magistrats. Ils racontent à BFMTV les mois de traque pour mettre la main sur les deux terroristes des commandos du 13-Novembre, Abdelhamid Abaaoud et Salah Abdeslam.
La traque du siècle
magistrats Ils livrent leur récit de ces longues semaines dans la série documentaire La traque du siècle, diffusée ce mercredi soir sur BFMTV et disponible en replay sur RMCBFMPlay. »C’est une course contre la montre, effectivement parce que vous imaginez la traque, la pression des ministères, des administrations, du politique », commente François Molins, l’ancien procureur de la République de Paris. « Tout le monde a conscience du potentiel de dangerosité des gens qui sont dans la nature. Donc effectivement, c’est une angoisse permanente de passer à côté de quelque chose ou de mal faire. »
De délinquant à terroriste
La traque de Salah Abdeslam débute le 14 novembre 2015 à 6 heures du matin. C’est à cette heure précise que les autorités belges apprennent l’identité de ce Franco-belge de 26 ans. L’information va remonter 5 heures plus tard à la cellule de crise française qui gère les attentats, vers 11 heures du matin.Quelques heures plus tôt, Salah Abdeslam n’est en effet qu’un simple délinquant de droit commun en Belgique. La découverte d’un véhicule suspect immatriculé en Belgique et stationné devant le Bataclan, porte passager avant ouverte, juste après les attaques, met les polices européennes sur sa trace. »Je suis contacté par texto par François Molins, que je connaissais, et qui me dit ‘Frédéric, j’aurai besoin de ton aide parce que c’est du belge' », raconte Frédéric Van Leeuw, procureur fédéral belge. « Quand il me dit c’est du belge, je lui demande ‘oui, comment tu sais?’ Alors là effectivement, il me répond qu’il y a une voiture immatriculée en Belgique et il me transmet le numéro de la plaque et on le fait effectivement vérifier. Alors la réponse est assez vite transmise. » Le véhicule a été loué.Paris et Saint-Denis viennent d’être frappés par les attaques les plus meurtrières jamais commises en France. Salah Abdeslam a lui déposé les trois kamikazes du Stade de France puis a abandonné son véhicule dans le XVIIIe arrondissement de la capitale. Il va passer la nuit à Châtillon, dans la banlieue sud. Il achète un sandwich au McDo puis se rend dans la cage d’escaliers d’un immeuble où il passe une partie de la nuit avec un groupe de jeunes. À ce moment-là, personne ne sait qu’il est le terroriste que tout le monde recherche. »Il a un accent belge, il a une coupe dégradée avec du gel, il a une grande doudoune », se souvient un jeune présent cette nuit-là dans cette cage d’escaliers. « Il avait des grosses cernes, donc je me suis dit qu’il était pas mal fatigué. On a regardé des vidéos sur Twitter… C’était la vidéo où on entend les coups de feu au Bataclan. Il n’avait pas d’émotion particulière, il regardait ça. Il disait que c’était triste. »
Contrôlé à trois reprises le soir des attentats
que son frère Brahim est mort une BD-enquête sur les attentats ce sont des terroristes potentiels »/h2> Les trois hommes ont les yeux rouges Le 14 novembre la RTBF Une fois la frontière passée, Salah Abdeslam s’évanouit dans la nature.
La double traque
. ses baskets orange. À ce moment-là, personne ne pense qu’Abdelhamid Abaaoud peut se trouver en France.
Le coup de fil décisif
Ça, c’est effectivement quelque chose qui va agiter l’ensemble des services de renseignement et de police pendant des jours, pendant plusieurs jours. »Sonia est toutefois convoquée à Levallois-Perret, au siège de la Direction générale de la Sécurité intérieure. Elle subit une fouille « pour la bonne cause, pour éviter d’autres victimes », dit-elle. La jeune femme explique qu’elle héberge Hasna Aït Boulahcen, qui se révèle être la cousine d’Abdelhamid Abaaoud, et que cette dernière a reçu un coup de téléphone de la Belgique pour se rendre près d’un rond-point rue des Bergeries à Aubervilliers. « Elle explique qu’elles sont allées là-bas, arrivées sur les lieux, elles ont vu sortir deux hommes de derrière des buissons, de nulle part », poursuit l’ancien procureur de Paris. Ça paraît absolument incroyable ! »Sonia raconte aux enquêteurs sa conversation avec l’homme : « C’est là qu’il me décline son identité, ce qu’il a fait, ce qu’il compte faire. Et je lui dis ‘vous avez tué des innocents’. Il me dit: ‘non, c’est la guerre’. » Elle affirme qu’Abaaoud lui confie également vouloir attaquer d’autres cibles: une crèche, un centre commercial et un commissariat.
Abaaoud localisé
est alors mise en place autour de ce buisson – une sorte d’igloo végétal près de l’autoroute A86, selon les enquêteurs. Le 17 novembre 2015, Abaaoud est filmé sortant de ce buisson en compagnie d’un complice. Ils vont être suivis par les enquêteurs jusqu’à la rue du Corbillon, à Saint-Denis. »Je préviens le président de la République qu’une opération de récupération de ce terroriste, de neutralisation de ce terroriste va être engagée », rappelle Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur de l’époque. « Quand je dis neutraliser, c’est à l’arrêter, et à l’interroger et à être jugé. » « Donc tout au long de la nuit, il me donne ce qu’il sait », complète François Hollande. « C’est-à-dire qu’on écoute, on entend des voix, on a parfaitement reconnu Abaaoud. Et l’assaut peut être donc décidé. »Le 17 novembre au soir, les hommes du Raid reçoivent une alerte sur leur bipper pour qu’ils reviennent au service. Un briefing est rapidement organisé. « Ce qu’on décide en termes opérationnels, c’est de casser la porte à l’explosif, de faire exploser la porte, pour créer à la fois l’ouverture et la sidération et de rentrer rapidement pour aller interpeller les trois terroristes », explique Jean-Michel Fauvergue, l’ancien patron du Raid. L’idée est d’intervenir pendant leur sommeil, pour créer un effet de surprise. »Il y avait une grosse concentration, il y avait clairement une certaine pression, parce que c’était quand même quatre jours après les attentats », se souvient Flo, chef de colonne du Raid. « Tout le monde a conscience qu’il est peu probable que ça se passe bien. On sait qu’en face, les gens, il est peu probable qu’ils se laissent interpeller. Voilà, donc, on réfléchit à tout ça. »
L’assaut du Raid
Ils montent les escaliers Ils sont interrompus par des coups de feu tirés depuis l’intérieur du logement. Les hommes du Raid répliquent. « Et cette fusillade, de la part du Raid en tout cas, elle sert à maintenir à distance les terroristes », explique Jean-Michel Fauvergue. La première phase de l’assaut va durer 10 minutes. »Le chien est envoyé dans l’appartement, prend le couloir, il disparaît dans une chambre. et il est abattu. Il est abattu, et donc, on sait qu’il y a au moins un terroriste vivant », se rappelle l’ancien patron du Raid.S’en suit à 5h36 une forte explosion. L’un des terroristes vient d’activer sa ceinture explosive. Abdelhamid Abaaoud, Hasna Aït Boulahcen et Chakib Akrouh meurent dans l’explosion.
La vie en cavale
Le Franco-belge s’est réfugié dans une planque avec Mohamed Abrini « On regardait la télé, on voyait le récit des crimes qu’on venait de commettre. Il y en avait un qui jouait à la Playstation. Il y a juste un membre qui sort faire des courses. Et c’est Salah Abdeslam qui va être le préposé à la cuisine. » Les terroristes préparent d’autres attaques.
Le jeu de piste se met en place
« Ça a été un énorme jeu de piste effectivement avec plusieurs fils qu’il fallait tirer » une commune de Bruxelles un terroriste est atteint mortellement. Salah Abdeslam, qui était retranché dans l’appartement, prend à nouveau la fuite. Dans sa course, il perd son téléphone dans lequel se trouvent tous ses contacts. »Il ne sait plus où aller, on sait qu’il est passé dans plusieurs planques mais en tout cas, il ne sait pas contacter ses complices », explique le procureur fédéral belge.
La dernière planque d’Abdeslam
détaille Cécile Ollivier
Abdeslam « soulagé » d’être arrêté?
« Il avait déjà prévu une échelle dans la courette sombre, et au bout du couloir, une ombre. »Tout à coup on ne sait pas pourquoi, il avance, il obtempère et il veut sortir de ce couloir, les bras levés », raconte Lio. « Et il sort, quand il arrive sur le pas de la porte, il fuit, il part à gauche. » « Et là il se fait tirer », poursuit-il.Salah Abdeslam est touché à la jambe. »Très vite, au moment où on leur porte les premiers soins, il confirme lui-même qu’il est Salah Abdeslam », se souvient le procureur fédéral belge. Une équipe de secours est appelée sur place. « On se dit ‘si c’est l’un des organisateurs de ces attentats de Paris, ça doit être quelqu’un de puissant, ça doit se montrer sur son visage, ça doit être quelqu’un de fort’ « , commente Marie-Astrid De Villenfagne, médecin urgentiste au CHU Saint-Pierre de Bruxelles et co-auteure d’Urgence Attentats. »Il était plutôt le dos courbé, le regard fuyant, donc oui c’est ça, c’est quelqu’un, un jeune comme les autres, finalement », s’étonne-t-elle. » Je pense que pour lui aussi, c’est un soulagement que cette cavale s’arrête là. », abonde Lio.Depuis, Salah Abdeslam a très peu parlé à la justice. Les proches des victimes n’en attendent pas beaucoup durant le procès des attentats du 13-Novembre. « Au départ, rien ne prédestinait à ce qu’il devienne cet assassin en puissance qui ne parle pas, qui ne s’exprime pas. Je voudrais pouvoir le voir, je ne suis pas sûre qu’il soit utile que je lui parle », conclut Nadine Ribet-Reinhart, la mère de Valentin, mort sous les balles des terroristes au Bataclan le 13 novembre 2015. >> « La traque du siècle » : regardez l’intégralité de la série documentaire sur RMCBFMPlay