Le passeport vaccinal sera déployé à compter du 1er septembre et devra être présenté pour avoir accès aux festivals, ainsi qu’aux bars, restaurants et salles d’entraînement du Québec, mais les commerces de détail en seront exemptés.
« Les conditions sont réunies pour déployer le passeport vaccinal », a déclaré en point de presse le ministre de la Santé, Christian Dubé, mardi. Ce dernier se dit préoccupé par l’augmentation récente du nombre quotidien de nouveaux cas et par la hausse des hospitalisations des dernières heures, combinées à la rentrée scolaire et à la progression du variant Delta.
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À l’heure actuelle, le tiers des nouvelles infections au Québec sont associées à ce variant, mais la Santé publique prévoit qu’ils compteront pour la moitié d’entre eux au cours des prochaines semaines, a fait savoir le directeur médical de la protection de la santé publique, le Dr Yves Jalbert.
Les gens auront aussi la possibilité de présenter une preuve vaccinale en version papier, a précisé le ministre.
Afin de prévenir la fraude, les commerçants exigeront une carte d’identité concordant avec les données du passeport vaccinal. Les clients devront continuer à respecter les mesures sanitaires déjà en vigueur une fois à l’intérieur.
Le gouvernement obligera ces contrôles partout au Québec, contrairement à ce qui avait été annoncé. « Il n’y a pas beaucoup de régions qui sont épargnées » par la progression des infections, a justifié le Dr Jalbert.
Pas obligatoire pour le personnel
L’imposition du passeport vaccinal ne touchera pas le personnel des restaurants, des bars et des salles d’entraînement, a affirmé le ministre.
Une distinction qui se justifie, dit-il, par les règles contenues dans le Code du travail et la rareté de la main-d’œuvre.
Toutefois, le gouvernement envisage de rendre obligatoire la vaccination pour le personnel de la santé. « On le considère », a déclaré le ministre en promettant une décision à ce sujet dans les « prochains jours ».
Des mesures distinctes pourraient aussi s’appliquer aux agences privées qui fournissent du personnel au réseau, a-t-il mentionné. À l’heure actuelle, 90 % des travailleurs de la santé sont vaccinés.
Pour ce qui est du réseau de l’éducation, le ministre n’a pas été en mesure de fournir beaucoup d’informations.
On en saura davantage mercredi lors du point de presse du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge.
Des ficelles à attacher
Le gouvernement profitera des prochaines semaines pour peaufiner les détails techniques du passeport vaccinal, un projet sur lequel le ministère travaille depuis des mois.
Une « première version » de la preuve vaccinale ne prévoit pas de dérogation pour les individus exclus de la campagne de vaccination pour des raisons médicales.
Une mise à jour ultérieure de l’application tiendra compte de ces exceptions. « On ne veut pas que les gens arrivent avec un billet du médecin au restaurant », a illustré le ministre.
Les étrangers qui entreront au Québec pourront « s’enregistrer sur notre portail et demander une preuve de vaccination », a aussi suggéré Christian Dubé, tout en affirmant poursuivre les discussions avec ses homologues des autres provinces sur ce sujet.
Il a aussi proposé au gouvernement fédéral d’intégrer le code QR québécois à l’application ArrivCAN, la preuve vaccinale canadienne pour les voyageurs internationaux. Ottawa annoncera bientôt des détails sur le passeport vaccinal international, a laissé entendre le ministre québécois.
Pas assez vite et pas assez transparent pour l’opposition
La Coalition avenir Québec aurait dû implanter « dès maintenant » le passeport vaccinal, estime le Parti libéral du Québec.
« Le nombre de cas augmente et le variant Delta nous attend dans le détour. Le passeport vaccinal peut nous permettre d’éviter un reconfinement massif. Pourquoi attendre ? Pourquoi exempter les commerces de détail ? Encore une fois, la CAQ est en retard », a déclaré sur Twitter la porte-parole libérale en matière de santé, Marie Montpetit.
Le passeport vaccinal demeure un « bon outil » aux yeux du porte-parole du Parti québécois en matière de santé, Joël Arsenault. Sa formation politique demande plutôt au gouvernement d’éclaircir des « angles morts », notamment « sur la circulation des données médicales ». Le gouvernement devrait tenir « des consultations publiques », selon lui, « par souci de transparence, mais aussi pour susciter l’adhésion des Québécois ».
Le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, abonde dans le même sens et exige du ministre Dubé qu’il fasse « preuve de transparence et de clarté ». Il plaide qu’« après avoir refusé pendant des mois de tenir une commission parlementaire transparente sur le passeport vaccinal, le gouvernement adopte une stratégie de communication confuse qui laisse planer de grands doutes sur les modalités de cette mesure qui n’est pourtant pas banale ».
1,1 million de personnes à vacciner en 20 jours
Pendant ce temps, la vaccination progresse, mais le Québec n’a pas encore atteint ses cibles.
Afin d’y parvenir, le gouvernement souhaite administrer 400 000 deuxièmes doses pour atteindre son objectif de 75 % des Québécois pleinement vaccinés dans tous les groupes d’âge, et de 84 % ayant reçu une première dose.
a fait savoir M. Dubé.
« Si on réussit, nous ferons partie des lieux les plus vaccinés au monde. »
Pour la première fois depuis le début de la pandémie, le gouvernement a dû interrompre son point de presse sur la COVID-19 en raison de la présence d’un opposant aux mesures sanitaires dans la salle. Questionné après l’incident, le ministre Dubé a répondu en anglais que c’était « normal » que des gens s’inquiètent et qu’il appartenait au gouvernement de répondre à toutes leurs questions.
Les points de presse hebdomadaires sur la pandémie reprendront d’ailleurs à compter de la semaine prochaine, a-t-il fait savoir.
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