PORTRAIT. De l'école de commerce au théâtre, la nouvelle vie d'acteur de Rémi Mazuel


Publié le 19 Fév 22 à 12 :16 

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où il est à l’affiche avec son seul en scène Le voisin de Picasso, Rémi Mazuel peut contempler le chemin parcouru depuis qu’il s’est lancé dans le monde du spectacle.

PORTRAIT. De l'école de commerce au théâtre, la nouvelle vie d'acteur de Rémi Mazuel

Rémi, pas prédestiné à monter sur les planches

On n’est pas tous égaux à la terrasse d’un café. Si certains slaloment sans difficulté entre les tables serrées pour aller gracieusement se glisser à l’une d’elles, d’autres mesurent deux mètres deux. Un trait physique qui frappe immédiatement quand on rencontre Rémi Mazuel, ce qui n’a pas empêché ce comédien d’avoir choisi un bar, en l’occurrence boulevard Montparnasse dans le 6ème arrondissement de Paris, comme lieu de rendez-vous.«Ma taille, c’est ma chance et mon handicap », explique le jeune homme de 27 ans. Handicap quand il s’agit de trouver une position pas trop inconfortable pour ses longues guibolles dans le trop petit espace entre la banquette et le pied de table. Handicap toujours lorsque ses gesticulations manquent par deux fois de renverser sa pinte sur ses genoux. Mais chance, d’avoir une envergure immanquable sur scène, et chance encore d’avoir ce sourire immense qui lui traverse le visage, communicatif au point de pouvoir faire rire une salle parfois même avant d’avoir eu le temps de prononcer un mot.Une carrure et une aura qui le prédestinait à monter sur les planches dès son plus jeune âge ? Pas vraiment. Rémi ne fait pas partie de ces artistes qui se disent touchés par une inspiration, « je n’ai jamais eu la vocation d’être comédien », avoue le jeune homme, inscrit jeune au théâtre non pas à sa demande mais parce que trop actif. « Ma mère espérait que ça canaliserait mon énergie. Ça n’a pas vraiment marché ! », se marre-t-il.

Il devient professeur de théâtre

L’activité lui plaît mais il l’abandonne en sixième pour privilégier le tennis. Il ne cesse jamais en revanche de jouer les comiques auprès de ses proches et prend un malin plaisir à imiter ses enseignants, parfois même sous leurs yeux. Toujours à la limite de la ligne rouge, mais sans jamais la franchir.Malgré une haine viscérale des devoirs, son parcours académique le mène jusqu’en école de commerce, à Bordeaux. L’établissement propose des cours d’impro et de théâtre. Il reprend, et le succès est immédiat. « Il y avait plusieurs bons comédiens dans l’école, mais clairement il avait un truc en plus », se rappelle Cédric Brachet, un ami qui l’a connu à cette époque. Les élèves finissent même par le désigner comme professeur à partir de la deuxième année.

“Ma vie c’est d’abord des rencontres”

L’idée d’embrasser une carrière de comédien commence à le travailler, mais il n’ose l’envisager : « ça me semblait inatteignable. Ne serait-ce que d’y penser, ce n’était pas sérieux. ». Son environnement familial « bourgeois » – une mère RH dans une grande entreprise, un père ingénieur – ne l’encourage pas à s’aventurer dans le monde de l’art. Seul un grand-père peintre à la retraite et un oncle dessinateur esquissent un semblant de passerelle.Vidéos : en ce moment sur Actu

répète-t-il à plusieurs reprises. Le coup de pouce décisif vient d’une amie.

Elle m’a aidé à comprendre que mon refus d’envisager cette carrière venait de ma peur d’échouer, ce qui était clairement une mauvaise raison.Rémi Mazuel

Il décide de faire une première incursion lors d’une année de césure. Pendant six mois, il suit des cours avec des comédiens professionnels. «J’espérais secrètement prendre une bâche, comme ça j’aurais pu me dire que j’avais tenté, ça n’avait pas marché et passer complètement à autre chose ». Raté, il s’éclate et se reconnaît dans ce métier où il ne se trouve pas de « plafond de verre ». À 24 ans, il prend sa décision.Dès les premiers mois, il propose de donner la réplique à d’autres comédiens, il se lance en impro et ose des petits rôles. Il excelle dans celui du grand comique un peu dégingandé, mais s’y sent à l’étroit. « Les gens voient de toi ce que tu leur donnes, si personne ne t’écrit un rôle qui te convienne, fais-le toi-même ».

Culot et tâtonnement

Là encore, une rencontre va tout bouleverser.

Une amie m’a dit qu’elle voulait se lancer dans la mise en scène et m’a demandé si j’écrivais quelque chose. Je ne sais pas pourquoi, j’ai répondu oui. C’était faux, se souvient-il. Elle m’a demandé de lui envoyer ce que j’avais fait. J’étais bloqué. C’est comme ça que j’ai commencé à rédiger mon seul en scène : Le Voisin de Picasso.Rémi Mazuel

Il y raconte l’histoire d’Alexis-Joseph Mazerolle, un peintre connu de son temps et aujourd’hui tombé dans l’oubli.L’art comme sujet principal ? « Je voulais que l’écriture de cette pièce me permette d’apprendre des choses. » C’est en feuilletant un livre offert par sa grand-mère qu’il découvre l’existence d’Alexis Joseph Mazerolle. L’histoire de cet artiste conseillé par les mêmes professeurs que les premiers impressionnistes, et qui fait le choix de rester académiste, connu de son vivant et aujourd’hui oublié, font écho à Rémi, confronté à des dilemmes similaires 150 ans plus tard. « Je voulais parler de problématiques que je rencontrais en me lançant : la notoriété, la carrière, le marketing, l’argent, se vendre, être vendu… Finalement la pièce dit beaucoup plus de moi que je ne le voudrais ».

Se prendre en main

L’épopée du buveur d’eau. La première représentation a lieu le 10 mars 2020.

Le mardi je joue mon seul en scène, c’est incroyable, j’ai des super retours. Le samedi, on joue L’épopée du buveur d’eau devant 100 personnes. Le lendemain on apprend que les bars ferment et le mardi d’après le président annonce le premier confinement.Rémi Mazuel

Un penchant écolo

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