Une aide à la décision pour une intervention plus rapide en cas de crise. Mais, par manque de moyens et de volonté, le risque est réel d’une possible récupération par les banques et les assurances…
À la fois anges et démons… Si Twitter et les réseaux sociaux accueillent toutes les engeances, ils sont aussi des lieux d’information, notamment en matière d’urgence et de catastrophe naturelle. C’est à partir de ce constat que Alda Mari, linguiste à l’institut Jean-Nicod, au CNRS, à Paris (1) et son binôme de recherche basé à Toulouse, Farah Benamara – maîtresse de conférences en informatique à l’université Toulouse III Paul Sabatier – se sont associées en 2018 pour fabriquer un modèle, baptisé Intact (intention-action), “en capacité de révolutionner l’appréhension d’une crise majeure mettant en péril des vies humaines qui peut sauver des vies” n’existait pas encore en France. Jusque-là, c’était du “bricolage” qui se basait sur des bénévoles…
Nous luttons pour que le projet reste au CNRS. Si le ministère de l’Intérieur ne se réveille pas, cela ira aux banques et assurances…”
Alda Mari, linguiste CNRS. DR.
pour l’instant à l’état de prototype financé encore durant une année par CNRS innovation, équipe les services de secours, il faut qu’une entreprise en finance l’interface. “Pour cela, il existe des Satt, des unités de transfert de technologie, qui font l’intermédiaire entre chercheurs et le monde de l’entreprise. Le problème, c’est le changement de personnels qui a lieu continûment au ministère de l’Intérieur, on ne sait même pas qui va faire le suivi. depuis la nouvelle mandature de Macron, tout a changé et nous avons perdu nos interlocuteurs du temps…”
Et
Une aide à la décision pour les pouvoirs publicspour une intervention plus rapide des secours
C’est notre question centrale…”
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notamment la linguistique et la linguistique computationnelle, deux domaines d’expertise des équipes de Farah Benamara et Alda Mari.
En phase de prématuration afin que le prototype acquière une robustesse et puisse être utile à un maximum d’acteurs spécialisés dans la gestion des crises”
nous avons déjà une preuve de concept et sommes en phase de prématuration afin que le prototype acquière une robustesse et puisse être utile à un maximum d’acteurs spécialisés dans la gestion des crises. L’objectif était d’analyser et d’extraire automatiquement les informations les plus utiles et pertinentes afin de prédire les actions à entreprendre en cas de crise et nous y sommes parvenues.”
Quelque 13 000 tweets ont été analysés !
L’équipe d’Alda Mari s’est chargée de la partie proprement linguistique du projet : “Nous avons annoté manuellement un corpus de 13 000 tweets postés pendant plusieurs crises. Avec la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises, nous avons analysé tous ces messages, cherché à déterminer quels sont les plus importants, comment ils sont formulés et quel caractère d’urgence d’une situation ils expriment. Certains messages ne sont d’aucune utilité mais d’autres sont importants : une information sur les dégâts humains ou matériels, un véhicule demande de l’aide, etc.”
Sur Twitter, c’est comme si on écrivait à sa “maman”, lors d’une crise, pour lui dire que l’on est bloqué ; idem pour le feu à Notre-Dame, à Paris : le premier acte des gens n’a pas été de contacter le 18 mais d’écrire des messages sur Twitter…”
Sens, syntaxe, morphologie… Alda Mari est spécialisée dans l’analyse plus particulière de la sémantique, le sens des mots. “Le but de ce modèle étant d’avoir une analyse des réseaux sociaux en cas de crise écologique : inondations, tempêtes, sécheresses…” Autant d’avanies qui touchent le Sud, la partie du pays la plus touchée. “On a beaucoup travaillé sur les inondations, explique encore Alda Mari ; eh bien on remarque que les gens n’appellent plus ni les pompiers ni aucun secours : ils écrivent ce qui leur arrive sur les réseaux sociaux ! Du coup, les secours n’ont l’information immédiatement. D’où cette demande du ministère de l’Intérieur face à l’absence d’appels.”
Le déclic s’est produit pendant une journée de neige abondante bloquant jusqu’aux autoroutes. “Le ministère l’a su par la… TV…” En clair, sur les réseaux sociaux, on écrit sa sidération ; “Sur Twitter, c’est comme si on écrivait à sa “maman”, lors d’une crise, pour lui dire que l’on est bloqué ; idem pour le feu à Notre-Dame, à Paris : le premier acte des gens n’a pas été de contacter le 18 mais d’écrire des messages sur Twitter…”, décode Alda Mari.
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Devant ce constat, le 18 étant peut-être devenu désuet, le ministère de l’Intérieur avait souhaité alors de créer une veille automatique des réseaux sociaux en cas de crise majeure écologique. D’apprendre aussi vite que “maman” et au moins aussi vite que les médias.
Car ce système génère beaucoup de données en temps réel.”
Catégorisation automatique
Par exemple : “N’importe quel système se base encore sur des mots clefs. Mais pour une crise on récupère n’importe quoi. Par exemple sur les inondations, des gens disent : “J’ai une inondation”, alors que c’est seulement leur baignoire qui déborde…”
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Ph. d’illustration
c’est aussi le contraire de mûr On va demander à un humain – nos étudiants – à qui on donne 2 000 tweets.”
Et du degré d’interprétation de l’urgence par exemple)…”
Olivier schlama
(1) Farah Benamara travaille à l’Institut de recherche en informatique de Toulouse1, dans l’équipe Méthodes et ingénierie des langues, des ontologies et du discours dont elle est la co-responsable. Alda Mari, elle, dirige l’équipe Langage, pensée et comportement à l’Institut Jean Nicod , au département Sciences cognitives de l’École Normale Supérieure à Paris.