Quelle est la différence entre «pourquoi» et «pour quoi» ?


Que doit-on écrire entre «ce pourquoi» ou «ce pour quoi» ? Y a-t-il véritablement une différence entre les deux locutions ? Le Figaro revient sur la règle de mise.

«Pourquoi est-il en retard ?», «elle est venue, mais pour quoi dire ?». Trop souvent, on lit le mot «pourquoi» tout attaché alors qu’on devrait le lire en deux mots  : «pour quoi». «Pourquoi» en un seul mot et «pour quoi» ne signifient pas la même chose. Il existe en effet une nuance qui permet de les distinguer. L’Académie française a pris le soin d’étudier leur différence dans sa rubrique «Dire, ne pas dire».

Quelle est la différence entre «pourquoi» et «pour quoi» ?

Le mot «pourquoi», attesté dès la fin du XIIe siècle, est un adverbe interrogatif, c’est-à-dire un mot invariable ajoutant une détermination à un verbe. Il est issu de la contraction de la préposition «pour» et du pronom «quoi». Il peut être remplacé par la question «Pour quelle raison ?». Au départ, le mot «pour quoi», détaché, se rencontrait comme interrogatif direct ou indirect. On voit apparaître le mot «pourquoi», tout attaché, dans la locution «c’est pourquoi» où il est utilisé comme relatif de liaison. Cet emploi, fréquent au XVIe siècle, n’est plus d’actualité aujourd’hui. Seules les connecteurs logiques «c’est pourquoi» ou «voilà pourquoi» témoignent de cet usage ancien. Ce n’est que depuis le XVIIIe siècle que le terme «pourquoi» s’emploie pour demander la cause, la raison d’une chose.

«Ce pour quoi», «c’est pourquoi», «le pourquoi».

Quant à la locution «pour quoi», elle est utilisée pour interroger sur le but d’une chose. À la question de savoir s’il faut écrire en un mot ou deux mots dans la phrase suivante  : «Il est venu, mais pour quoi dire ?» ou «pourquoi dire ?», on peut la remplacer par la question suivante, «dans quel but est-il venu ?» ou «pour quelle chose ?». Il faut donc l’écrire avec la locution en deux mots «pour quoi». En effet, la préposition «pour» a un sens final qui permet d’annoncer un but, le pronom «quoi» est à comprendre comme «quelque chose».

À la question «pourquoi est-il en retard ?», on répondra en commençant par la conjonction de subordination, c’est-à-dire  : «parce que». Pour la deuxième question, «elle est venue pour quoi dire ?», le premier mot de la réponse sera le plus souvent «pour».

Qu’en est-il de la locution «ce pour quoi» ou «ce pourquoi» ? Que doit-on écrire dans la phrase suivante  : «Je n’ai toujours pas compris le pourquoi / pour quoi de sa réaction de ce matin» ?

Pour la première question, le Larousse indique que, si elles ont été longtemps concurrentes, les deux graphies sont admises aujourd’hui. Néanmoins, la locution «ce pourquoi», autrefois critiquée, est plus courante de nos jours que «ce pour quoi» considéré comme «plus soigné». En effet, avec la préposition «pour quoi» on s’interroge pour une chose ou un objectif. La règle impose en revanche d’écrire «c’est pourquoi» et non «c’est pour quoi». Quant à la deuxième question, la réponse est «le pourquoi» car on peut la remplacer par «la raison ou le motif».