La délicate question de la monnaie sur les chèques-repas


Depuis fin octobre, les boulangeries Fischer ne rendent plus la monnaie à leurs clients lors d’un paiement via chèques-repas (ou titres-restaurant). Le siège de l’entreprise confirme cette nouvelle pratique, mais en l’absence de la CEO, personne n’a souhaité expliquer le pourquoi du changement. D’application, parfois depuis bien plus longtemps, dans des restaurants, cela était plus rare dans les boulangeries vendant des sandwichs, plus économiques qu’un plat à 10,80 euros, plafond maximal des chèques-repas.«La loi de 1986 ne précise pas si le commerçant doit rendre l’argent», analyse l’association Vialux (pour Vouchers issuers association). Mais «l’usage veut qu’ils ne puissent pas être échangés contre du liquide afin de préserver leur affectation alimentaire».Le chèque-repas n’est pas fait pour que le client encaisse de l’argent, mais se restaure.François Koepp, CEO, Horesca«Le chèque-repas n’est pas fait pour que le client encaisse de l’argent, mais se restaure. La loi dit un par personne par jour», appuie François Koepp, CEO de la fédération Horesca. Qui estime que les clients mécontents de Fischer peuvent «acheter un sandwich et un pain et ils auront leur compte».

Remboursement intégral ou à partir d’un seuil

et Edenred Vialux ne dispose d’ailleurs pas de cette donnée.

La délicate question de la monnaie sur les chèques-repas

Des pratiques différentes aussi dans les restaurants

dans la capitale, par exemple. «Si j’accepte deux titres à 10,80 euros et que je rends cinq euros, je paie une commission de 2,5% aussi sur ces cinq euros», calcule son responsable, Kefah Bader Aldin. «À la fin de l’année, on peut arriver à des ‘pertes’ de 3 à 5.000 euros».«Nous perdons de l’argent à chaque titre encaissé, que nous rendions ou non la monnaie», dit pour sa part Tom Steffen, CEO de Steffen. 2,5% de commission sur un chèque de 10,80 euros correspondant à 27 centimes à payer au fournisseur, qu’on rende un ou neuf euros.Dans ses restaurants ou points de vente à emporter, Steffen accepte donc les chèques-repas «à partir d’un achat d’au moins la moitié de sa valeur» pour pouvoir rendre la monnaie. L’objectif : «rester concurrentiels et flexibles».Par ailleurs, les restaurateurs doivent compter un délai entre le moment où ils reçoivent le chèque-repas et celui où leur fournisseur les rembourse. Il faut compter cinq jours ouvrés en formule classique et 48 heures en express, affirme Sodexo. Certains établissements parlent cependant de 15 jours.«Nous encaissons les titres plusieurs fois par semaine», explique encore Tom Steffen.

Un projet de loi qui se fait attendre

Combien de restaurants acceptent de rendre la monnaie sur les chèques-repas? L’Horesca ne peut le dire. La diffusion des chèques digitaux pourrait permettre d’éluder la question. L’option se développe, même si le nombre de cartes en circulation n’est pas connu.  En son temps, Sodexo n’avait pas souhaité le communiquer. Interrogée, Vialux (dont la présidente est la responsable de Sodexo BRS Luxembourg) n’a pas non plus de chiffres à communiquer à ce sujet.D’autres problématiques entourent les titres-restaurant. Comme le fait qu’on peut acheter des articles non alimentaires en grande surface avec, voire faire le plein d’essence dans certaines stations. La loi prévoit aussi l’utilisation d’un seul ticket par jour, soit une dépense maximale de 10,80 euros. Même si dans les faits, de nombreux établissements acceptent le cumul de titres. Dès lors, quel plafond autoriser avec une carte numérique?Une modernisation de la loi, devant notamment répondre à ces interrogations, était attendue pour 2022 et annoncée dans l’accord de coalition 2018-2023. Elle est «toujours en cours de rédaction au sein de l’administration des finances», indique Vialux. La Chambre des députés, pour sa part, confirme n’avoir reçu aucun projet de loi sur le sujet. Interrogé, le ministère des Finances affirme qu’«il est prévu de finaliser les travaux dans les mois à venir».