la France pousse pour une réponse européenne – EURACTIV.fr


La pénurie de médicaments qui frappe la France depuis plusieurs mois n’est pas un cas isolé en Europe et pose la question de la souveraineté pharmaceutique du continent, qui dépend majoritairement d’importations de pays tiers.

l’antibiotique le plus prescrit chez les Français.

la France pousse pour une réponse européenne – EURACTIV.fr

Selon le ministre de la Santé François Braun, la pénurie de paracétamol est due à une augmentation de 13% de la consommation de cet antidouleur, notamment à cause des différents virus qui circulent cet hiver comme la grippe ou la Covid.

a indiqué le ministre, qui a également dit faire pression sur eux.

Mais la pénurie de médicaments ne touche pas uniquement la France. Contactée par EURACTIV, la Commission européenne fait état de « pénuries critiques de certains médicaments, notamment d’un antibiotique spécifique, dans de nombreux pays européens ».

En Italie par exemple, l’Agence des médicaments (Agenzia italiana del farmaco, AIFA) a signalé une pénurie de plus de 3 000 médicaments, dont 554 sont en rupture de stock.

Les difficultés d’accès à certains médicaments en Europe soulèvent la question de l’approvisionnement en principes actifs nécessaires aux laboratoires pharmaceutiques pour fabriquer les médicaments.

Et pour cause : 80 à 85% des principes actifs utilisés pour produire des médicaments en Europe sont importés de Chine et d’Inde, selon le Ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire.

Faut-il alors relocaliser sur le territoire européen la production des principes actifs pour limiter la dépendance à la Chine et à l’Inde ?

Oui, répond Thomas Borel directeur scientifique au sein de l’organisation professionnelle des entreprises du médicament (Leem).

Selon lui, cette industrie aurait une « haute valeur ajoutée » et générerait de « l’emploi » et des « technologies » dans l’UE.

« Il faudra prioriser les molécules sur lesquelles les efforts doivent être conduits avec un soutien des pouvoirs publics », ajoute-t-il lors d’un entretien avec EURACTIV.

Le gouvernement français se positionne également en faveur d’une souveraineté industrielle européenne des médicaments.

« Nous manquons de matières premières et nous manquons d’usines de fabrication. L’épisode que connaît actuellement l’Europe nous invite à aller encore plus loin et plus vite pour retrouver la capacité de fabriquer ces médicaments essentiels », a déclaré à EURACTIV le porte-parole du gouvernement Olivier Véran le 4 janvier dernier à la sortie du Conseil des ministres.

Quand la Chine diminue ses exportations

Si l’UE semble devoir relocaliser sa production de principes actifs, en revanche l’achat groupé de médicaments ne résoudrait pas les problèmes de pénurie, selon Pauline Londeix, de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds).

« Si la Chine décide de privilégier sa population pour des raisons sanitaires et de limiter ses exportations, la façon dont nous lui achetons importera peu. Idem en cas de conflit géopolitique », explique Pauline Londeix à EURACTIV.

Fin décembre, plusieurs médias français, dont RTL et Libération, ont rapporté que la Chine, alors sous le coup d’une nouvelle vague de Covid, avait décidé de limiter ses exportations de paracétamol en Europe.

« Cette ultradépendance nous oblige à sortir le médicament des logiques de marché et d’offre et de la demande », poursuit-elle, appelant les Etats à planifier leurs besoins en santé et à mettre en place des pôles de production publique ou hybride.

De son côté, la Commission a indiqué demander aux industriels de produire plus de médicaments plus rapidement.

« Des discussions avec les industriels ont déjà eu lieu et ils sont conscients qu’ils doivent rapidement accélérer la production de ces médicaments », a précisé la commissaire à la santé Stella Kyriakides à EURACTIV.

Avant d’ajouter  : « Nous faisons de notre mieux pour aider les États membres et l’industrie à relever ce défi ».

ont déclaré mercredi (11 janvier), Laurence Boone la secrétaire d’Etat auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères en commission des Affaires européennes.