L’Asie n’a pas échappé aux conséquences sociales de l’épidémie. Selon un rapport de la Banque Asiatique de Développement (ADB), à la fin de l’année 2020, il y avait « 75 à 80 millions » de personnes de plus en situation d’extrême pauvreté dans le continent du fait de la pandémie. Telle que définie par la Banque Mondiale, la pauvreté extrême revient à vivre avec moins de 1,9 dollar par jour.
D’après l’étude, sans la pandémie de covid-19, il y aurait eu 104 millions de personnes dans l’extrême pauvreté en Asie en 2020, et 732 millions d’autres en situation de pauvreté – soit vivant avec moins de 3,2 dollars par jour -, pour un continent de plus de 4,5 milliards d’habitants.« Alors que les répercussions socio-économiques des politiques de lutte contre le virus continuent de se faire sentir, les personnes ayant déjà du mal à joindre les deux bouts risquent de basculer dans la pauvreté », prévient le rapport.
Dynamique enrayée
La pandémie vient ainsi enrayer une dynamique de réduction de la pauvreté bien engagée dans la région , qui abritait 80 % des personnes en situation d’extrême pauvreté dans le monde en 1990.
Il y a vingt ans, 1,5 milliard d’Asiatiques vivaient avec moins de 1,9 dollar par jour. Cette proportion est tombée à 1,2 milliard de personnes en 1999, puis à 202 millions en 2017. A cette date-là, la part de l’Asie dans la pauvreté extrême était revenue à moins de 30 %.
Alors que le continent – qui représentait 35 % du PIB mondial en 2019 – a connu sa première année de récession depuis 60 ans, la situation s’est progressivement détériorée sur le front de l’emploi. Sur les 23 pays pour lesquels le rapport avait des données, 21 ont vu leur taux de chômage grimper entre 2019 et 2020, et dans plus d’un tiers des économies, le chômage s’est envolé de plus de 20 %, comme aux Philippines ou à Hong Kong, où il a plus que doublé d’une année à l’autre.
Les dépenses de santé, gage de sécurité
Cette évolution vient renforcer la prévalence de l’emploi informel, représentant toujours plus de la moitié des emplois dans 14 pays de la région, et aggravé les inégalités entre les villes et les campagnes.
En Birmanie, le taux d’extrême pauvreté rurale est huit fois supérieure au même taux en ville.Si le choc a été conséquent pour tous les pays de la région, le rapport stipule que les économies ayant les meilleurs systèmes de santé ont relativement mieux performé durant la période. La région accuse toutefois encore du retard à ce niveau : en 2019, seulement 5 des 35 pays étudiés dans la région Asie-Pacifique dépensaient plus de 4 % de leur PIB dans la santé, tel que recommandé par le programme Education 30 de l’UNESCO.
« Notre région a besoin d’une approche de développement centrée sur l’humain pour garantir que la reprise économique ne laisse personne sur le côté », conclut l’étude.