Ce 24 mai 2020, vers 22 h 45, il vient de livrer sa dernière commande et rentre déposer le véhicule de service sur le parking du restaurant quand, au détour d’une courbe, au lieu-dit « Rougemont » à Tavers, il perd le contrôle de sa Peugeot 206.
Le véhicule percute violemment le fossé et effectue cinq tonneaux avant de s’immobiliser dans un champ. Raphaël, qui n’avait pas bouclé sa ceinture de sécurité, a été éjecté de la voiture. Les secours ne parviendront pas à le réanimer.
Selon un témoin qui a assisté à l’accident, le jeune homme roulait à 140 km/h. L’expert mandaté par la gendarmerie est moins catégorique mais relève, dans son rapport, une « vitesse élevée » sur cette route limitée à 70 km/h. Le jeune homme, qui possédait son permis depuis moins de six mois, roulait « trop vite » au regard de la « courbure de la voie ».
Des pneus usés « à 120 % »
À cela s’ajoute la ceinture qui n’était pas attachée. Pour l’expert, pas de doute : le « comportement du conducteur est à l’origine de l’accident ». Mais la justice, elle, s’interroge : le véhicule de livraison, qui circulait depuis 2004, avait trois pneus présentant un état d' »usure de 120 % ». En clair : totalement lisses. Sur la banquette arrière et dans le coffre, se trouvaient cinq fûts d’huile usagée, non attachés, pour un poids total de plus de 150 kilos. Tous ces éléments ont-ils rendu incontrôlable la voiture dans le virage ?
L’expert a répondu par la négative estimant que le mauvais état d’entretien de la 206 a pu avoir un rôle « aggravant » mais pas déclencheur dans cet accident mortel.
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« S’il roulait moins vite, il serait avec nous aujourd’hui »
Il assure ainsi qu’il n’avait pas conscience que la voiture roulait avec trois pneus lisses (et une roue de secours) mais, dans le même temps, évoque un rendez-vous prévu « chez Midas » pour une révision complète.
Pour lui, la Peugeot 206 n’était clairement pas en état de rouler – d’où la présence des bidons d’huile à l’arrière – « tous les livreurs le savaient ». Sauf peut-être Raphaël à qui il n’a pas donné formellement la consigne de ne pas utiliser cette voiture pour ses livraisons. Les clés de la Peugeot 206 étaient toujours en libre accès.
Reconnaissant à demi-mot une certaine responsabilité, l’ex-gérant estime qu’elle reste toutefois moindre que celle de la victime dans le drame : « S’il roulait moins vite, il serait avec nous aujourd’hui » (sic).
Un axe de défense qui est aussi celui de son avocat, Me Saïd Harir, pour qui la « gestion catastrophique » de son client ne doit pas faire oublier les conclusions de l’expert. « Il n’y a pas de lien de causalité entre l’état de la voiture et l’accident » martèle-t-il, plaidant la relaxe face au ministère public qui réclame une peine de 12 mois de prison avec sursis pour sanctionner la « faute » de l’employeur.
Le tribunal d’Orléans rendra son délibéré le 7 juillet.
A. C.