
De l’alcool au quotidien et 96 euros de crack par jour
Dans l’affaire Knoll, la question de l’irresponsabilité semble vite balayée. « Sa responsabilité pénale est totale, il n’y a pas de débat sur cette question-là », a indiqué le psychiatre au sujet de Yacine Mihoub, 32 ans.
Ce fils de l’une des voisines de Mireille Knoll connaissait bien la vieille dame, avec qui il conversait souvent et qu’il aidait, enfant, à faire des courses en échange d’argent de poche.
Est-ce que l’alcool aurait modifié son comportement le jour du meurtre ? « Je ne suis pas certain » car la consommation est une « habitude chez lui », il en consomme « quotidiennement », explique le psychiatre. Selon lui, l’accusé disposait de sa pleine conscience et sa vigilance n’a pas été altérée.
comme le rapporte par ailleurs une psychologue devant la cour, et dépensait un temps « 96 euros » en crack par jour.
Une tendance victimaire et une dépendance affective
Pour autant, le même tempérament impulsif, les mêmes difficultés à se contrôler et à accepter la soumission marquent les trajectoires de ces deux hommes, jalonnées de violences, de carences affectives et de viols dès l’enfance.
Concernant Yacine Mihoub, son trouble de la personnalité se construit « dans la petite enfance », avant même le viol subi en internat à 12 ans, détaille le psychiatre. Il évoque des « changements émotionnels brutaux », « une susceptibilité qui fait qu’il ne faut pas grand-chose », une humiliation ou contrainte, pour « déclencher une sur-réactivité ».
Les experts décrivent aussi une « tendance victimaire ».
Il a une « façon de reporter la faute sur l’autre ? », demande Julien Charle, avocat des petits-enfants de Mireille Knoll. « Complètement », répond le psychiatre. L’intéressé qui nie le meurtre, reste impassible, tête baissée.
Son co-accusé, qui lui tourne le dos dans le box, regard fixe vers le président, nie également avoir porté les coups. Il est, lui, décrit comme impulsif, violent, « quelqu’un qui va essayer de se coller à quelqu’un d’autre », résume le psychiatre. « Il a une dépendance qui fait qu’il a plutôt tendance à suivre », confirme la psychologue.
Sa dépendance affective s’est résumée mercredi à ce regard lancé à sa mère convoquée à la barre.
Au moment où entre celle qu’il n’a pas revue depuis 2016, avec qui il n’a presque pas grandi puisqu’il était la plupart du temps placé, il tourne la tête, cherche son regard. Elle raconte à la cour comment elle était souvent « à bout », comment elle « grondait » et « punissait » ce garçon qui « demandait à être tout le temps avec (elle) et ne l’était pas ».
Le tout sans un regard pour son fils.
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