Une longue ligne droite bordée de champs verts et vallonnés. Une glissière de sécurité sur la gauche de la route mais surtout un immense trou au milieu de la chaussée. Il n’existe toujours aucune image de la chute de Tadej Pogacar au km 85 de Liège-Bastogne-Liège ce dimanche 23 avril. Une chute qui a causé l’abandon du double vainqueur (2020, 2021) du Tour de France et surtout jeté un voile sur sa préparation à la prochaine Grande Boucle (1er au 23 juillet), le Slovène devant observer six semaines de convalescence après avoir subi une opération au poignet. Son équipe UAE Emirates a simplement posté, ce mardi, une vidéo où l’on voit Pogacar monter dans la voiture après son abandon, le poignet immobile et la combinaison trouée en plusieurs endroits laissant apparaître des écorchures.Il n’y a pas d’image de la chute mais on sait où et pourquoi le Slovène est tombé. À cause d’un large et profond trou au milieu de la route, un nid-de-poule qui aurait pu servir de repère à un aigle. Mikkel Honoré (EF Education), le coureur juste devant Pogacar a explosé ses deux pneus dans ce trou et le vainqueur de la Flèche Wallonne juste derrière lui n’a pu éviter la chute. L’accident s’est produit à la sortie du village de Bertogne au nord de Bastogne en Belgique sur la RN 826, une route régionale administrée par la province du Luxembourg où est situé le village. Depuis la chute de Pogacar qui a privé la course du duel attendu avec le futur vainqueur Remco Evenepoel, l’état des routes en Wallonie est la cible de toutes les critiques. Au plat pays, l’affaire fait un peu de bruit.Avant le départ, le Bourgmestre (maire) de Bertogne avait pourtant repéré le trou fatal à Pogacar et averti les autorités : « J’avais demandé au SPW (services techniques de la région), de reboucher le trou, explique Jean-Marc Franco à nos confrères belges de « l’Avenir ». J’ai réédité ma demande le vendredi précédant la course. Je me suis rendu sur les lieux le dimanche matin mais rien n’avait été fait. J’ai mis une bande de couleur à l’endroit du trou pour prévenir du danger. J’ai contacté la police qui a averti les commissaires de course. Et puis j’ai regardé la course comme beaucoup de monde et j’ai appris la chute d’un Danois et de Pogacar. »
Le trou déjà rebouché
Mis en cause, le Service public de Wallonie répond aux critiques par la voix de sa porte-parole, Sarah Pierre dans les colonnes de « Sud Info » : « Lorsque le Tour de France passe en Belgique, des marchés publics spéciaux sont passés pour effectuer des réfections avant l’épreuve, dit-elle. Comme on est au mois de juillet, il y a du temps pour effectuer les travaux. Ici, nous sommes à la sortie de l’hiver. Le revêtement a souffert et la météo n’a pas été bonne en avril. »Les services en question n’ont pas d’explication sur l’existence de ce fameux trou, juste à cet endroit-là. « D’après les informations dont nous disposons, l’organisateur dont c’est la responsabilité exclusive avait bien effectué la reconnaissance du parcours au service des équipes en compétition et l’administration des routes avait procédé aux réparations nécessaires, sur son réseau, après la période hivernale », répond, toujours chez nos confrères belges, le ministre régional Philippe Henry par la voix de son porte-parole.Interrogé sur l’état de la route à l’endroit de la chute de Pogacar et la présence de nid-de-poule, ASO, l’organisateur de la course, indique n’avoir « rien de spécial à ajouter ». ll semble que depuis la chute, le nid-de-poule a été rebouché à la va-vite. « Sud Info » publie des photos du trou en question. Mais le bourgmestre de Bertogne prévient : « S’il n’y a pas de travaux pour l’année prochaine, je n’autoriserai plus la course à traverser notre commune. C’est vraiment trop dangereux. Que serait-il arrivé s’il y avait un drame ? »