« Il y a encore de la place pour s’installer » : un succès grandissant pour le réseau Bienvenue à la ferme dans l’Aveyron


l’essentiel
En Aveyron, le réseau Bienvenue à la ferme, qui regroupe les exploitations agricoles proposant un hébergement ou de l’accueil, rencontre un succès qui ne se dément pas et profite d’une tendance touristique forte : l’envie de renouer avec la nature et de rester en France.

L’Aveyron est une terre où l’agriculture pèse toujours une part majeure dans l’économie du département. Il est en 5e position du classement national pour la part d’emplois dans le secteur agricole après le Cantal, la Creuse, la Lozère et le Gers. Les 11 000 emplois agricoles représentent 9,9 % des emplois occupés dans le département contre 2,6 % au niveau national.À côté de sa capacité de production, l’agriculture aveyronnaise pèse également dans le secteur du tourisme.

Récemment, une étude confirmait l’attrait pour les visites d’entreprises. En Occitanie, parmi les sites les plus visités, en dehors des salins d’Aigues-Mortes ou des barrages EDF, se trouvaient la coutellerie de Laguiole Honoré-Durand, la forge de Laguiole, la coopération fromagère Jeune Montagne, les caves de Roquefort. Ces entreprises cumulent près de 380 000 visites par an. Elles cultivent depuis fort longtemps déjà cet aspect qui a fini par revêtir un véritable enjeu économique. À une autre échelle, le concept de l’accueil à la ferme rencontre un succès toujours grandissant.

Magaly Bruel-Fraysse, conseillère en agritourisme auprès de la chambre d’agriculture et animatrice du réseau Bienvenue à la ferme rappelle qu’il « y a eu un effet Covid indéniable ».« Et depuis, cette tendance ne se dément pas, poursuit-elle. Et surtout, elle se vérifie localement. » D’après une étude parut en 2023, pour le Quotidien du Tourisme, trois principales tendances ont émergé après la crise sanitaire. « Les Français ont changé leur façon de voyager. Bien plus que des tendances éphémères, ces nouvelles habitudes semblent s’inscrire comme de nouveaux paradigmes qui seront encore d’actualité en 2024 », résumait la publication spécialisée.

Nouvelles expériences

Parmi ces tendances, trois se dégagent : partir au plus près de la nature. En France, la recherche de destinations rurales à moins de 250 km de Paris a augmenté de plus de 60 % entre le 1er septembre 2022 et le 30 avril 2023. Ensuite, le respect de l’environnement reste un critère particulièrement important dans le choix des vacances. Enfin, « les touristes expriment toujours une envie d’authenticité et de diversité ». « Les gens ont envie de tenter des expériences », complète Magaly Bruel-Fraysse.

Du côté des agriculteurs, la demande est également forte pour intégrer le réseau Bienvenue à la ferme. « Par exemple, au mois d’août 2020, nous avions une quarantaine de demandes. Depuis 2021, nous devons examiner une centaine de projets. Bien évidemment, toutes les demandes n’aboutiront pas. Mais c’est un indicateur significatif sur cette volonté des agriculteurs de diversifier leurs activités. »

Plusieurs profils apparaissent dans ces demandes. « Sur certaines exploitations, il y a une volonté d’installer une personne sans augmenter le cheptel, explique l’animatrice du réseau Bienvenu à la ferme. D’autres veulent aussi diversifier leur activité, valoriser un patrimoine. La question du lien social revient aussi beaucoup. »

La visite, un outil de diversification

Hélène et Jean-Paul Maviel, à Salles-la-Source ouvrent aux visiteurs leur exploitation consacrée à l’élevage d’ovins. L’occasion de rencontres enrichissants pour les agriculteurs comme les visiteurs.

Quelques fiches et photos en main pour illustrer son propos, Hélène et Jean-Paul Maviel font visiter avec enthousiasme leur ferme depuis plusieurs années déjà. Sur leur exploitation des Vézinies, où un troupeau d’un peu plus de 300 brebis ainsi que quelques vaches, s’épanouissent sur ces terres de causse. Comme d’autres, plutôt que d’augmenter la taille du cheptel, Hélène et Jean-Paul Maviel ont souhaité diversifier leur activité en ouvrant ainsi leur exploitation aux visiteurs. Mais très vite, pour cette ancienne institutrice, la volonté de transmettre et d’expliquer son métier, de répondre aux questions d’un public parfois éloigné du monde agricole, est apparue comme une évidence. « C’est toujours positif quand les gens repartent avec une nouvelle vision de ce qu’est l’élevage, raconte Hélène Maviel. Nous sommes aussi là pour décrire une réalité et puis répondre aux questions concernant notre quotidien, etc. » Et puis, ces rencontres sont aussi l’occasion de raconter leur engagement pour l’agriculture biologique et sur leur manière d’aborder leur métier.

Prestations et services

Toutefois, Magaly Bruel-Fraysse tient à préciser que l’accueil de touristes sur une exploitation représente une charge de travail supplémentaire « qui peut parfois être conséquente. Chacun doit le mesurer. Il s’agit d’un travail qui peut être important d’autant plus qu’il est souvent saisonnier, lié aux vacances scolaires. ». Puis, « l’accueil des touristes doit être soigné et accompagné de certaines prestations, de services », complète-t-elle.

« Il y a encore de la place pour s’installer dans ce réseau, assure Magaly Bruel-Fraysse. Par exemple, autour de Rodez, il manque énormément de places de camping-cars. Des agriculteurs pourraient ainsi proposer des aires d’accueil. En tout cas, le potentiel est là et les agriculteurs doivent s’en emparer. »

Jeune montagne, un incontournable

Après avoir attiré 110 000 curieux en 2023, la fromagerie laguiolaise s’impose comme l’une des entreprises les plus visitées d’Occitanie… et un passage obligatoire de tout bon séjour sur les hauteurs du département. Un véritable plébiscite pour cette « PME » comptant 170 salariés, comme tient à le souligner son directeur général, Yves Soulhol. Car au palmarès des entreprises les plus visitées de la Région Occitanie, la « Coop’ », se classe dans les hautes sphères, largement devant Airbus par exemple, qui a accueilli 41 500 curieux en 2022. Preuve s’il en fallait une, que l’agrotourisme carbure ! « C’est une manière de valoriser notre travail et nos valeurs. Cela permet d’expliquer ce que l’on fait pour nos producteurs, explique Yves Soulhol. On s’inscrit dans une méthode globale employée sur l’Aubrac, où l’on vend notre état d’esprit. »