La reprise de la zone euro fait face au risque du variant Delta


PubliĂ© le 18 juil. 2021 Ă  12:14Mis Ă  jour le 18 juil. 2021 Ă  13:10De nouveau, suivre la conjoncture Ă©conomique risque fort de se rĂ©sumer au suivi des courbes d’infections et d’entrĂ©es dans les services de rĂ©animation. Avec la progression du variant Delta en Europe, les Ă©conomistes redeviennent des Ă©pidĂ©miologistes. Evidemment, cette fois-ci, la vaccination change beaucoup de choses. Les vaccins semblent bien fonctionner face au variant et une bonne couverture vaccinale de la population devrait permettre d’Ă©viter des confinements Ă  l’image de ceux que nous avons connus depuis un an. Il n’en reste pas moins que la probabilitĂ© que c ette nouvelle vague amoindrisse la reprise Ă©conomique n’est pas nulle. Pour preuve, il y a dix jours, la Banque d’IsraĂ«l, pays oĂč pourtant, la population fait partie des plus vaccinĂ©es au monde, a revu sa prĂ©vision de croissance lĂ©gĂšrement Ă  la baisse pour 2021, indiquant que le « variant Delta fait peser un risque pour la reprise de l’Ă©conomie ». Et si le Royaume-Uni s’apprĂȘte Ă  mettre fin aux restrictions sanitaires ce lundi alors que le nombre de cas continue Ă  croĂźtre, son Premier ministre, Boris Johnson a bien prĂ©cisĂ© que ce n’est pas « parce que les restrictions lĂ©gales ont Ă©tĂ© levĂ©es » que « cela signifie la fin de toute forme de prudence ou de retenue. »

Moindres interactions sociales

Le variant a-t-il le pouvoir de faire dĂ©railler la reprise en Europe, le PIB Ă©tant attendu en croissance de 4,8 % en 2021 ? Pas impossible car mĂȘme le pass sanitaire , solution moins douloureuse Ă©conomiquement mise en place en France mais aussi en GrĂšce, aura des consĂ©quences nĂ©gatives. « Ce sera extrĂȘmement difficile de refermer les restaurants et les autres lieux oĂč la population se retrouve puisque les vaccins sont disponibles », estime Philippe Martin, directeur du Conseil d’analyse Ă©conomique (CAE). Mais « par expĂ©rience, on sait dĂ©sormais que, lorsqu’une vague Ă©pidĂ©mique arrive, les gens adaptent leurs comportements en rĂ©duisant leurs interactions sociales et en consommant moins certains services. Ce qui aura nĂ©cessairement un impact sur l’activitĂ© Ă©conomique. Simplement, celui-ci sera moins important que lors des trois vagues prĂ©cĂ©dentes », ajoute l’Ă©conomiste.

Ce sera extrĂȘmement difficile de refermer les restaurants et les autres lieux oĂč la population se retrouve puisque les vaccins sont disponibles

En effet, « depuis le dĂ©but de l’Ă©pidĂ©mie, chaque vague est moins coĂ»teuse sur le plan Ă©conomique que la prĂ©cĂ©dente », tempĂšre Gilles MoĂ«c, chef Ă©conomiste d’Axa Investment Managers. D’autant que « les entreprises et les mĂ©nages savent que le soutien des Etats est appelĂ© Ă  durer en cas de nouvelle vague. Ils adaptent donc leurs anticipations, ce qui se traduit par une bonne rĂ©sistance de l’investissement des entreprises et de la consommation des mĂ©nages », explique Ludovic Subran, chef Ă©conomiste d’Allianz, plutĂŽt rassurant. « Les effets des confinements successifs ne sont pour l’instant pas cumulatifs. Quand l’Ă©conomie rouvre, l’activitĂ© rĂ©cupĂšre vite. Jusqu’Ă  maintenant, le seul pays Ă  avoir connu une vraie hausse des faillites, c’est l’Espagne et c’est parce que le gouvernement n’est pas allĂ© assez loin dans le soutien public Ă  l’Ă©conomie », poursuit l’expert.

Fracture nord-sud

Reste tout de mĂȘme un risque, celui d’agrandir la fracture entre l’Europe du Sud , dĂ©pendante du tourisme et des services, et l’Europe du nord, plus industrielle et qui rĂ©siste mieux. « Si le nombre de cas augmente vite cet Ă©tĂ©, cela peut devenir trĂšs compliquĂ© pour des Ă©conomies telles que la GrĂšce, l’Espagne et le Portugal qui ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© pĂ©nalisĂ©es l’an passé », souligne Gilles MoĂ«c.

La question émergente

Enfin, il y a le problĂšme du reste du monde. La plupart des autres pays seront moins vaccinĂ©s que l’Europe Ă  l’automne prochain, notamment les pays Ă©mergents . Mais ce sera aussi le cas d’Ă©conomie dĂ©veloppĂ©es et non des moindres. Le Japon, la troisiĂšme Ă©conomie mondiale, et l’Australie en font partie. Plus gĂ©nĂ©ralement, l’Asie est Ă  la traĂźne de la vaccination . « Si les pays asiatiques sont trĂšs touchĂ©s par le variant Delta, alors les problĂšmes d’offre, c’est-Ă -dire de dĂ©sorganisation des chaĂźnes de valeurs et donc d’approvisionnement, auront un impact sur les Ă©conomies europĂ©ennes. Sans compter que la demande de ces pays sera contrainte par l’Ă©pidĂ©mie et les mesures sanitaires », souligne Philippe Martin.Le pire n’est jamais certain mais une chose est sĂ»re, l’Ă©conomie mondiale va devoir apprendre Ă  vivre avec le virus. Et, plus vite la vaccination augmentera, plus facile et rapide sera l’adaptation.