C’était dans les tiroirs depuis quelques années, mais la crise sanitaire l’a mis de côté. Ce n’est finalement qu’en mai dernier qu’un nouveau parcours pour les patients atteints d’obésité a pu ouvrir à La Palmosa. Deux patients ont déjà été opérés et quatre sont actuellement pris en charge au sein du service de chirurgie viscérale.
« C’est un enjeu de santé publique, justifie Mylène Ezavin, la directrice du centre hospitalier de Menton. La Palmosa répond à ces enjeux et aux besoins de la population. Avant, les personnes atteintes d’obésité étaient soit orientées vers Nice, soit vers Monaco. Aujourd’hui, il est essentiel d’apporter une réponse de proximité aux habitants du bassin mentonnais, mais aussi aux Italiens qui doivent aller jusqu’à Savone pour se faire opérer. »
Avec ses 27 lits en hospitalisation conventionnelle et ses 9 lits en chirurgie ambulatoire, l’hôpital de Menton propose désormais deux opérations de chirurgie bariatrique : le bypass et le sleeve. « C’est le seul moyen de perdre du poids de manière considérable », explique le chef de pôle chirurgie, Dr Lorenzo Abbo.
« Enjeu de santé publique »
Mais ce n’est pas qu’une question esthétique. « La lutte contre l’obésité est très importante, souligne son assistant, le Dr Giuliano Izzo. C’est un facteur de comorbidités qui augmente les risques d’hypertension, de diabète, de cancer du sein, de problèmes articulaires… »
un médecin, un pneumologue, un psychiatre…
La création de ce parcours a nécessité des « investissements » matériels et humains, indique la directrice du CH. Qui précise : « On a acheté du matériel spécifique pour le bloc opératoire, on a fait des formations et recruté des agents de service ».
Le Dr Abbo était déjà en place. Il avait quitté son poste de chef de service à l’hôpital San Remo en 2014 et exerçait depuis à La Palmosa. Il a été rejoint en novembre 2019 par son assistant, le Dr Izzo, qui venait de terminer ses études en région parisienne.
Un service de réanimation manquant
Mais malgré leurs efforts, la prise en charge reste « limitée », puisque l’hôpital La Palmosa n’a pas de service de réanimation.
« On ne peut pas prendre en charge des patients dont l’IMC est supérieur à 40, pointe le Dr Abbo. Pour assurer leur sécurité, notamment face au risque d’embolie pulmonaire, il nous faudrait un service de réanimation. »
Et justement, la direction y travaille. « Notre objectif n’est pas d’avoir des services dédiés comme au CHU de Nice, mais on se doit d’avoir des services polyvalents qui réunissent plusieurs spécialistes. On avait un projet de service de soins intensifs avant la crise sanitaire. On espère obtenir 4 lits en soins intensifs pour avoir l’autorisation de prendre en charge les chirurgies plus lourdes. »
Martina, 30 ans : Je suis contente de l’avoir fait
Martina Musetti, 30 ans, est l’une des deux premières patientes à avoir été opérée à Menton. Dans les jardins de La Palmosa, elle confie : « Ça faisait des années que je prenais du poids. Après la grossesse, ça a encore augmenté. J’en avais marre. »
Elle poursuit: « Quand on est obèse, tout est fatigant. Je connaissais déjà le sleeve. Mon père l’avait fait en Italie et ça m’a convaincu que c’était une bonne idée. Pour moi, mais aussi ma fille. Je voulais être une maman dynamique. »
Avant d’aller à Menton, Martina a été prise en charge au centre hospitalier Princesse-Grace. « J’ai commencé le parcours à Monaco en septembre dernier. Je l’avais terminé mais je n’ai pas pu faire l’opération parce qu’elle a été déprogrammée à cause du Covid. Ils m’ont dit d’aller à Nice. C’était trop long. Il y avait plus de 100 personnes en attente. Je suis allée voir mon médecin traitant qui connaît le Dr Abbo. Et comme j’avais déjà fait le parcours, ça a été vite. Je me suis fait opérer mi-août. Ça s’est très bien passé. »
15 kg perdus en un peu plus d’un mois
Martina est contente. Elle a perdu environ 15 kg en un peu plus d’un mois. « Aujourd’hui je me sens bien. Je mange en petite quantité mais sans me priver. Ça fait du bien. Il faut encore que je retrouve mon énergie, mais je suis contente d’avoir fait cette opération. » Et plus encore à Menton.
« C’est pratique parce que j’y habite. Ça facilite les suivis. Les premiers mois suivant l’opération, on doit aller à l’hôpital une fois par semaine. »
Pour contrôler et surtout accompagner les patients après l’intervention et tout au long de leur vie.
Le sleeve et le bypass sont deux opérations 100 % prises en charge par la Sécurité sociale. Elle consiste, pour le sleeve, à réduire le volume de l’estomac. Les 2/3 ou 3/4 de l’organe sont retirés pour produire un effet de restriction alimentaire obligatoire.
Sous forme de tube, sa contenance est diminuée de 2 litres à environ 0,2 L. Il est donc impossible d’ingérer une grande quantité d’aliments. Cette ablation agit aussi sur la sensation de faim puisque la production de ghréline, une hormone sécrétée par l’estomac et qui stimule l’appétit, est réduite.
Pour le bypass, le chirurgien va réduire le volume de l’estomac et dériver la partie proximale de l’intestin, appelée jéjunum, sans pratiquer d’ablation de l’estomac ou de l’intestin. C’est une opération réversible a contrario du sleeve.
Le choix de l’intervention dépend du patient.