Les talibans ont fait preuve de « pragmatisme » et doivent être jugés pour leurs actions de « dirigeants de facto » de l’Afghanistan pays au coeur des tractations diplomatiques dans ce dossier mais qui n’a pas pour autant encore reconnu le nouveau régime.
la vice-ministre et porte-parole des Affaires étrangères
« Ils ont montré une bonne dose de pragmatisme », a-t-elle déclaré. « Saisissons les opportunités qui se présentent et (.) mettons nos émotions de côté. »
Le Qatar est devenu un acteur incontournable de la crise, dans un rôle de médiateur neutre et influent. Il a en particulier accueilli les négociations conclues en 2020 entre les Etats-Unis de l’ex-président Donald Trump et les talibans, puis entre ces derniers et l’opposition afghane du président désormais déchu, Ashraf Ghani.
Il a ces derniers jours exhorté les talibans de respecter les requêtes occidentales, dont le respect des droits des femmes et la possibilité pour ceux qui le souhaitent de quitter le pays librement.
« Ils sont les dirigeants de facto, il n’y a pas de question là dessus », a-t-elle estimé. « Nous ne poussons pas pour une reconnaissance » diplomatique du nouveau régime et « nous n’arrêterons pas de discuter » s’ils ne respectent pas toutes leurs promesses, a tempéré la porte-parole.
Depuis cet entretien, les talibans ont annoncé les principaux ministres composant leur gouvernement que dirigera Mohammad Hassan Akhund, un proche du mollah Omar, leur fondateur. Washington a ensuite déclaré vouloir « juger les talibans sur leurs actes, pas sur leurs mots », préoccupé par « les affiliations et antécédents de certains de ces individus ».
« Cette voie médiane est notre recommandation à nos partenaires », a-t-elle répété, alors que les chefs de la diplomatie allemande, néerlandaise, britannique, italienne et américaine se sont succédé à Doha en l’espace de huit jours, consacrant le rôle pivot de ce petit Etat du Golfe.
Comme preuve des bonnes volontés des talibans, Mme al-Khater a cité le fait qu’ils ne se soient pas opposés au départ du pays de plus de 120.000 personnes, et que certains ministères travaillent normalement, notamment la Santé. « Les femmes médecins et infirmières peuvent assumer leurs responsabilités », a-t-elle ainsi fait valoir.
Non, elle ne l’est pas », nuance-t-elle cependant. La sortie de crise « va consister en un processus de construction de la confiance, cela sera progressif. Mais nous devons fondamentalement répondre à tous les pas positifs de leur part, par des pas positifs de notre côté », a-t-elle martelé.
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Elle a aussi relevé que la difficulté pour les femmes de travailler en Afghanistan n’était pas le seul fait des talibans, mais aussi de questions logistiques dans les zones rurales et du poids de fortes traditions. « Souvenons-nous tous que l’Afghanistan ne se résume pas aux élites et à Kaboul. »
Le Qatar a multiplié les efforts depuis quelques jours, avec son allié turc, pour remettre en état l’aéroport de la capitale, notamment afin de reprendre l’aide humanitaire. La situation est devenue très compliquée dans le pays et pourrait s’aggraver encore avec l’arrivée de l’hiver, selon les experts.
Mme al-Khater, omniprésente depuis le début du mois dans l’accueil des réfugiés afghans en transit dans l’émirat, a jugé que l’aide peut reprendre et a invité les agences des Nations unies à ne « pas politiser » leurs interventions pour « se concentrer sur l’aide et le développement ».
« Le peuple d’Afghanistan doit pouvoir, comme tous les autres, avoir son mot à dire. Le fait de dire que les talibans doivent répondre à la communauté internationale ne signifie pas que (celle-ci) contrôle le futur » du pays et de son peuple, a-t-elle souligné.
Profitez de l’offre 1€ pour 3 mois avec Google En choisissant ce parcours d’abonnement promotionnel, vous acceptez le dépôt d’un cookie d’analyse par Google. Quant aux critiques qui se sont abattues sur le riche émirat, parfois accusé d’avoir légitimé les talibans et facilité leur accession au pouvoir, elle a répondu : « Ne tuez pas le messager. Le Qatar a été le messager (.). Nous avons agi en facilitateurs mais ce sont les protagonistes qui sont arrivés à ces accords », a-t-elle remarqué, évoquant les Etats-Unis, les talibans et les autres formations politiques afghanes.