Pourquoi l’essence est-elle si chère ? Qui en profite vraiment ? Que peut-il se passer ensuite ? Nos réponses avec trois spécialistes du secteur.
et suscite bien des débats.
Pour mieux comprendre comment se forment les prix du carburant et les évolutions possibles dans les semaines et mois à venir, nous avons interrogé trois spécialistes du secteur :
- Cécile Maisonneuve, conseillère auprès du centre énergie et climat de l’Institut français des relations internationales (Ifri) ;
- Olivier Gantois, président de l’Union française des industries pétrolières, énergies et mobilités (Ufip) ;
- Raphaël Boroumand, professeur d’économie à Paris School of Business, spécialiste de l’énergie et des matières premières.
Pourquoi cette hausse des prix du carburant depuis quelques semaines ?
> répond Olivier Gantois.
Comment cette situation va-t-elle évoluer, et à quoi peut-on s’attendre pour les semaines et mois qui viennent ?
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Que se passera-t-il si l’Union européenne décide d’un embargo sur le pétrole russe ?
Le pétrolier français explique dans un communiqué qu’il « mettra en œuvre des solutions alternatives, notamment en important du pétrole via la Pologne ». En ce qui concerne le diesel, il se tournera vers d’autres continents, en mobilisant notamment le gazole « produit par la raffinerie de Satorp en Arabie saoudite ».
Les sociétés de raffinage, qui appartiennent en France à TotalEnergies, Esso et Ineos, profitent-elles de la situation pour augmenter leurs profits au détriment des consommateurs ?
Selon les chiffres de l’Ufip, entre février et mars 2022, la marge des raffineurs a bondi de 28 € à 80 € la tonne – pour le moment. Elle est même montée à 224 € la tonne le 8 mars.
Or, cette même marge n’était que de 3 € un an plus tôt, en mars 2021. Soit une explosion de 2 384 % sur un an ! Mais surtout, la marge de raffinage progresse beaucoup plus vite que le prix du pétrole brut, comme le montre notre tableau :
Institut national de la consommation
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« Il peut y avoir de la volatilité et des hausses rapides liées notamment à la spéculation, qui se répercutent presque en temps réel sur le prix à la pompe », explique l’économiste Raphaël Boroumand. Alors que lorsque c’est le prix de la matière première qui fluctue, le prix du carburant évolue avec un certain décalage.Si la forte hausse des marges de raffinage observée récemment permet aux compagnies pétrolières de s’enrichir, elles ne représentent qu’environ 2 % des prix TTC à la pompe (par exemple, 0,04 € sur un litre à 2 €).
Le coût de la matière première correspond, quant à lui, au tiers de ce prix.
Qui d’autre touche de l’argent sur le carburant vendu à la pompe ?
En plus du coût du pétrole brut et la marge brute de raffinage, le prix des carburants dépend de la marge brute de distribution (la différence entre le prix du produit pétrolier raffiné et son prix de vente hors taxes au consommateur).
Et, bien sûr, des taxes. « C’est un produit fortement fiscalisé, rappelle Raphaël Boroumand. Ce ne sont pas les stations-service qui réalisent une marge très élevée.
»Sur son site, le ministère de l’économie précise qu’en France « les taxes comptent approximativement pour 60 % des prix de l’essence et du gazole à la pompe ». Deux taxes s’appliquent : la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Cette dernière, d’un montant de 20 %, est calculée sur la somme globale – TICPE comprise.
Face à cette situation, que peut faire l’État ?
> ajoute Cécile Maisonneuve. Au-delà de l’échelle nationale, elle préconise une réponse coordonnée au niveau européen.
« Les problèmes sont d’une telle ampleur qu’ils ne peuvent pas relever des États individuellement. La solidarité européenne va être cruciale dans les prochains mois. » Pour l’économiste Raphaël Boroumand, il est aussi essentiel de penser à la pérennité des actions, dans le cas où la situation perdurerait.
Actuellement, seules des mesures d’urgence sont évoquées par le gouvernement français. « La baisse de 15 centimes sera vite absorbée en cas de nouvelle hausse rapide du prix du pétrole », prévient-il.
7. Cette hausse des prix pourrait-elle encourager à sortir des énergies fossiles ?
> Dans ces zones, la grande majorité des habitants utilisent leur voiture et parcourent plusieurs dizaines de kilomètres pour se rendre sur leur lieu de travail.
Laura Hendrikx et Lionel Maugain. Économiste : Sophie Rémond