« La machine de production de la délinquance nous intéresse au plus haut point »


Au lendemain de l’homicide volontaire qui a couté la vie à l’entrepreneur Andy Ramkaram, le préfet Thierry Queffelec a répondu aux questions concernant l’insécurité en Guyane.Fin juin les autorités dressaient un premier bilan maccabre : 25 meurtres commis depuis le 1er janvier.Un nouveau nom s’est ajouté à cette liste hier matin : celui de Andy Ramkaram, abattu devant sa boulangerie après quatre attaques à main armée à son encontre. Son avocate Me Robo avait mis en avant l’inaction de la justice et l’impunité des agresseurs : « les autorités ont été sourdes », confiait-elle notamment.C’est dans ce contexte que le préfet s’est exprimé aujourd’hui, 11 aout 2022. « La chaine pénale et la chaine de police tournent parfaitement. C’est plutôt la machine de production de la délinquance qui nous intéresse au plus haut point », indique d’abord Thierry Queffelec. »Est-ce qu’il faut plus de policiers ou de gendarmes, je serai le premier à dire oui. Ça nous donnerait une plus grande souplesse. Mais il faut savoir que la perception de l’insécurité en Guyane est déjà prise en compte dans les effectifs. En France, la moyenne est de 30 policiers pour 10 000 habitants. Pour la même tranche d’habitants, nous en disposons entre 45 et 56 en Guyane. » Quid du RAID ? Le préfet évoquait dernièrement sur Guyane la 1ere qu’une antenne du RAID pourrait venir s’installer en Guyane. Nous l’avons relancé à ce sujet : « C’est une demande que j’ai faite au gouvernement qui, pour l’instant, est en phase d’instruction et de manière surement positive. On a une antenne du GIGN, on peut avoir une antenne du RAID. C’est quelque chose qui se prépare, mais il n’y aurait pas plus de vingtaine hommes… ça commencerait surement à 12 si c’est acté. Mais leur action correspond à des situations particulières. Ils sont là pour protéger les fonctionnaires et intervenir sur les délinquants dans des conditions spécifiques. Et ce n’est pas 12 hommes qui vont tout changer, c’est une organisation complète. La vraie méthode, c’est de casser cette production de la délinquance. Cela se fait via le rapport avec les familles ; c’est le rapport avec le tissu associatif ; c’est le dialogue que j’ai avec les maires… J’ai rencontré hier le maire de Matoury avec son conseil municipal : il s’engage dans un CSI. Un Contrat de sécurité intégré qui reprend à la fois l’ensemble de la politique de la ville, l’ensemble des cités éducative, le travail avec la CAF etc… Il y a la machine de production et après il y a les gens qui sont au contact. Nous devons travailler de façons conjointe avec élus, État, associations. » Quatre tentatives de meurtre sur un même homme. Le danger sur sa vie pris au sérieux ?Sans s’offusquer de la question, le préfet a très vite redirigé vers les autorités attachées au ministère de la Justice : »Nous sommes maintenant dans une enquête judiciaire. C’est à présent le procureur qui pourra répondre à ces questions. Ce sont des questions qui vont rentrer dans la qualité du jugement. Alors, je n’ai pas d’opinion, je n’ai pas d’information non plus. Je suis dans un autre domaine. Ma responsabilité, c’est la mise en place de la sécurité, ce n’est pas de traiter les résultats de la sécurité. »La conférence de presse du préfet disponible ci-dessous en vidéo :