Depuis quelques années maintenant, décembre n’est plus seulement le mois des fêtes de Noël ou l’approche de la nouvelle année, mais également l’anniversaire du point de départ de ce qui bouleversa la Terre entière pendant de très longs mois : le premier cas de Covid-19 détecté en Chine, à Wuhan.Le pic de l’épidémie de plus en plus loin derrière nous, l’année 2023 a marqué une nouvelle étape dans la normalisation du Covid, devenu presque banalisé. Ainsi, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ne considère plus depuis mai le Covid comme une urgence internationale.
Si l’OMS prend garde de répéter que la pandémie perdure, cette décision est un symbole considérable. L’année a aussi vu la fin du « zéro Covid » avec la Chine étant le dernier grand pays à renoncer à appliquer cette politique d’exception visant à éliminer la circulation de la maladie et non seulement la limiter.
Une létalité en baisse
Pourquoi cette normalisation ? D’abord parce qu’une infection au Covid apparaît aujourd’hui beaucoup moins dangereuse qu’en 2020, quand de nombreux pays avaient décrété des confinements sans précédent face aux effets meurtriers du SARS-CoV-2, le virus à l’origine de l’épidémie.
C’est la conséquence de vaccins efficaces, distribués depuis 2021, et de l’immunité acquise par les populations au fil de vagues successives d’infections au virus.LIRE AUSSI : Jean-François Delfraissy : « Avec un nouveau variant plus grave, le masque réapparaîtrait vite »La létalité, qui correspond au risque individuel de mourir après une infection, « a beaucoup baissé par rapport à l’ère pré-vaccinale », souligne auprès de l’AFP Antoine Flahault, épidémiologiste à l’université de Genève. « C’est de l’ordre d’un pour mille ou peut-être même moins », quand le risque se comptait en pourcentage au début de la pandémie, souligne-t-il.
C’est un niveau comparable à une infection par le virus de la grippe saisonnière, même s’il est hasardeux de désigner précisément le plus dangereux des deux.
« Le Covid-19 fait partie des maladies qui progressent en ce moment »
Le Covid semble donc devenu une maladie respiratoire parmi d’autres. Mais il continue à poser, dans ce cadre, des problèmes majeurs de santé publique liés à ses particularités.
Contrairement à d’autres maladies comme la grippe, le Covid connaît notamment plusieurs vagues par an. On peut donc difficilement le qualifier de maladie hivernale mais une flambée peut coïncider avec la saison classique des épidémies.LIRE AUSSI : Covid-19, à quoi ressemblera l’hiver ? Quatre experts répondentC’est actuellement le cas : « le Covid-19 fait partie des maladies qui progressent en ce moment » dans de nombreux pays, a prévenu dimanche Maria Van Kerkhove, épidémiologiste à l’OMS.
Cet essor est en partie lié à l’émergence d’un sous-variant, dit JN.1. Nouvelle déclinaison d’Omicron, version dominante du virus depuis deux ans, il n’apparaît pas particulièrement dangereux mais semble très transmissible.
36 895 nouveaux cas du 11 au 17 décembre dernier
C’est d’ailleurs toujours la grande particularité du Covid par rapport à d’autres infections comme la grippe : il reste très contagieux encore aujourd’hui. Dans son dernier bulletin hebdomadaire du 20 décembre, Santé publique France a de nouveau alerté sur « un niveau de circulation toujours en augmentation du SARS-CoV-2″. 36 895 nouveaux cas ont ainsi été détectés du 11 au 17 décembre dernier, des chiffres qui grimpent de semaine en semaine. »
Sur une année, il y a 5 % à 10 % de personnes qui attrapent la grippe », mais bien plus pour le Covid, pointe du doigt Antoine Flahault, soulignant que cela fait mécaniquement bondir la mortalité au niveau de la population, même si le risque individuel est limité.LIRE AUSSI : Covid-19 : quel impact sur la mortalité en France ?Le nombre précis de morts reste néanmoins flou car de nombreux décès sont liés à la maladie sans lui être immédiatement attribuables. L’étude annuelle de Santé publique France en collaboration avec l’Inserm sur les causes de la mortalité en France en 2021 mettaient ainsi en avant une montée des décès liés aux maladies cardiovasculaires ou d’origine nutritionnelle, qui « pourrait être lié à des effets indirects de l’épidémie de Covid-19 ».
Les chiffres officiels de l’OMS évoquent quelque sept millions de décès depuis le début de l’épidémie voici quatre ans, mais l’organisation elle-même admet que le niveau réel se compte probablement autour de 20 millions, voire plus.
La crainte du Covid long
Au-delà de la mortalité, reste enfin également la question des séquelles durables, dites « Covid long » : fatigue, difficultés respiratoires… La réalité de ces symptômes ne fait plus de doute aujourd’hui, de même que leur origine physiologique et non psychologique. Il reste toutefois difficile d’établir leur fréquence et si le Covid les provoque plus souvent que d’autres maladies.
Les séquelles de la grippe, par exemple, « n’ont pas fait l’objet du même effet de projecteur », souligne l’épidémiologiste Antoine Flahault.Néanmoins plusieurs études parues cette année sont plutôt rassurantes en démentant l’idée d’une explosion des cas de Covid long au fil du temps. Menée auprès de la population suédoise, une étude publiée en septembre dans le Journal of Infectious Diseases témoigne ainsi d’un « risque moins élevé » après une infection à Omicron, par rapport aux précédents variants.