Un impératif : oublier au plus vite les élections régionales. Au lendemain du second tour , qui a confirmé l’échec de la majorité, Emmanuel Macron entend passer à autre chose. Comme il l’avait fait au lendemain du premier tour en se concentrant sur la réouverture de la Samaritaine et la fête de la musique, il embraye ce lundi sur l’économie et le plan de relance. Au programme, la visite en début de journée du site Renault de Douai où le groupe chinois Envision va implanter une usine de batteries électriques (avec à la clé la création de 1.000 postes d’ici à 2024) puis, dans l’après-midi, le sommet « Choose France », mis en place au début du quinquennat.« Emmanuel Macron entend être très présent sur l’économie et la relance, sujet sur lequel il est fort, contrairement à la sécurité », explique l’un de ses proches. Dans une France qui tourne jour après jour le dos au virus, malgré les menaces du variant Delta , et alors que nul ne se risque à faire des pronostics sur le climat social à la rentrée, Emmanuel Macron fait preuve d’un « optimisme prudent », dit un membre du gouvernement.La fin des élections régionales marque aussi l’accélération de la course à la présidentielle, et les jours qui viennent seront cruciaux pour le chef de l’Etat. Avant le 14 juillet, il devrait donner les grandes orientations des dix mois qui lui restent avant la fin de son quinquennat. Le dossier des retraites figure en haut de la pile, et fait l’objet d’âpres débats au sein de son entourage. D’un côté, ceux, comme le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, militant pour une réforme avant la présidentielle pour montrer la capacité du président à continuer à réformer « jusqu’au dernier quart d’heure ».
Pour les retraites, nous devons calculer le rapport coût/avantage
De l’autre, ceux qui, comme le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, le président du Modem, François Bayrou, ou le patron des députés La République En marche (LREM), Christophe Castaner, préfèrent attendre l’après-présidentielle pour remettre ce sujet ô combien brûlant sur le tapis. Entre les deux camps le débat fait rage. « Pour les retraites, nous devons calculer le rapport coût/avantage », estime un proche.« Soit Emmanuel Macron relance les réformes au risque de crisper le pays, soit il joue l’apaisement au risque de décevoir son électorat. Dans les deux cas de figure, les oppositions auront des angles d’attaque contre lui », résume Chloé Morin, spécialiste de l’opinion à la Fondation Jean-Jaurès.Mais les retraites ne sont pas le seul sujet sur lequel Emmanuel Macron est attendu : il pourrait aussi faire des annonces sur la jeunesse et la dépendance. A l’Assemblée nationale, la semaine qui s’ouvre verra le retour du projet de loi contre le séparatisme et l’adoption définitive de la loi sur la bioéthique .
Remaniement ?
Mais dans les prochaines semaines, l’échec des élections régionales pourrait se rappeler au souvenir d’Emmanuel Macron. La déroute de la majorité dans les Hauts-de-France, où la liste emmenée par Laurent Pietraszewski a été éliminée dès le premier tour, a mis à mal la cohésion gouvernementale. Les ministres de l’Intérieur et de la Justice, Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti, ont eu une explication violente lors du dernier Conseil des ministres.Après la suspension de la réforme de l’assurance-chômage , Elisabeth Borne, la ministre du Travail, et Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, ont également eu une explication après le soutien apporté par la seconde à la décision du Conseil d’Etat. La question d’un remaniement est dans tous les esprits. « Emmanuel Macron ne va pas remanier tout de suite pour ne pas donner d’importance à des élections qui n’en ont pas », pronostique un proche, qui penche pour un remaniement « technique » un peu plus tard en juillet. Là encore, les débats vont bon train dans l’entourage du chef de l’Etat.