le vrai visage de Salah Abdeslam, intérimaire de l’Etat islamique


sous des dehors bavardsh2>Des failles qui sautent aux yeux

avaient été dopés « à l’insu de leur plein gré ». Plus tard, surtout, il se lance dans un exposé décousu sur « l’islam n’a pas aboli l’esclavage en a amélioré la condition  ! », qu’il achève par une promotion désordonnée de la charia.Dans la tête de Salah Abdeslam  : « Il a fait le choix de la déshumanisation », analyse une expertiseEn fin de journée, à l’occasion des questions posées par les parties civiles, les failles de Salah Abdeslam sautent aux yeux. Chemise blanche, masque de la même couleur, phrasé assez dense et volonté manifeste de répondre, le principal accusé se tient, à cet instant, encore debout dans le box, attendant les questions à la file. A cet instant, il a déjà mis en avant son statut de « combattant de l’Etat islamique » et admis avoir choisi le 13 novembre de ne pas déclencher son gilet explosif. Une avocate des parties civiles, Claire Josserand-Schmidt se lève. Selon la formule consacrée, elle veut « comprendre », mais son questionnement va amener Salah Abdeslam à changer de ton. « Il manque une étape dans votre parcours, interroge-t-elle  : c’est l’instant du passage d’une pratique très modérée à un combat djihadiste qui est un parcours ultime de l’islam. On oppose parfois le djihad du cœur au djihad du sabre. Pourquoi ne pas commencer par le djihad du cœur ? Comment aller vers une religion qu’on a si peu approfondie ? Quelle est la raison ? »

« J’ai peur de Dieu, j’ai peur de l’enfer »

notamment à cause de son frère Brahim, parti lui effectuer un court séjour en Syrie en février 2015. Il confie que « quand rentrait le soir chez , il arrivait de pleurer », pensant à la Syrie  : « Dans ma tête, je dois y aller. Et en même temps, je peux pas y aller », glisse-t-il. « On a l’impression d’une double vie. Des copains, une fiancée. Et puis l’adhésion, les convictions, quelque chose qui va vous amener au 13 novembre », interroge la même avocate. Sa question obtient moins de succès. Abdeslam montre des yeux ronds et ne répond rien.Au procès du 13-Novembre  : Sofien Ayari, l’homme arrêté avec Abdeslam, reconnaît être venu en « mission »Quelques minutes plus tard, pourtant, il en vient à une confession précise sur la façon dont il a décidé de ne pas se faire exploser en kamikaze. L’avocate des parties civiles Aurélie Cerceau veut savoir pourquoi en début d’audience, il a tenu à dire qu’il « comprend que la justice veuille faire des exemples de moi et d’autres personnes ». Mais qu’à l’avenir, « quand il y aura quelqu’un qui se retrouve dans un métro, dans un bus avec une valise de 50 kg d’explosifs et qu’au dernier moment, il voudra faire marche arrière, il saura qu’il n’aura pas le droit de renoncer car on le pourchassera jusqu’au bout. Qu’on va l’humilier. Qu’on ne lui pardonnera pas. » Des propos sibyllins en forme d’aveux cachés ?Dans sa réponse, Salah Abdeslam affirme clairement, et pour la première fois, avoir renoncé à faire exploser sa ceinture explosive. « Il y en a d’autres que moi qui se sont ravisés », dit-il. « Qui se sont dit  : “Je veux pas faire ça. Ces gens-là, dans les terrasses et tout, j’ai vécu comme eux”. Moi, les gens qui étaient dans les terrasses, j’étais comme ça. Je mettais une chemise, je me parfumais. Alors, aller dans le même café, et se faire exploser… » Aujourd’hui, « en prison » où il est « surveillé sans arrêt », il réfléchit  :« En vérité, on se dit  : “J’aurais dû l’enclencher ce truc. Est-ce que j’ai bien fait de faire marche arrière ? Ou est-ce que j’aurais dû aller jusqu’au bout ?” »

le vrai visage de Salah Abdeslam, intérimaire de l’Etat islamique

Terroriste accompli, kamikaze démissionnaire

vous acceptez le dépôt d’un cookie d’analyse par Google. Au fond, n’est-ce pas cette définition qui lui correspond le mieux ? Djihadiste intermittent, terroriste accompli mais kamikaze démissionnaire, Salah Abdeslam frappe une dernière fois tous ceux qui l’écoutent en proclamant  :« Si on me libère demain, je ne serai pas un danger pour la société. Je ne vais pas aller attaquer qui que ce soit. J’ai été en cavale 4 mois. Si je voulais faire quelque chose, je l’aurais fait. »Pourtant, l’intéressé demeure fasciné par le groupe Etat islamique qui a dirigé « la mission , organisée à Raqqa comme un grand projet ». Et il le sait, puisqu’il le dit à un avocat des parties civiles  : « La guerre, ce n’est pas terminé. Pour l’Etat islamique, c’est pas terminé. C’est pas parce qu’il y a pas d’attentats qu’il ne se passe rien. » Une tirade qu’il poursuit en répondant à une question de Xavier Nogueras, avocat d’un de ses coaccusés  : « J’ai envie de dire que mon frère était comme ça et que je suis sûr qu’en Europe, en ce moment même, il y a des gens comme ça qui ont prêté allégeance à l’Etat Islamique, qui ne bougent pas, mais qui, un jour ou l’autre, vont s’activer. »