La proposition des Gréng laisse DP et LSAP perplexes


«C’est une proposition raisonnable, mais il ne faut pas saboter la tripartite», juge le chef du groupe parlementaire LSAP,

Yves Cruchten

au lendemain de la

proposition de déi Gréng d’une aide ponctuelle

de 1.000 euros pour les ménages qui en ont besoin.

La proposition des Gréng laisse DP et LSAP perplexes

En embrayant directement après l’annonce d’une

forte hausse du prix du gaz au 1er octobre

déi Gréng a semblé vouloir couper l’herbe sous le pied de ses partenaires de coalition,

qui s’en remettaient à la tripartite en cours

pour trouver des solutions.

Cette prise de position n’a d’ailleurs pas été du goût de ceux-ci. «Les négociations se font dans les bons endroits, pas dans les médias», juge ainsi le député

Max Hahn

(DP). «Et le bon endroit, c’est la tripartite, c’est ainsi que le dialogue fonctionne. En tant que politique, ce n’est pas le moment de dire ‘nous voulons ceci ou cela’ et d’essayer d’en sortir gagnant. Ce n’est pas ainsi qu’on aide le pays et les gens.»

«Ce n’est pas le moment de dire ‘nous voulons ceci ou cela’ et d’essayer d’en sortir gagnant. Ce n’est pas ainsi qu’on aide le pays et les gens», estime Max Hahn.

Matic Zorman/Maison Moderne)

Même tonalité du côté du LSAP : «Nous sommes en plein milieu de la tripartite et toutes ces questions doivent y être traitées», estime ainsi Yves Cruchten. «Pourquoi une tripartite si nous prenons des décisions avant? C’est la raison d’être de ce modèle, auquel je tiens. Ce n’est pas le moment de tirer dans toutes les directions.»

Rassurer la population

«Nous avons organisé notre rentrée politique en avance pour réagir à une situation exceptionnelle, l’un des plus grands défis depuis la Seconde Guerre mondiale», se justifie le co-président déi Gréng,

Meris Sehovic

«Les gens font face à des nouvelles sur les hausses des prix, la population est dans une grande incertitude, donc il est important de donner un signal. Notre préoccupation est de répondre à une crainte existentielle et de rassurer la population.»

D’autant que, pour Meris Sehovic, la crise actuelle comporte deux aspects: une crise générale de l’inflation, à laquelle la tripartite doit répondre, et une crise énergétique, caractérisée par les défis en matière d’approvisionnement et de flambée des prix. Or, pour faire face à cette dernière, «il faut réagir très vite». D’où l’espoir que le gouvernement s’entende lors de son prochain Conseil vendredi et élabore un projet concret à court terme.

Mais la nécessité d’une action rapide ne semble pas un argument suffisant pour le DP et le LSAP. Si elle doit être «bien préparée» avec des «chiffres fiables et vérifiables», comme l’ont réclamé les syndicats, la tripartite ne devrait pas non plus «s’éterniser», selon Yves Cruchten, pour qui il reste important de ne pas «brûler les étapes».

Dans la bonne direction

«Les personnes au sein de la tripartite sont tout à fait conscientes de la situation actuelle et de la nécessité d’agir très rapidement», assure Max Hahn. D’ailleurs, la prochaine réunion bilatérale, prévue le 14 septembre, «va venir vite».

Toutefois, au-delà de ces critiques sur la forme, la proposition des Gréng n’est pas si mal accueillie sur le fond par ses partenaires de coalition. «Le DP est très conscient que nous devons faire des efforts pour les petits revenus et au-delà, ainsi que pour les entreprises», considère Max Hahn.

«Je suis d’avis que toutes les idées sont bienvenues et cette proposition n’est pas farfelue, elle va dans la bonne direction», juge de son côté Yves Cruchten, même si elle aurait dû être formulée «au sein de la tripartite». Reste à savoir comment elle sera accueillie demain lors du Conseil de gouvernement. Le Premier ministre,

Xavier Bettel

(DP), et le ministre de l’Énergie,

Claude Turmes

(déi Gréng), tiendront d’ailleurs une conférence de presse vendredi après ledit Conseil de gouvernement, lors de laquelle des annonces pourraient être faites.