Gendarme tuée par un chauffard en Lot-et-Garonne  : l’intention criminelle en question


Crime ou délit ? À ce stade, Yassine El Azizi n’est pas encore renvoyé devant ses juges, qu’ils siègent dans un tribunal correctionnel ou une cour d’assises, pour répondre de la mort de Mélanie Lemée. La gendarme de 25 ans avait été mortellement percutée par l’automobiliste, le 4 juillet 2020, tentant de se soustraire à un barrage routier à Port-Sainte-Marie. Ce Tonneinquais, alors âgé.Crime ou délit ? À ce stade, Yassine El Azizi n’est pas encore renvoyé devant ses juges, qu’ils siègent dans un tribunal correctionnel ou une cour d’assises, pour répondre de la mort de Mélanie Lemée. La gendarme de 25 ans avait été mortellement percutée par l’automobiliste, le 4 juillet 2020, tentant de se soustraire à un barrage routier à Port-Sainte-Marie. Ce Tonneinquais, alors âgé de 29 ans conduisait sans permis, avait consommé de la cocaïne et transportait alors des stupéfiants dans son véhicule.L’année dernière, la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Agen, écartant le premier rapport d’expertise, avait ordonné à un collège de professionnels en automobile, accidentologie et morphoanalyse des traces de sang, de reprendre les constatations et d’approfondir l’analyse sur les points plus techniques de l’enquête. Parmi eux, les circonstances du choc entre la voiture et la victime, la vitesse du véhicule en fuite, l’endroit où se trouvait la victime au moment de l’impact, la vision du conducteur à propos du véhicule des gendarmes, de la victime, des herses… Et déterminer si Yassine El Azizi était en capacité, ce jour-là, d’éviter Mélanie Lemée.

Cinq secondes

Selon les éléments et calculs retranscrits dans le rapport, la scène s’est déroulée très vite. Les forces de l’ordre, averties de l’arrivée de la voiture en fuite dans leur direction ont disposé de peu de temps pour lancer le dispositif de neutralisation du véhicule sur la route, appelé stop sticks. Cinq secondes se sont écoulées entre la mise en place des herses et l’accident avec la voiture lancée à 150 km/h. Les experts assurent de la visibilité des gendarmes par Yassine El Azizi bien qu’il soit impossible de déterminer si la victime a fait un écart, alors qu’elle pouvait revenir sur ses pas lorsque le chauffard est arrivé en pleine vitesse.La volonté d’esquiver les herses ne caractérise pas nécessairement une intention de percuter volontairement la victime, conclut le rapport, qui pointe divers scénarios qui auraient pu permettre d’éviter le drame, la mort de Mélanie Lemée étant la conséquence inconsidérée de la prise de risque du fuyard. Pour rappel, aucune trace de freinage n’apparaît sur les lieux.

Gendarme tuée par un chauffard en Lot-et-Garonne  : l’intention criminelle en question

« Le rapport étayé et sérieux est complet, il va permettre à la justice d’enfin juger ce dossier »

L’avocat de la famille de Mélanie Lemée, et du gendarme binôme de la victime, « prend acte de cette nouvelle expertise qui a le mérite de mettre fin à l’instruction. Le rapport étayé et sérieux est complet, il va permettre à la justice d’enfin juger ce dossier », s’en tient Me Philippe Bellandi.

Pas de démonstration

« Plus de trois ans après les faits, l’intention de tuer n’a pas été démontrée. La volonté de notre client, ce jour-là, était d’esquiver le barrage, une manœuvre effectuée alors que son discernement était altéré, par la prise de stupéfiants, l’apparition soudaine des herses jetées à la hâte, et le rétrécissement de sa visibilité dû à l’ensoleillement et la saleté de son pare-brise. Quant à la visibilité des gendarmes, elle a été contredite par d’autres témoignages », pointent Mes Victor Casellas et Édouard Martial.L’aboutissement de l’instruction, forte de ces éléments complémentaires, laisse augurer un procès dans ces prochains mois. Le rapport d’expertise sera-t-il la pièce maîtresse dans la balance du renvoi criminel ou fera-t-il pencher l’appréciation de la justice en direction du tribunal correctionnel ?