« Quel est le scénario que vous privilégiez pour l’audiovisuel public ? » interroge Laurent Lafon, sénateur centriste et président de la commission de la culture. Le 31 janvier, Rachida Dati, ministre de la Culture, avait promis une réforme prochaine de l’audiovisuel public qui regrouperait France Télévisions et Radio France pour créer une « BBC à la française ».
« Nous avons besoin d’un audiovisuel public puissant, je sais que nous partageons plusieurs convictions sur le sujet »
« Je m’associe à tous vos arguments, nous avons besoin d’un audiovisuel public puissant, je sais que nous partageons plusieurs convictions sur le sujet », répond Rachida Dati à Laurent Lafon auteur d’une proposition de loi sur la création d’une holding regroupant les principaux groupes de l’audiovisuel public français.
« Je plaide pour un audiovisuel public qui regroupe toutes ses forces, c’est le sens de votre texte, je m’appuierai sur votre proposition de loi », explique la ministre de la Culture. Si la reprise de la proposition de loi de Laurent Lafon n’avait pas été mentionnée lors du discours de politique générale de Gabriel Attal au Sénat, la ministre insiste sur la nécessité d’avancer vite sur le sujet. « Je rencontrerai les dirigeants des sociétés très bientôt, on ne se dérobera pas », assure Rachida Dati qui souhaite « pouvoir répondre à ces enjeux cruciaux ».
La reprise des travaux du Sénat
« Le Sénat qui préconise cette ligne depuis 2015 a voté en juin dernier une proposition de loi autorisant enfin cette holding, c’est pour nous le plus sûr moyen de renforcer l’audiovisuel public », affirme Laurent Lafon qui met en avant l’activité foisonnante du Sénat sur ce sujet. Outre la reprise de la proposition de loi portée par Laurent Lafon, Rachida Dati souhaite s’appuyer sur les productions du Sénat, notamment « l’excellent rapport Karoutchi/ Hugonet ». Pour les sénateurs, la création d’une holding de l’audiovisuel public doit permettre de résister à la double concurrence des « acteurs du net et des plateformes américaines », estime Laurent Lafon.
La précédente ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, avait rejeté l’idée d’une holding pour l’audiovisuel public jugeant qu’« un grand mécano institutionnel », n’est « ni nécessaire, ni prioritaire ». Concrètement, la proposition de loi souhaite rassembler France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA au sein d’une même structure, avec une gouvernance commune. Un regroupement qui, selon les partisans de la proposition, devrait permettre de faciliter les coopérations entre les différents médias.
La proposition sénatoriale s’attarde également sur le financement de cette holding, sujet crucial depuis la suppression de la redevance audiovisuelle. Si le sujet avait fait débat au moment de l’examen du texte au Sénat en juin 2023, la proposition de loi préconisait une « ressource publique de nature fiscale, pérenne, suffisante, prévisible et prenant en compte l’inflation ». A gauche, l’ancien sénateur socialiste et rapporteur de la commission d’enquête sur la concentration des médias, David Assouline, avait exprimé son inquiétude face à la proposition de loi de son collègue centriste.
Des réserves suffisantes pour les deux précédents ministres de la culture, mais pas pour Rachida Dati qui affirme que « le sujet est trop sérieux pour le différé encore une fois ».