On l’avait laissé tout-puissant il y a dix jours en Belgique. On l’a retrouvé moins aérien, mercredi en Italie. Pour sa première course post-deuxième sacre mondial, Julian Alaphilippe n’a pas participé à la lutte finale, lors de Milan-Turin, coupant la ligne en 25e position. Le Français a concédé 3’18″ au vainqueur, Primoz Roglic (Jumbo-Visma). De quoi entretenir « l’interrogation » qu’il représente à trois jours du Tour de Lombardie, grand rendez-vous de la fin de saison. »On savait qu’il était très fort », a déclaré Alaphilippe au sujet de Roglic, à l’issue de la course, avant d’évoquer le costume de dark horse qui se cachait selon lui sous sa tunique irisée : « Moi, c’était un peu l’interrogation après la semaine que j’ai eue. » Pas de déception, donc, d’autant plus que la performance collective de la Deceuninck-Quick Step a été correcte, avec une troisième place pour Joao Almeida, juste devant Tadej Pogacar (UAE Emirates).Le glouton Roglic a croqué Yates pour triompher à TurinMilan – TurinRoglic était intouchableIL Y A 6 HEURES
« J’ai pris beaucoup de plaisir à faire la bordure »
« Alaf » explique qu’il n’était pas question de définir le leader, au sein de la formation belge, avant d’en savoir plus sur ses sensations : « Je leur ai dit que j’allais les tenir au courant de comment je me sentais… et après la mi-course, j’ai prévenu les gars qu’on jouait la carte Joao (Almeida). » Et d’ajouter, rieur : « Le premier passage (de la côte de Superga, 4,9 km à 9,1% de moyenne, NDLR) m’a confirmé qu’il fallait donner le maximum pour lui. »Mais avant de se garer au pied de l’ultime ascension, le premier maillot jaune du Tour de France 2021 a rappelé que sa forme ne s’était, tout de même, pas envolée si vite. Il a contribué au tour de force de son équipe, qui a scindé le peloton sur une portion plate, et un temps piégé Adam Yates (INEOS Grenadiers, 2e). Résultat : Alaphilippe a pris son pied, à défaut d’avoir des jambes : « J’ai pris beaucoup de plaisir à faire la bordure à mi-course avec les mecs. Cela a roulé très vite jusqu’au final. »Il n’avait pas les jambes : Alaphilippe s’est garé dès le pied de l’ascension finale
« Il n’avait pas l’air inquiet… Moi un petit peu plus »
Lorsqu’il a coupé la ligne, sur un rythme de sénateur, « Loulou » a suscité ce questionnement de notre consultant, David Moncoutié : « Il y a peut-être un peu de décompression… Est-ce qu’il a bluffé ? Il n’a pas l’air inquiet… Moi un petit peu plus. » Puis l’ancien coureur de la Cofidis a vite rappelé qu’il faut se méfier des répétitions générales : « S’il y en a une qu’il (Alaphilippe) veut gagner, c’est bien le Tour de Lombardie, samedi. »Julian Alaphilippe n’avait pas eu besoin d’une remise en route l’an dernier, après son premier titre planétaire. Liège-Bastogne-Liège lui avait échappé de façon ubuesque, mais il y avait brillé de mille feux, avant de gagner la Flèche Brabançonne puis de voir ses espoirs de triompher lors du Tour des Flandres se heurter à une moto. Physiquement, il était dans la continuité d’Imola. Cette fois, il avait peut-être besoin d’un « bon déblocage » en vue du Monument lombard. « J’espère », a-t-il répondu dans un sourire, avant de s’en aller. Insaisissable, comme il le sera peut-être encore samedi.Alaphilippe énigmatique, Yates en forme et Roglic insatiable : le résumé de la courseMilan – TurinAlaphilippe : « J’ai pris beaucoup de plaisir à faire la bordure à mi-course »IL Y A 2 HEURESMilan – TurinAlaphilippe énigmatique, Yates en forme et Roglic insatiable : le résumé de la courseIL Y A 4 HEURES