Avec le mois de septembre, le plus dur de la saison est passé pour les nageurs sauveteurs. Et la fin du mois sonnera la fin d’une mission de près de six mois à veiller sur les baigneurs, tous les jours.
Mais, même si les flots de touristes ont déserté la côte, les habitants sont encore nombreux à venir piquer une tête. Alors pas question pour ces anges gardiens de relâcher la surveillance. Cette conscience professionnelle colle à la peau de Nicolas Bettelli. A 25 ans, il termine sa troisième saison de surveillance des plages à Sanary. Avec, cette année particulièrement, le sentiment du devoir accompli.
« Pouls à peine perceptible »
Il y a une dizaine de jours, il a sauvé la vie d’un homme de 90 ans. Ce lundi, sous le drapeau orange de la plage de l’Esplanade où il était affecté ce jour-là, il a accepté de prendre un instant pour revenir sur cette intervention et sur le sens de son engagement. « Ce vendredi 10 septembre j’étais sur la plage de la Gorguette. Il avait beaucoup plu, il n’y avait personne, à part ce monsieur, venu se baigner avec sa dame. En revenant vers le poste de secours, après ma patrouille, mon collègue me dit de regarder l’homme, qui est à 20 ou 25 mètres, là où on a pied. Il semblait faire de l’apnée ou observer les poissons. Mais j’ai vite remarqué qu’il ne bougeait pas du tout. »
Nicolas nage à son secours. « Arrivé à lui, je le retourne : il est rouge et inconscient. Je le ramène au bord. Il ne répond absolument pas aux stimuli. Aucune réaction. Et le pouls est à peine perceptible. On était devant ce qu’on appelle un stade 4 : une noyade confirmée. »
« C’est gratifiant »
Il lui prodigue alors les premiers soins (PLS, oxygène, couverture de survie…) et continue de tenter de le ranimer, tandis que son binôme alerte les pompiers, le Smur 83. « Mais avant leur arrivée, le monsieur a commencé à recracher un peu d’eau. Puis il a ouvert les yeux, s’est remis à respirer normalement et a repris des couleurs. » Sur place, le médecin a pris le relais et la victime a été conduite à la clinique des Fleurs, où il est resté une semaine pour se requinquer.
« Je suis fait pour ça »
Le vieil homme a chaleureusement remercié son héros, à qui, il le sait, il doit la vie. Mais rien que de très normal pour le jeune homme qui déborde d’ambitions. pour les autres. Parce qu’il ne connaît « rien de plus gratifiant que de sauver quelqu’un », ni « rien de plus grisant que de faire partie de cette chaîne de secours et de solidarité » qui l’a toujours fasciné. Il faut dire qu’il est tombé dedans quand il était petit: « Mon père travaille au Samu et c’est lui qui m’a donné le virus. A 6 mois, il m’emmenait déjà voir les camions de pompiers, alors. »
Aujourd’hui, si Nicolas fait preuve d’un sang froid exemplaire, c’est aussi grâce à l’expérience acquise. Car malgré son jeune âge, il a déjà passé 6 ans comme pompier volontaire à la caserne de Toulon Ouest. « J’ai déjà vu pas mal de choses dérangeantes. » Mais l’altruisme et le besoin d’adrénaline sont dans ses gènes, visiblement.
En novembre prochain, il passera le concours pour devenir professionnel. « Les pompiers, c’est toute ma vie. Je ne ferai pas autre chose. Aider les autres, je suis fait pour ça. »