Avis et critique du concert de Interview des Liminanas à Levitation France dans le cadre de la sortie de l'album De Pel...


après une interview avec L’Epée en 2019. Vous avez des nouvelles d’Emmanuelle Seigner et Anton Newcombe ?

Lionel Limiñana  : On en a régulièrement, oui. Emmanuelle vient hyper souvent chez nous dans le Sud et sinon on s’appelle beaucoup. Et avec Anton, on s’est pas mal écrit.

Avis et critique du concert de Interview des Liminanas à Levitation France dans le cadre de la sortie de l'album De Pel...

Marie Limiñana : Oui, par échange de mails.

Lionel Limiñana  : Ouais, on s’écrit tout le temps, régulièrement, mais par contre on ne s’est pas revus depuis la fin de la tournée avec L’Epée. Il est à Berlin et comme tu le sais, on n’a pas pu bouger beaucoup en 2020. Quant à Emmanuelle on va la voir quand on rentre, début octobre je crois. Il y aura un autre disque de L’Epée ?

Lionel Liminana  : On en parle, oui, tout le monde en a envie. On aimerait bien faire un deuxième album de L’Epée, mais il va falloir attendre un petit peu, parce que là on est partis pour être sur la route pour un petit moment, si tout va bien. Anton a sûrement un disque de Brian Jonestown Massacre prêt (ou qui va être prêt), donc il va lui-aussi tourner je pense, je te dis ça sans savoir précisément, ça il ne m’en a pas parlé. Mais à mon avis c’est dans les tuyaux, parce qu’on m’a dit qu’il y avait des démos qui étaient mortelles, donc y’a sûrement un disque de BJM qui arrive. Et donc, pour répondre à ta question, oui, je pense qu’on va rejouer ensemble à un moment donné ! Vous pouvez parler de la manière dont vous avez travaillé avec Laurent Garnier sur le dernier disque des Limiñanas ? C’est assez mystérieux cette collaboration.

Lionel Limiñana  : On s’est rencontrés il y a 3 ou 4 ans sur la route, notre tourman de l’époque nous avait dit qu’on était invités à jouer sur le festival de Laurent Garnier en Provence, à Lourmarin. Ma première réaction, ça a été « putain, c’est hyper touchant et cool qu’il nous invite mais ça va être étrange, vu ce qu’on fait, de jouer sur un plateau de musiques électroniques ». Mais, bon, on y est allés, mon premier souvenir c’est de pousser une porte avec mes pieds, j’avais deux guitares à la main, et de tomber sur Jules Edouard Moustic, qui me tenait la porte. On est hyper fans de Groland, donc j’étais hyper surpris. Et donc en fait le festival Yeah !, c’est un truc à taille humaine, avec une jauge de 900 ou 1000 personnes, et il n’y a pas de musique électronique : y’avait des groupes Born Bad, des trucs de world super bien, du garage, le tout dans un lieu hyper beau

Marie Limiñana : C’est dans un château.

Lionel Limiñana  : Tu n’es qu’avec des gens cool, tu manges très bien, tout est super au festival Yeah !, et comme c’est un petit festival tu manges avec tout le monde, donc on a vu Laurent tout de suite, on a tchatché et on a vraiment passé un super moment sur le festival. En rentrant, on lui a envoyé les bandes de « Dimanche », le morceau qu’on venait de faire avec Bertrand Belin, pour qu’il fasse un remix, ce qu’il a fait. Et avec Marie, on s’est méchamment incrustés l’année suivante sur le festival : on leur a dit qu’on voulait bien venir juste pour sortir les poubelles et tout ça, Laurent nous a dit « non, quand même » et il nous a invités à faire DJ pendant les inter-plateaux entre les artistes.

Marie Limiñana : Et donc au repas on a commencé à discuter, on a parlé de Can.

Lionel Limiñana  : A ce moment-là, oui, on était à fond dans Can et des trucs allemands comme Neu !, que Pascal Comelade nous avait fait écouter. On a fait un blocage là-dessus et du coup en concert les morceaux commençaient à se rallonger, donc on avait envie de faire un disque qui irait plus vers la transe que ce qu’on fait d’habitudeVous faisiez d’ailleurs une reprise de Can sur scène à cette époque.

Lionel Limiñana  : Ouais  ! Et en fait je me suis dit « la personne avec qui il faudrait faire un disque c’est Laurent  ! » Une de ses conceptions de la musique, ça reste quand même de travailler sur la répétition et la transe. Lui c’est des boucles, nous c’est des riffs, mais c’est strictement la même chose. On était hyper contents de ce qu’il avait fait avec « Dimanche », il nous a dit qu’il était ok pour qu’on bosse ensemble, sauf que lui il fait 200 dates par an et que nous on était sur la route tout le temps. On s’écrivait régulièrement pour s’en reparler mais on n’était jamais disponibles en même temps. Et puis arrive le COVID et bim, on s’est retrouvés comme des cons bloqués à la maison. Laurent a un studio chez lui et nous aussi, donc on a commencé à bosser via internet sur le morceau « Steeple Chase ». J’ai envoyé des trucs à Laurent, il a bossé dessus, nous a renvoyé le truc et ça a donné un titre de six minutes. C’était exactement ce que je m’étais imaginé que ça pouvait donner. J’avais déjà quelques idées de textes et l’histoire d’une fille qui s’appelle Juliette. Laurent m’a dit qu’il ne croyait pas trop aux concepts albums, je lui ai répondu que moi non plus, que c’était souvent trop prétentieux  !

Marie Limiñana : C’est plus facile d’avoir une histoire, quand même.

Lionel Limiñana  : Absolument  ! C’est plus facile, on a pris l’habitude avec Marie sur les derniers albums qu’on a enregistrés d’avoir une trame narrative avec un début, un milieu et une fin. Et donc, je lui ai envoyé le texte et la maquette de « Saul », qui ne s’appelait pas encore « Saul », c’est Laurent qui a trouvé le nom du personnage. Là, il a capté, il a dit « Ok, je vois où vous voulez en venir  ! » Et c’est parti comme ça. On était au printemps, début été 2020, et à partir de là ça a été super vite, on a commencé à s’envoyer des tracks, pas du tout dans l’idée « nous on fait la musique et Laurent remixe.  » C’était pas du tout ça, ça allait dans tous les sens, et ça allait très vite, même si Laurent est très perfectionniste. En trois ou quatre échanges grand max, on avait fini le morceau. Et donc on est passés de l’idée de composer 3 ou 4 morceaux au fait d’avoir fini 5, 6, 7, 10 titres, voire plus. Et au bout d’un moment on s’est dits qu’on avait la matière suffisante pour travailler. Le montage et le mixage se sont faits un peu comme si on travaillait sur le montage d’un film. Avec Marie, on a l’habitude de se faire des compiles et d’écouter ce qu’on fait en cuisinant ou en voiture. J’ai fait ça ce matin dans le van pour une BO de film qu’on a fait avec notre pote David Menke. Laurent a commencé à bosser sur le mix à Lourmarin avec son ingé son depuis toujours Stéphane, aka Scan X, avec qui on bosse aussi depuis 3 ou 4 ans. On continuais à s’envoyer des mails, ça a été du boulot, on ne s’était encore pas vus. C’était pas possible de se voir en vrai ?

Marie Limiñana : On était confinés.

Lionel Limiñana  : Ouais, et comme on avait commencé comme ça, on a fini de la même manière. On ne s’est vus qu’à la toute fin du processus lors du déconfinement pour parler de la pochette du disque, du live qu’on voulait faire ensemble au début etc. Ça s’est fait de manière très facile, aucune histoire d’égo, à chaque fois qu’on recevait un truc on était content de ce qu’avait fait l’autreLe scénario du film, enfin du disque, tu l’avais déjà en tête au début ou ça s’est développé au fur et à mesure ?

Folk. Il a un super bagnole, c’est ça ?

Lionel Limiñana  : Oui, il a une Rolls, il nous a ramenés avec, c’était n’importe quoi  ! On n’y croyait pas. Bref, avec Iggy on avait maquetté un titre qui s’appelle « Little french witch », c’est l’histoire d’une prostituée. Avec le confinement, on n’a jamais pu retourner à Miami enregistrer ce titre et donc il a été laissé de côté depuis, je vais essayer de lui écrire pour voir si on ne peut pas le faire, j’ai l’impression qu’ils ré- ouvrent les Etats-Unis, s’il est toujours chaud pour qu’on bosse ensemble. On avait prévu de faire 2 ou 3 titres avec lui. Donc, c’est là que l’idée de ce personnage de la prostituée avait germé, et inconsciemment, le gamin, Saul, c’était un peu le même personnage que celui de « Shadow people », qui était un môme à l’époque du lycée. Dans « De Pelicula », il serait plutôt en train de quitter le lycée mais c’est ce genre de gamin-là, comme on pouvait l’être tous les deux Marie et moi avec nos potes de l’époque, dans les années 80. Saul est en marge de la société classique et s’est réfugié dans les livres, les disques et le cinéma. C’est le type de personnages qui m’intéresse le plus en fait, que je trouve le plus touchant. Du coup, ce môme, qui était dans « Shadow people », je me suis aperçu que c’était le même genre de gamin qui se retrouvait dans « De Pelicula »Pourquoi le titre avec Iggy ne s’est pas fait par échanges de mails ? 

Lionel Limiñana  : On avait fourni une maquette de base à Iggy pour qu’il chante dessus. Mais après, quand on a bossé dessus, on a tellement tordu le morceau que c’est plus du tout le même. Quand on s’était parlé avec Iggy, il voulait qu’on enregistre ensemble et là où il habite, à Miami, et comme c’était en plein COVID et tout, c’était compliqué. Donc on a tout mis de côté. Mais j’espère vraiment qu’on pourra aller là-bas pour faire des titres avec lui  ! Et après je pense que je pourrais prendre ma retraite, on aura tout fait  ! Hahahha. Vous êtes déjà allés le voir chez lui et vous avez roulez en Rolls avec lui, c’est déjà bien  !

Lionel Limiñana  : Oui, c’était n’importe quoi  !

Marie Limiñana : Après ça, quand on est retournés à l’hôtel, on s’est pris une bière, on n’y croyait pas.

Lionel Limiñana  : Ouais, on s’est dit  » c’est pas réel ce qui s’est passé  ! « Pourquoi ne pas pousser jusqu’à faire un disque d’Iggy avec vous comme backing band ?

Lionel Limiñana  : Alors là oui, évidemment. C’est d’une prétention absolue de dire ça, mais s’il a envie d’un truc comme ça, on ira en courant, bien sûr  ! Votre album s’appelle « Film » en espagnol, il y a une sorte de scénario sur chaque disque. Ça ne t’intéresserait pas de passer derrière la caméra pour tourner un film ?

Lionel Limiñana  : Je ne me suis jamais posé la question. C’est vraiment un autre monde, hein  ! On ne fait pas les disques de cette manière-là, par frustration. Les disques avec du talk over en fait, c’est une tradition qui n’est pas forcément réservée aux musiques urbaines, même si aujourd’hui c’est dans ce type de musique que les mecs sont les plus forts sur ce genre de narration. Mais à l’époque de Vian, de Gainsbourg, de gens comme ça, c’était déjà un truc qui se pratiquait. Dans notre petite enfance, j’adorais les disques d’histoires lues et illustrées comme « Pierre et le loup » où tu suivais l’histoire du ou des personnages avec les instruments, la musique et les thèmes.

Marie Limiñana : Y’avait aussi « La chèvre de monsieur Seguin ».

Lionel Limiñana  : Oui, exactement  ! C’était avec Fernandel ça je crois. Moi j’ai toujours adoré ces trucs ; en gros on trouve ça vachement plus excitant de travailler nos albums sur ce principe-là. Réaliser un film, c’est vraiment un tout autre métier. Et si quelqu’un se proposait de tourner un film à partir de votre synopsis ? C’est rock ‘n roll et féministe, donc dans l’air du temps, ça peut intéresser le public.

Lionel Limiñana  : Déjà, ça dépend de qui proposerait mais, oui, ça serait dément ! Et pour vos clips, vous ne voulez pas en profiter pour faire de mini films  ?

Lionel Limiñana  : Les clips on n’a pas vraiment pu bosser dessus, à part sur le premier que Sylvain Rusques a réalisé. Mais c’est vrai que si on avait le temps et les moyens de le faire, on pourrait imaginer un film par chanson dans la tradition du cinéma italien à sketchs. En collant chacun des clips on pourrait obtenir le film du disque, ça pourrait fonctionner. Est-ce qu’il y a des BO de films que vous trouvez cultes, que vous écoutez souvent et qui vous ont inspirées ?

Lionel Limiñana  : Les BO de films, j’aime beaucoup ça, on en fait nous-mêmes, on est ravis de le faire  ! On a rencontré les réalisateurs Olivier Mégaton et Pierre Creton avec qui on a pu travailler et vraiment on adore faire ça  ! Et en ce qui concerne nos influences, évidemment on est des gros fans de Morricone et de l’alliance Sergio Leone/Moriccone, qui, moi, me touche encore beaucoup, autant que quand j’étais môme, si ce n’est plus aujourd’hui  ! On n’a jamais fini de faire le tour de ça  ! C’est prétentieux de dire ça, mais c’est juste des gens qu’on aime beaucoup  ! Sinon, on adore John Barry et Nino Rota, des classiques, quoi  ! Les musiques de John Carpenter sont incroyables également. J’aime beaucoup la manière dont Tarantino fait découvrir des tonnes de musique aux gamins en ponctuant ses films de titres issus de sa collection de disques. Les trois quart des tracks, ce sont des trucs qu’on a dans nos disques depuis toujours. Je me rappelle très bien de la première fois où on a vu « Pulp Fiction », de notre surprise de voir que quelqu’un s’intéressait enfin à Dick Dale ou à des mecs comme ça, dont tout le monde se foutait jusque-là. Il y a un titre qui parle de cinéma et qui est très drôle sur l’édition limitée de l’album, il s’appelle « De Pelicula  et dans le texte il y a le gimmick  » je remercie Claude Berri « .

Lionel Limiñana  : C’est une blague  : comme on ne va jamais aux Victoires de la Musique, avec Laurent (quoique lui, y est allé une fois je crois), on a fait une sorte de blague à la con en faisant comme si on y allait. C’est un peu ironique, non ?

Lionel Limiñana  : Oui, c’est fait pour être drôle, je ne sais pas si ça l’est. C’est Coluche qui avait dit ça « je remercie Claude Berri », c’est une blague qui traîne dans le groupe depuis des années  : on s’entraîne à aller aux Victoires de la Musique, et on se disait que si on y allait un jour on dirait merci à Claude Berri  !Vous aimez beaucoup inviter des gens sur vos disques (Anton Newcombe, Emmanuelle Seigner etc). Qu’est ce que ça vous apporte ?

Lionel Limiñana : Ce qui est cool avec la façon dont a fait ce groupe Marie et moi, c’est que ça nous offre toute liberté pour produire les disques de la manière dont on a envie, sans respecter la moindre démocratie de groupe habituel (c’est toujours compliqué quand t’es 5 ou 6 personnes). Donc, comme c’est juste Marie et moi, si l’un de nous deux n’aime pas un truc ou n’a pas envie de faire quelque chose, on le dégage direct, et partant de là, en gros, on est toujours d’accord. L’idée de départ, ce n’était pas du tout de monter un duo sur le format des Kills ou des White Stripes avec quelqu’un qui chante et qui a du charisme, on en était incapables. Nous, on est plutôt des gens timides, on bidouille des trucs à la maison. L’idée de travailler de cette manière-là nous est venue quand j’ai bossé avec Pascal Comelade il y a des années de ça. Je ne connaissais pas Pascal personnellement et je ne savais pas comment il enregistrait ses disques. Un jour il m’a invité à faire des guitares sur un album, il venait de signer chez Because je crois, donc ça remonte à un paquet d’années

Marie Limiñana : Ça devait être en 2008 je pense.

un préamp et un micro. Il m’a fait écouter un truc, pour le premier « boulot » il fallait bosser sur un ballet de danse contemporaine, avant d’attaquer l’album. Il m’a foutu une boucle dans le casque, j’ai écouté, il m’a dit « fais ce que tu veux  ! », donc j’ai mis des coups de Fuzz, de la Wah-wah, du trémolo, des trucs comme ça. Pour moi, on était en train de se régler. Il m’a dit « c’est super  ! » Puis on est passé à un autre titre, c’était une reprise d’un truc du MC5, clic clac, on l’a fait en deux deux, on a enchaîné avec trois ou quatre autres morceaux et puis on est allés manger. Et dans la voiture en rentrant j’ai dit à Raph, « ‘tain , je suis désolé, je vous ai fait perdre votre journée, il va tout balancer.  » Vu la vitesse où on avait fait le boulot, je ne voyais pas un riff qu’il aurait pu garder. Et des semaines après, enfin des mois après, je reçois le disque, en fait il avait tout gardé et il avait invité plein de mecs, des membres du Bel Canto Orchestra. Il y a avait Ivan Telefunken, qu’on a embauché après, qui était déjà là avec Pascal. Il avait ponctué son disque d’interventions de gens comme ça, ce qui donnait à la fin un album qui était celui de Pascal, c’était évident, mais avec des tas d’invités qui avaient nourri le disque. J’ai dit à Marie, « C’est vraiment mortel cette façon de travailler ! » Comme pour un film où tu fais un casting, tu peux imaginer quelque chose de différent pour chaque disque. Les premiers disques on les a faits avec Pascal qui est venu enregistrer des parties de pianos, mais aussi avec Muriel, qui est une très bonne amie depuis des années et qui habite à Cabestany, qui est venue faire plein de talk overs sur nos titres. Marie en a fait d’autres, moi également. On a bidouillé les premiers albums de cette manière-là. Et puis après il y a eu des gens plus connus sur nos disques, parce qu’au fil du temps, en tournant et en rencontrant des gens, au lieu d’inviter une copine du boulot, on a invité Bertrand Belin, qu’on venait de croiser. Mais la façon de travailler est restée la même. Sur une BO comme « The World we knew », en gros on n’a invité personne à part peut-être Ivan et Renaud  : le gros du boulot on l’a fait à deux, mais les albums on les nourrit de la présence de gens avec qui on pense que ça collera sur tel ou tel titre. Vous invitez beaucoup de monde sur disque et sur scène, mais, comme tout le monde, je me demande pourquoi, toi, Lionel, tu ne chantes pas sur scène, alors que tu le fais sur disque. ?

Lionel Limiñana  : Il faut que je fasse une psychanalyse d’abord, avant de franchir le pas. C’est par timidité que je ne le fais pas. Bon, ce n’est pas que par timidité, je pense que l’interprétation c’est un vrai truc et ça ne me fait pas du tout rêver de faire ça, je préfère vraiment jouer de la guitare électrique. Pourtant, interpréter les morceaux, incarner tes paroles, tu le fais bien (et même très bien !) sur les disques  !

Lionel Limiñana : Oui, et bien, figure toi que ça je le fais vraiment, vraiment tout seul, avec très peu de lumière, à la maison et sans Marie. Et quand Marie fait des voix, elle le fait toute seule, sans moi, par timidité, et puis surtout parce que tu ne donnes pas les mêmes trucs quand quelqu’un te regarde et que tu ne te sens pas chanteur. On prend le temps qu’il faut, et on le fait en talk over.

Marie Limiñana : Et puis quand t’es tout seul, tu peux recommencer plusieurs fois, c’est plus facile.

Lionel Limiñana : Ouais. Peut-être qu’un jour j’essaierai de le faire, de chanter sur scène.

Bref, c’était juste une question que je me pose à chaque fois.

Lionel Limiñana : Oui, je sais, je me fais engueuler régulièrement par des gens qui aiment bien la voix qui est sur le disque et qui ne la retrouvent pas sur scène. Sur le dernier disque (et sur les précédents aussi d’ailleurs), il y a Bertrand Belin qui est invité, sur le superbe titre « Au début c’était le début », une sorte de slow western à l’italienne avec des paroles très réussies. Comment est venue cette chanson ?

Lionel Limiñana : Merci  ! J’ai retrouvé l’autre fois d’où venait le truc, j’ai une mémoire de moineau, donc j’enregistre toutes les idées de riffs ou autres sur mon téléphone. On était en Angleterre, une journée où tu passes l’après midi, voire la journée entière, à attendre dans ta loge l’heure d’aller sur scène. C’est vraiment le genre de truc que tu peux jouer à une fille à la plage, une ballade que tu peux chanter à 15 ans quand t’essayes de faire le cake. Chez nous, on faisait ça à Canet plage, hein  ! C’est une ballade toute simple en quatre accords. En rentrant à la maison, Marie a fait un beat dans l’esprit de Phil Spector, tu sais, les trucs qu’il utilisait tout le temps. Comme sur « Be My Baby?

Lionel Limiñana : Oui, voilà, c’est ça  ! Tan, tan tan, tan. On a maquetté ça, je l’ai envoyé à Bertrand qui était coincé par le COVID en Bretagne je crois ou ailleurs, mais il avait un micro, il avait de quoi bosser. Il a écrit le texte, il l’a enregistré, et quand on l’a reçu ça correspondait pile au moment de l’histoire où il fallait une cavale meurtrière de bandits ou une cavale amoureuse (on lui avait raconté de quoi parlait le disque), dans ce genre de trucs il y a toujours un moment où la réalité reprend le dessus. Le texte de Bertrand c’est pile poil ça, j’aurais jamais pu écrire ça. On n’arrivera jamais à la cheville de Bertrand pour décrire ce genre de situation. C’est un mec qui a une plume et une façon d’interpréter assez uniques ; c’est vraiment un chanteur et un songwriter incroyable  ! C’est marrant ce qu’a pensé Laurent Garnier la première fois qu’il a écouté le morceau  :  » On peut pas sortir ça, on va dire que c’est trop proche de Bashung  ! « 

Lionel Limiñana : C’est marrant, Laurent ça l’a choqué. Moi, non, je connaissais les disques de Bertrand. Peut-être que Laurent n’avait jamais écouté Bertrand ?

Lionel Limiñana : Je ne sais pas s’il avait déjà écouté Bertrand. Après, ce qui est vrai sur cette chanson-là, c’est Marie qui me l’a fait remarquer, c’est que Bertrand pousse plus sa voix que d’habitude, et c’est encore plus touchant.

Marie Limiñana : Oui, c’est vrai  ! Même question que pour Iggy  : pourquoi ne pas faire un disque entier avec Bertrand ? Avec le nombre de chansons que vous avez déjà faites avec lui, il y a déjà un mini album dans la boite  !

Marie Limiñana : Hahahaha !

Lionel Limiñana : Dès qu’on le pourra, on le fera  ! Ecoute, on a déjà fait 3 , 4 ou 5 s avec lui, une face A quoi  ! J’adorerais faire un disque avec Bertrand  !

Marie Limiñana : Moi aussi ! C’est facile de bosser avec lui.

Lionel Limiñana : On avait commencé à en parler.

Marie Limiñana : Et après y’a eu le confinement

Lionel Limiñana : La dernière fois qu’on s’est vus avec Bertrand c’était à une terrasse de café à Perpignan, il venait d’arriver, il était invité à un festival de livres. Il nous dit « on se revoit ce soir  ! ». Et bim, dans l’aprèm, la nouvelle du confinement est tombée, il a dû reprendre le train et on ne l’a jamais revu  ! Dans le disque « De Pelicula », il y a beaucoup de choses qui font penser à Serge Gainsbourg et particulièrement aux ambiances de la chanson « L’Hôtel particulier ». Vous pouvez évoquer le rapport que vous entretenez avec les disques de Gainsbourg ?

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