Vous les avez adorés en couverture de Magicmaman. Alice Detollenaere et Camille Lacourt sont depuis notre shooting devenus parents d’un petit Marius, qui a vu le jour le 1er juin 2021. En cette veille d’octobre rose, la jeune femme, qui a mené une bataille contre le cancer du sein avant sa grossesse, nous parle de son nouvel engagement dans la lutte contre la maladie, de son ouvrage « Guérie par ton amour » (éditions Leduc, parution le 12 octobre 2021) qui raconte son parcours de vie sans aucun tabou, ainsi que du plus beau rôle qui l’anime aux cotés de celui (ceux) qu’elle aime : celui de maman. Interview croisée de Camille Lacourt et Alice Detollenaere.
Alice : Ca va très bien, c’est un peu sport, on est embarqués dans le tourbillon de couches et biberons, mais je suis contente. J’avais peur de ne pas assurer et finalement, je prends vraiment confiance dans mon rôle de maman. C’est une aventure qu’on vit tous les 2 avec Camille, on en apprend encore plus l’un sur l’autre. Il m’étonne encore plus que ce que j’avais pu imaginer. Quand quelque chose ne va pas, on en parle, on met les choses à plat. Je m’attendais à ce qu’il fasse du copier-coller de ce qu’il faisait avec Jazz (ndlr : Jazz est la fille aînée de Camille Lacourt, née de son union avec l’ancienne Miss France Valérie Bègue), mais c’est une autre histoire, une autre vie. Il reprend du début, il doit tout réapprendre et je le trouve très courageux de repartir à zéro ! Avec Marius, je ne fais pas parfaitement, mais je fais au mieux.
Quand on est fatigué, tout peut prendre des proportions énormes, tout paraît plus compliqué. C’est vraiment important de bien communiquer. Je suis ravi, Marius est trop mignon, il rigole tout le temps, même la nuit (rires).
Quand j’ai eu Jazz, j’étais en pleine carrière sportive, je ne vivais avec elle que les bons moment (les câlins, les biberons.) car j’avais besoin, à l’époque, de beaucoup de repos. Faire des siestes et de longues nuits faisaient partie de mon métier ! Aujourd’hui, c’est différent. On fait les nuits en se relayant avec Alice, on s’entraide, chacun a sa technique pour l’endormir.
En ce qui concerne Alice, j’ai été très agréablement surpris de voir la vitesse à laquelle elle s’est sentie à l’aise dans son rôle de maman, avec Marius. Je savais qu’on ne serait pas des parents stressés car on ne l’est pas de manière générale. On ne se sent pas mal de ne pas en faire plus, c’est pour moi une des définitions du bonheur.
Alice : Pas fun ! J’ai vécu 25 heures de contractions pour. rien, car il s’est terminé en césarienne d’urgence. Déjà, je n’ai pas vécu une grossesse très cool. J’ai d’ailleurs beaucoup culpabilisé de me sentir aussi mal enceinte, je me disais quand même que j’avais eu un cancer juste avant, qu’il fallait que je relativise. Pas facile à faire quand tu es tout le temps malade, et sous le coup des hormones.
La péridurale ne fonctionnait que du côté droit et il fallait que je mette la dose d’anesthésiant maximale autorisée pour ne plus sentir les douleurs. Sauf que Marius n’était pas bien positionné, il avait le regard tourné vers le ciel. Les médecins ont essayé de le retourner, je devais pousser pour accompagner le mouvement et je n’y arrivais pas. Sauf si je mettais moins de produit de péridurale, mais je souffrais, je faisais des malaises et le rythme du cœur de Marius décèlerait…
Camille : Je savais que l’accouchement allait être une galère dès les premières contractions. Elles se sont déclarées vers 11h du matin, étaient beaucoup trop rapprochées et très fortes. Le col d’Alice n’était ouvert qu’à 2 centimètres. A 1h du matin, il était à 7 cm mais le travail n’avançait plus. Les infirmières ont compris dans mon regard que le bébé n’allait pas bien et ils ont décidé de procéder à une césarienne à laquelle j’ai pu assister. On a perdu beaucoup de temps et c’est dommage, cela aurait pu nous éviter la précipitation et les malaises d’Alice.
Alice : J’ai vécu la césarienne « sportivement ». Je me suis dit « Ne bouge pas, accroche-toi, Marius doit sortir », mais je n’en garde aucun traumatisme.
Alice : 3 heures après la césarienne, j’étais debout pour m’occuper de Marius, Camille ne pouvait pas rester à mes côtés en raison des restrictions liées à la crise du Covid. J’ai beaucoup souffert, je me suis demandé comment faisaient les autres femmes pour supporter cette douleur et s’occuper de leur enfant en même temps. Je suis restée 5 jours à la maternité, j’avais hâte de rentrer à la maison pour retrouver Camille et me reposer. On me demande parfois comment j’ai fait pour perdre 17 kilos en un mois, c’est simple : j’ai eu une césarienne, j’avais tellement mal que je n’avais pas faim.
Camille : Au retour de la maternité, nos familles étaient présentes pour rencontrer Marius. Jazz était là, je l’ai prise dans les bras et je lui ai demandé ce que cela lui faisait de rencontrer son petit frère. Elle m’a répondu : « Ca ne me fait rien ». Je m’attendais à une telle réponse, elle n’a pas su trouver sa place à ce moment, il y avait beaucoup de monde, il lui fallait du temps. Je lui ai répondu : « Ce n’est pas grave, de toutes façons, tu auras le temps de l’aimer ». Aujourd’hui, elle est la meilleure des grandes sœurs. Elle est vraiment actrice, elle nous aide beaucoup, elle adore s’occuper de Marius. J’essaie de garder des moments à deux, rien qu’elle et moi.
Alice : Et lui, il est fan d’elle ! Il la regarde avec les yeux de l’amour. Je fais tellement confiance à Jazz, je sais qu’elle prendra bien soin de lui.
Quel est votre meilleur souvenir, à ce jour ?
Camille : Le premier fou rire de Marius, avant ses 3 mois. J’ai fait semblant d’avoir le hoquet, ça l’a beaucoup fait rire. Et aussi, après un caca explosif, j’ai demandé à Jazz de m’aider en prenant la voix de Rocky : « Il n’y a pas de survivants, tous les vêtements sont morts, mon colonel » ! Elle n’a évidemment jamais vu ce film, mais elle était morte de rire.
Alice : Après la césarienne, au retour de la salle de réveil au moment de regagner ma chambre, j’ai entendu Marius qui pleurait depuis la nurserie. Je ne l’avais entendu qu’une demi seconde, mais je savais que c’était lui. C’était fou.
Alice : Je n’ai pas encore repris le mannequinat comme avant, mon partenariat avec la marque de lingerie Rouge-Gorge reprend en octobre. Je rêve aussi de faire la comédie, donc j’espère commencer les auditions dès que je serai prête. J’adore rester avec Marius, mais j’ai besoin de travailler aussi, ça me manque. Lorsque nous travaillerons tous les deux avec Camille, nous mettrons Marius à la crèche.
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Parlez-nous de votre ouvrage « Guérie par ton amour »
Alice : Quand j’ai eu mon cancer du sein, j’ai commencé par écrire un blog (notaboobs.com) pour répondre à toutes les femmes qui me questionnaient sur mon parcours. Et l’écriture s’est avérée être une thérapie pour moi ! J’ai toujours voulu écrire un livre – j’avais d’ailleurs commencé à écrire mes mémoires pour que mes descendants connaissent un jour mon histoire – et me livrer sur ce sujet m’a vraiment fait du bien. J’ai voulu aller plus loin avec un livre, qui pouvait être porteur de plusieurs messages pour les femmes. En plus de la maladie, j’ai décidé de me confier sur ma vie, mon histoire, mes origines, mes valeurs, l’amour que je vis et qui m’entoure, car tout est lié. Je ne voulais pas raconter ma vie dans les grandes lignes : un mannequin qui a vécu à New York, à Hong Kong, ça fait tout de suite cliché. Je voulais au contraire raconter les moments durs que j’ai vécus, les remises en question. J’ai décidé de tout assumer pour aider certaines femmes à déculpabiliser.
C’était important pour moi également d’y expliquer l’histoire de notre couple avec Camille en me disant qu’on pouvait peut-être aussi aider d’autres personnes qui n’arrivent pas à vivre une relation heureuse pour une question d’orgueil ou de rapports de force. Ce livre est aussi une lettre d’amour pour Camille, qui m’a montré un soutien et un amour infaillibles depuis le début. J’avais commencé à écrire ce livre avant ma grossesse et je l’ai terminé à la naissance de Marius. J’espère qu’un jour, mon fils lira ce livre, qu’il l’aidera à grandir, à comprendre pourquoi on prend certaines décisions dans la vie.
Camille : C’est un joli livre sur l’amour. On a construit notre amour, on a du tous les 2 faire des efforts. C’est évident que Marius et Jazz peuvent être fiers d’Alice car pendant toute cette bataille, elle a montré une force, une abnégation, voire même une sorte de détachement. On en a beaucoup parlé, jusqu’à blaguer sur cette maladie. C’est à ce moment précis que j’ai compris que le cancer n’avait plus aucune chance de prendre l’ascendant sur nous.
Je savais que j’allais écrire la préface, mais je voulais d’abord lire le livre d’Alice dans son intégralité. Je ne savais rien de son contenu, elle ne voulait rien me dire, même si j’avoue avoir lu quelques trames au-dessus de son épaule. Pendant le premier confinement, pendant qu’elle était en train de travailler dessus, j’ai écrit « je t’aime » sur son écran lorsqu’elle avait le dos tourné. Elle l’a laissé, suivi de la mention « Camille vient d’écrire ‘Je t’aime' », et l’a envoyé tel quel à sa maison d’édition. Ils ont beaucoup aimé et m’ont demandé d’intervenir à certains passages. Cela m’a aussi fait beaucoup de bien d’écrire ce que je ressentais.
Que souhaitez-vous dire aux personnes touchées par la maladie ?
Alice : Aujourd’hui, 30% d’hommes quittent leur femme, pendant ou après le cancer. C’est super triste. Il y a quelque chose qu’on néglige encore, c’est l’accompagnement des accompagnants. Ils ne sont certes pas touchés par le cancer, mais ils portent la maladie psychologiquement sur leurs épaules et c’est très lourd. Camille était ma lumière, je ne devais pas l’éteindre, sinon on allait se retrouver tous les deux dans le noir. Aux femmes qui vivent le cancer : c’est important de trouver la bonne personne pour le suivi médical. On ne parle pas assez de la dimension psychologique du cancer. Le corps doit se remettre, cicatriser et cela se déroule bien seulement si on se sent bien. Il faut se faire accompagner, trouver sa forme de thérapie.
*Ces recherches peuvent révéler la présence d’un gène altéré qui prédispose au cancer.
Alice : Je savais que je voulais entreprendre les démarches de recherches génétiques, mais j’ai beaucoup retardé ce moment. Je n’avais pas envie de savoir. Je les ai finalement faites pendant ma grossesse car je devais désormais penser à ma famille et à mes futurs enfants. Car si je suis porteuse de ce gêne, mes sœurs et nièces peuvent l’être aussi, tout comme Marius. Peu importe l’issue, je sais que rien ne sera plus une mauvaise nouvelle. Si je porte effectivement ce gène altéré, nous pourrons mieux nous prémunir. et je procéderai à l’ablation de mon sein droit, et peut-être plus tard, de mes ovaires. Et si c’est le cas, peut-être qu’avec Camille nous agrandirons la famille plus vite que prévu. J’ai toujours voulu avoir trois enfants, mais après la grossesse et l’accouchement j’ai eus, je ne sais plus (rires). Je n’y pense pas encore, on verra bien en temps et en heure.
avec un risque élevé de rechutes et malheureusement un nombre très limité de thérapies efficaces. A ce jour en France, il n’existe aucun essai clinique pour les femmes touchées par la maladie, en rechutes précoces des traitements standards. Dans le cadre de cette opération « Tout n’est pas rose », 200 femmes françaises environ pourront donc entrer en essai clinique pendant 3 ans pour lesquelles la chimiothérapie sera notamment associée à plusieurs autres thérapies innovantes. Les besoins de financement s’élèvent à 2,4M d’euros et mon rôle, en tant qu’ambassadrice, en plus de soutenir toutes ces femmes, est de sensibiliser les entreprises et les particuliers et d’encourager aux dons pour aider à réunir les fonds.
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