Des ondes ultra-rapides découvertes à la surface du Soleil défient toute explication par les théories actuelles


Récemment, des scientifiques de l’Université de New York à Abu Dhabi ont analysé 25 ans de données spatiales et terrestres et détecté des ondes mystérieuses. Elles se déplacent dans le sens opposé à la rotation du Soleil et trois fois plus vite qu’attendu par la physique solaire actuelle. Elles mettent les scientifiques devant une nouvelle énigme  ! Explications.

Tout comme la sismologie étudie les tremblements de Terre, l’héliosismologie étudie les tremblements du Soleil. Comme presque toutes les étoiles, la surface du Soleil est animée de mouvements oscillatoires. Ces pulsations naturelles et permanentes engendrent des ondes sonores ou de gravité qui se propagent dans l’étoile et permettent de l’étudier de la surface vers le centre. La source des ondes, dans le cas du Soleil, provient de la turbulence de surface. Des millions de particules de gaz portées à une température de plusieurs milliers de degrés s’agitent et induisent des ondes qui se propagent à l’intérieur du Soleil.

Des ondes ultra-rapides découvertes à la surface du Soleil défient toute explication par les théories actuelles

Certaines ondes, plutôt tangentielles, restent près de la surface et se réfléchissent en de nombreux points de la sphère. D’autres, plus radiales, atteignent le centre du Soleil. Des millions de « modes » de vibration différents sont engendrés à chaque instant. L’étude de ces modes nous renseigne sur les propriétés de la matière stellaire. Avec un diamètre de 1 400 000 km, le Soleil « sonne » à une fréquence très basse, autour de 3 mHz, plusieurs dizaines d’octaves en dessous du seuil accessible à l’oreille humaine (allant de 16 à 20 000 Hz).

Cependant, les ondes acoustiques sont insensibles à des paramètres tels que les champs magnétiques, la viscosité turbulente et les gradients d’entropie dans la zone de convection profonde, qui sont des apports critiques aux théories de la dynamique solaire. Les ondes inertielles peuvent combler cet écart avec leurs sensibilités complémentaires à ces paramètres. Il s’agit d’un type d’onde hydrodynamique trouvée dans les corps fluides en rotation. Sur Terre, les ondes inertielles jouent un rôle important dans les systèmes météorologiques, comme le transport de l’air polaire froid de l’Arctique vers l’Amérique du Nord. Dans le Soleil, elles jouent probablement un rôle dans le transport du moment cinétique vers l’équateur, permettant à l’équateur du Soleil de continuer à tourner plus vite que ses pôles.

C’est ainsi qu’en couplant les données traditionnelles et cette nouvelle méthode d’ondes inertielles, les scientifiques du centre de recherche spatiale de l’université de New York à Abu Dhabi ont pu mettre en évidence un nouveau type d’onde. Leur résultat est publié dans la revue Nature Astronomy.

L’avènement de l’héliosismologie

Mais, il faudra attendre la décennie suivante pour comprendre, théoriquement, ce phénomène comme étant la manifestation de la propagation d’ondes sonores dans le soleil. D’autres observations, par des télescopes au sol d’abord, avant l’avènement de missions spatiales spécialement dédiées, ont ultérieurement confirmé à la fois cette découverte et la théorie.

Laurent Grizon déclarait dans un communiqué : « La découverte d’un nouveau type d’oscillations solaires est passionnante car elle nous permet de déduire des propriétés, telle que la force de la conduite convective, qui contrôlent finalement la dynamique solaire ».

Des ondes inédites, à l’origine inexpliquée

en anglais, de Helioseismic and Magnetic Imager.

Dans les données, les chercheurs ont trouvé un signal très cohérent, que leur analyse révèle comme la présence d’ondes inédites, baptisées « ondes rétrogrades à haute fréquence » (HFR). Elles se déplacent dans le sens inverse de la rotation du Soleil et apparaissent sous la forme d’un motif de tourbillons à la surface de l’étoile (ou vortex), avec une antisymétrie entre les pôles Nord et Sud. Elles se déplacent sur la surface du soleil à une vitesse trois fois supérieure à celle établie par la théorie actuelle sur les mouvements du plasma dans l’étoile. Leur origine pose une véritable énigme.

Notamment sur Terre

Ainsi, dans le but de résoudre l’énigme de l’origine de ces ondes rétrogrades à haute fréquence, les scientifiques de l’étude supposent qu’elles seraient dans un premier temps excitées par la force de Coriolis. Puis, trois mécanismes pourraient affecter et modifier les ondes : 1) les champs magnétiques à l’intérieur du Soleil ; 2) l’interaction avec d’autres ondulations du Soleil, appelées ondes de gravité ; 3) la compression du plasma, c’est-à-dire les mouvements de convection.

C. Hanson explique dans un communiqué : « Si les ondes HFR pouvaient être attribuées à l’un de ces trois processus, la découverte aurait répondu à certaines des questions non résolues que nous avons encore sur notre étoile. Cependant, ces nouvelles vagues ne semblent pas être le résultat de ces processus, et c’est excitant car cela conduit à un tout nouvel ensemble de questions ».

Étudier les similitudes des deux phénomènes via des modélisations plus détaillées pourrait aider à expliquer le mystère de ces ondes à l’avenir.

La nature encore indéterminée de ces ondes promet une nouvelle physique et un nouvel aperçu de la dynamique solaire.

Source  : Nature Astronomy