Alexandre Loukachenko au prétexte d’une alerte à la bombe bidon Le 3 juin il répond : « Sans aucun doute. »
« On ressent tout comme une blessure personnelle »
ont immédiatement dénoncés des propos tenus sous la menace et les violences.Sur la vidéo, il apparaît fatigué, le visage marqué. A ses poignets, on distingue des traces laissées par des menottes. Il s’agit d’ailleurs d’un grand classique du pouvoir d’Alexandre Loukachenko : des vidéos de ce type, mais plus bâclées, sur des manifestants arrêtés, circulent depuis le début du mouvement de contestation au président.Plus que cette vidéo quasi-absurde, c’est plutôt son arrestation dans les airs qui a profondément choqué les Biélorusses. « J’ai pleuré toute la journée. Le mouvement de contestation nous a beaucoup uni, donc même si on ne connait pas la personne personnellement, ça fait beaucoup de mal. On ressent chacune de ces histoires comme une blessure personnelle, quelque chose qui menace nos vies », raconte Yana, une enseignante de Minsk, au micro d’Europe 1.
Plus le droit de sortir du pays
Beaucoup de Biélorusses ne se font plus d’illusions sur leur président. « Il s’en fout complètement des droits, de qui que ce soit. Même dans l’avion tu ne peux pas te sentir en sécurité… La situation est plus que par terre et on ne sait jusqu’où on peut descendre encore. On ne sait pas où ça va s’arrêter », estime Katya, une jeune Biélorusse qui travaille dans une entreprise privée.Après l’arrestation, les Etats-Unis et l’Union européenne ont décrété des sanctions économiques, notamment la fermeture de l’espace aérien européen aux compagnies biélorusses. D’un côté, les Biélorusses sont plutôt contents d’avoir le soutien de la communauté internationale, du fait que l’on parle à nouveau d’eux. Mais dans le même temps, ces sanctions ont pour effet de les enfermer chez eux. « Tout ça a un fort impact émotionnel. On se sent bloqué dans le pays, on sent qu’on ne peut pas bouger, s’exprimer. C’est très frustrant… Et très déprimant », soupire Yana. Les Biélorusses se sentent d’autant plus coincés que de nouvelles règles interdisent dorénavant aux Biélorusses de quitter leur pays, sauf s’ils ont un permis de résidence à l’étranger ou si leur départ est motivé par une urgence.
471 prisonniers politiques
« Le soutien, je le trouve à chaque coin de rue. Mes fils et leurs amis sont privés de liberté depuis déjà six mois et je reçois le soutien de la part de mes proches et de personnes inconnues. Depuis leur arrestation, tous les Biélorusses sont devenus mes fils. Tout le pays est devenu une seule famille. »Alors même si le mouvement a disparu des rues et des espaces publics, l’esprit de cette révolte est encore bien présent. « On continue d’en parler, d’ailleurs on ne parle que de ça. Chacun réalise que ces gens-là sont prêts à tuer tout le monde pour garder le pouvoir. Et pourtant personne n’a changé d’avis. Le mouvement existe toujours, mais les conversations ont lieu plutôt en famille, dans la cuisine, quand personne ne peut t’entendre », explique Yana, l’institutrice. Â
« En portant un drapeau, tu peux être arrêté pour 15 jours »
peuvent vérifier les téléphones portables sans raison valable Dessus, il y a un message de soutien au théâtre Kupalovski, dont le directeur, un opposant, a été arrêté au début du mouvement. « Chaque jour je me pose la question de savoir s’il est bien rentré chez lui. Il prend le vélo alors il est toujours visible pour les flics. Ça m’énerve et ça me fait peur. »Autre acte de résistance du quotidien : une chorale qui sévit dans de grands lieux publics de la ville, au sein de marchés ou sur des places. Toujours masqués, les chanteurs entonnent le « chœur des partisans », un chant de résistance, puis repartent aussi vite qu’ils sont arrivés.