Cette interruption de prise en charge a pour origine la suspension du SSIAD (Service de soins infirmiers à domicile) de Vic-Fezensac.
NDLR) m’a en plus lâchée du jour au lendemain », s’indigne Bouchra Sarsari.
« Je suis restée neuf jours sans pouvoir être douchée et changée ! », s’exclame, consternée, la jeune femme atteinte d’une dégénérescence cérébro-spinale depuis l’âge de 3 ans.
Cette maladie, qui a obligé la Gersoise de 44 ans à se déplacer en fauteuil roulant à partir de ses 21 ans, nécessite un accompagnement au quotidien. « Tous les matins, quelqu’un venait pour me doucher et me mettre les bas de contention et les chaussures. Le soir, c’était pour enfiler le pyjama, enlever les bas et s’occuper de la toilette s’il le fallait », décrit la quadragénaire qui, malgré la situation, se départit rarement de son sourire. « Je suis née avec, je n’y peux rien ! »
« Je ne suis pas de la viande »
pour une durée de trois semaines, à compter du 25 août. « Je comprends qu’avec l’épidémie, ce n’est pas évident. Mais le délai est passé, et je n’ai aucune nouvelle. On est livrés à nous-mêmes. C’est moi qui les ai relancés », s’agace Bouchra Sarsari, avant de poursuivre : « Ils nous ont dit que 28 personnes étaient concernées. »
Son frère explique avoir ensuite contacté l’Agence régionale de santé (ARS) à Auch : « Ils ont répondu qu’ils étaient au courant et qu’ils allaient essayer de trouver une solution. » Nabil Sarsari a également appelé « toutes les associations, comme Mieux vivre chez soi, mais ils ne prennent que les personnes âgées. D’autres restent dans leur secteur et ne vont pas aussi loin. »
avoue pudiquement Bouchra Sarsari. « Je ne sais pas comment font les clients grabataires qui sont au fin fond des champs. »
Aidée par une amie
Pour obtenir de l’aide, cette mère de trois enfants, dont deux fils de 10 et 14 ans qui vivent sous son toit, a lancé un appel sur la page Facebook « T’es de Vic-Fezensac si », fin août. Cilya Ramin, une ancienne amie perdue de vue, s’est très vite portée volontaire. « Elle vient trois fois par semaine pour me doucher », remercie Bouchra Sarsari, qui salue sa générosité.
Cilya Ramin juge cette situation « aberrante » : « Il était hors de question qu’elle reste comme ça. Je trouve cela honteux et inadmissible qu’on la laisse ainsi, sans être lavée. Se débrouiller seul, cela peut aussi être super dangereux. » Cette auxiliaire de vie connaît les gestes à adopter : « Sinon, je n’aurais pas pris le risque qu’elle tombe dans la douche. » La Vicoise, mère de cinq enfants, effectue les allers-retours entre les deux villes avant d’aller au travail : « Cela a un coût. » Cette aide, précieuse, ne peut être que provisoire, d’après Bouchra Sarsari. La Marambataise attend une solution pérenne : « Cela devient urgent. »
Le SSIAD de Vic-Fezensac a été suspendu
structure rattachée à l’ADMR avec des personnes qui ne donnent pas de soins, mais qui s’occupent de tâches comme le ménage et la cuisine, et d’autre part le SSIAD, avec des aides-soignantes chargées des toilettes. »
Selon Didier-Pier Florentin, la suspension est temporaire.
DDM archives – DDM SEBASTIEN LAPEYRERE
L’ARS a jugé qu’elles étaient suffisantes pour diligenter une inspection, dont on attend les résultats », selon Fabrice Lamarque. Didier-Pier Florentin, directeur départemental de l’ARS, confirme : « On a mis sous administration provisoire le SSIAD de Vic-Fezensac. On a eu beaucoup de signalements concernant des refus de prise en charge ou des personnes en arrêt maladie. Les constats sont faits. L’ARS a décidé de prendre le taureau par les cornes, mais certains délais sont incompressibles. » Ce dernier évoque un problème d’attractivité de ces métiers sur le territoire.
L’activité a été confiée à l’HAD
D’après Didier-Pier Florentin, « les huit patients les plus à risque, ou souffrant de comorbidités, ont déjà reçu un accompagnement. » La décision de suspension a été annoncée à l’ADMR vendredi dernier (le 17 septembre, NDLR), affirme le directeur départemental.
tels que Bouchra Sarsari »
Les aides-soignantes considéraient que leurs conditions de travail et l’accueil des usagers étaient inacceptables. »
La suspension du SSIAD pourrait durer plusieurs mois, « et être prolongée en fonction de ce que l’on jugera nécessaire », selon Didier-Pier Florentin.