Pendant l’été 2020, Ubisoft s’est retrouvé dans le viseur de toute l’industrie vidéoludique en raison des nombreux témoignages dénonçant la culture d’entreprise toxique omniprésente au sein de ses studios. Climat de terreur, crunch, harcèlement… la société française a dû faire face à une véritable tempête médiatique qui a conduit aux démissions et départs de plusieurs de ses responsables et autres membres importants, dont Tommy François et Michel Ancel, ainsi qu’à un exode massif de talents.
Si on pensait que le pire était passé, plus tôt cette année, le collectif A Better Ubisoft a pourtant remis de l’huile sur le feu par l’intermédiaire d’un communiqué affirmant que la direction de la firme faisait seulement semblant d’agir pour améliorer les choses en interne. Une accusation éclipsée assez rapidement par les rumeurs de rachat dont l’entreprise fait l’objet depuis plusieurs mois.
Mais ces dernières semaines, Yves Guillemot a de nouveau répondu aux interrogations de la presse concernant sa manière de gérer cette crise ainsi que sa vision de l’évolution de l’industrie sur le sujet.
Quand le patron essaye de communiquer…
Tout commence aux alentours du 12 septembre lorsque le patron d’Ubisoft accorde une interview à Axios où il explique que réformer la société suite à ce scandale a été « son principal objectif ces deux dernières années ». Des efforts qui ont visiblement porté leurs fruits puisque, selon lui, « nous (Ubisoft) sommes une très bonne entreprise et nous avons eu des problèmes mais nous les avons résolus et l’objectif est d’être à nouveau le meilleur endroit dans lequel travailler. » Un point de vue très différent de celui du collectif A Better Ubisoft.
il répond d’abord qu’elle n’était pas « assez organisée pour les détecter et les résoudre » avant d’ajouter ceci : « L’entreprise fonctionnait et il y avait des manières de faire les choses. Et puis il y a eu une nouvelle jeune génération qui est arrivée avec des besoins différents. Et nous avons dû nous adapter. Je pense que nous ne nous sommes pas adaptés assez vite aux attentes et besoins des gens. »
Des propos plutôt étranges qui semblent insinuer que les soucis qui sont considérés comme tels aujourd’hui ne l’étaient pas forcément par le passé. Et attendez, ce n’est pas fini car, hier, le quotidien québécois La Presse a publié une autre interview réalisée avec le PDG aux côtés de Christophe Derennes, directeur général du studio de Montréal (Canada).
Dans celle-ci, lorsque la question « Considérez-vous avoir réglé le problème ? » lui est posée, il dit : « On avance vraiment à un bon rythme. On en parle moins, nous, dans l’entreprise. On a mis en place des systèmes qui permettent de régler les problèmes qu’il a pu y avoir. On avance très bien pour faire en sorte que la vie dans l’entreprise soit comme tout le monde le souhaite. On a une structure indépendante qui permet de s’exprimer quand quelque chose ne va pas. »
»
…Avant d’activer le décodeur ?
Face à cette communication assez bancale, une partie de la presse et du public se demande où Yves Guillemot veut en venir et s’il a véritablement conscience de l’ampleur de la crise dans laquelle est plongée Ubisoft depuis les révélations de l’été 2020. Afin de clarifier au maximum ses récentes prises de parole, le PDG a expliqué ceci dans un communiqué relayé par Kotaku :
Quand j’évoquais qu’il y avait parfois des frictions, je pensais à la tension créative qui est courante et vitale dans les entreprises innovantes comme la nôtre où les gens ont la liberté de défier les idées et d’avoir des débats houleux mais sains. Pour éviter que cette tension ne devienne négative ou pour y remédier si c’est le cas, c’est là que des politiques, des valeurs et des procédures correspondantes solides sont essentielles. »
« Au cours des deux dernières années et demie, nous avons fait beaucoup de progrès sur ce front afin d’offrir des expériences sûres et formidables à toutes nos équipes. Des environnements de travail sains et respectueux sont notre priorité absolue et nous sommes heureux de dire que selon nos derniers sondages, les membres de notre équipe sont rassurés que nous sommes sur la bonne voie. »
Espérons pour tous les employés et employées des studios de la société française que tout ça soit vrai !