« La doctrine du secret doit protéger la démocratie »


Plutôt que de recevoir le JDD dans son bureau du rez-de-chaussée de l’hôtel de Brienne, Sébastien Lecornu a préféré monter d’un étage pour répondre à nos questions dans ce qui fut le bureau du général de Gaulle dès les premiers jours de la Libération. Nucléaire, services secrets, Chine, indépendance et souveraineté, le message était sans ambiguïté : la France est un bon allié, mais elle décide pour elle-même en fonction de ses propres renseignements.Quelle analyse faites-vous des fuites aux États-Unis d’informations sensibles en rapport avec la guerre en Ukraine ? Ont-elles un impact sur l’action des alliés de l’Ukraine comme la France ?La révélation de documents classifiés est un acte grave.

Par principe, je ne commente pas d’informations issues de fuites, car au milieu de ce flux d’informations, certaines d’entre elles peuvent être falsifiées et distillées à des fins de manipulation. Mon homologue américain a souhaité me parler immédiatement après la révélation des fuites. Elles ne compromettent pas l’appui de la France à l’Ukraine et ne remettent pas en question notre action.

Pensez-vous qu’il puisse s’agir de leurres destinés à troubler l’adversaire ?Ce sont des méthodes qui peuvent exister dans le monde que nous connaissons aujourd’hui.Juste avant la guerre en Ukraine, les États-Unis ont déclassifié énormément d’informations visant à dissuader la Russie d’attaquer. Pourquoi n’avons-nous pas adopté la même démarche ?Le monde ne s’arrête pas de tourner parce que vous révélez une information cruciale.

Pouvions-nous empêcher Vladimir Poutine d’attaquer l’Ukraine en révélant des renseignements avant le 24 février ? Je ne le crois pas. Le secret existe, y compris dans nos démocraties, pour protéger nos intérêts et la sécurité de nos concitoyens et de celles et ceux qui servent l’État et dans nos armées. Ce n’est pas du secret par manque de transparence démocratique, mais du secret pour protéger la démocratie.

On a des règles légales très strictes en la matière, mais qui s’estompent dans le temps précisément par la déclassification, par exemple sur les guerres d’Algérie ou d’Indochine ou, comme je l’ai demandé lorsque j’étais ministre des Outre-Mer, sur les essais nucléaires dans le Pacifique. Il faut donc défendre la doctrine du secret. C’est là la différence entre les régimes libéraux et les régimes totalitaires qui, eux, se servent de la classification, non pas pour défendre seulement la sécurité de l’État, mais pour protéger les intérêts du pouvoir en place.

 Les régimes totalitaires se servent de la classification, non pas pour défendre seulement la sécurité de l’État, mais pour protéger les intérêts du pouvoir en place 

Sébastien Lecornu

À propos de la Chine précisément, comment vivez-vous les critiques adressées au président Macron, notamment aux États-Unis mais aussi en Europe, après ses déclarations sur la confrontation sino-américaine et la question de Taïwan ?Le Président de la République a rappelé que la France et l’Europe sont pour le respect du statu quo dans le détroit de Taïwan. Et pour le reste, il a rappelé que nous sommes des alliés fiables des États-Unis, mais que cela ne rime pas avec un alignement systématique… C’est notre héritage gaullien, là encore.
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Cela signifie-t-il que la France n’interviendrait pas en tant qu’allié de l’OTAN si la marine américaine était attaquée par l’armée chinoise en cherchant à protéger la démocratie taïwanaise ?Vous me permettrez de penser que, d’abord, le rôle de la France est justement d’éviter toute escalade et de défendre le droit international.

Aux États-Unis, comme le montre le livre de Robert Baer sur « Le quatrième homme », un personnage puissant du renseignement américain soupçonné de travailler pour les Russes, il y a davantage de transparence sur ce genre de défaillance que chez nous. Comment l’interprétez-vous ?Nos services de renseignement sont robustes et il existe peu de cas comparables à celui que vous évoquez. Néanmoins, le risque existe, c’est pourquoi la Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 renforcera également les moyens de la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD), chargée de protéger le ministère des armées des menaces d’espionnage.

Il y a eu des progrès ces dernières années en matière de contrôle démocratique, par exemple avec la création de la DPR, la Délégation parlementaire au renseignement dans les deux Assemblées, au sein desquelles des membres des commissions de la Défense et des Lois, de différentes sensibilités politiques, permettent d’assurer le contrôle démocratique sur la vie des services. Il y a également un contrôle sur les interceptions téléphoniques avec des procédures très strictes.

 Emmanuel Macron a rappelé que nous sommes des alliés fiables des États-Unis, mais que cela ne rime pas avec un alignement systématique 

Sébastien Lecornu

Dans la LPM 2024-2030, le président de la République a indiqué sobrement que les moyens des services de renseignement français allaient augmenter de 60 %.

Sommes-nous si en retard que cela pour justifier de tels bonds ?Pendant les années de guerre froide, nos services de renseignement se sont principalement focalisés sur les activités des grandes puissances ou sur la prolifération nucléaire. Dans les années 1990 et 2000, ils se sont réorientés vers la lutte contre le terrorisme armé, militarisé, par exemple au levant ou au Sahel. Au cours de cette période, la communauté du renseignement français s’est rationalisée pour faire face à un défi devenu autant extérieur qu’intérieur.

Puis de nouvelles menaces sont apparues comme le pillage économique de la propriété intellectuelle. Aujourd’hui, les risques se cumulent : on le voit avec l’Iran ou la Corée du Nord en matière de prolifération nucléaire et balistique, mais aussi avec la menace terroriste qui n’a clairement pas disparu et les questions hybrides d’espionnage industriel. Face à ces différentes menaces, singulièrement celle du terrorisme, nous avons beaucoup partagé avec nos alliés.

Mais aujourd’hui, sur d’autres sujets de compétition, nous ne devons pas faire preuve de naïveté. Notamment parce que la France doit renforcer davantage son autonomie et sa souveraineté. La première guerre du Golfe a montré l’impératif d’intégrer des capacités de renseignement d’intérêt militaire, ce qui a abouti à la création par Pierre Joxe de la Direction du Renseignement militaire (DRM).

Aujourd’hui, ce cumul de menaces et de sauts technologiques, couplé au défi de l’autonomie, nous oblige à accroître nos capacités afin d’avoir une diplomatie et une stratégie de défense mieux éclairées.Comment allez-vous, précisément, répartir ces 60 % de hausse d’ici 2030 ?Si la LPM est votée en l’état, elle permettra, avec celle qui l’a précédée entre 2017 et 2023, de multiplier par deux d’ici 2030 les moyens dévolus aux trois services de renseignement sous ma tutelle que sont la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), la Direction du renseignement militaire (DRM) et la Direction du renseignement et de la sécurité et de la défense (DRSD). Jusqu’à présent, le budget pour ces trois services était d’environ 500 millions d’euros par an en 2017.

À la fin de la nouvelle LPM, nous serons à un milliard d’euros par an, soit plus de cinq milliards d’euros sur la période 2024-2030, dont l’essentiel est fléché vers la DGSE.Pourquoi autant pour la DGSE ?La DGSE est la locomotive technologique pour l’ensemble de la communauté du renseignement. Nous devons sans cesse investir pour rester dans le peloton de tête des services de renseignement.

Le monde bouge partout et on se doit d’être compétent partout, y compris sur des fonctions telles que l’analyse, les grands programmes mutualisés ou encore les langues étrangères, il faut donc recruter. Certains de nos services ont sans doute, par le passé, sous-investi le renseignement humain au profit de la technologie. Et puis, il y a le cyber, avec ses nouveaux enjeux de sécurité.

Le BCRA de l’époque de la France libre et des Compagnons de la Libération, ancêtre de la DGSE, n’avait pas cette question du cyber à gérer  ! Aujourd’hui, il nous faut des serveurs capables de générer de la data à très haut niveau, des ingénieurs pour les maintenir et des analystes capables de les exploiter. Nos concitoyens ont été marqués par les attaques cyber contre les hôpitaux. Si ce genre d’attaques est mené par des groupes privés à des fins d’extorsion, ce n’est pas la même chose que si c’est l’œuvre d’un groupe terroriste ou d’une puissance étrangère à des fins de déstabilisation.

La DGSE participe donc à la détection des attaques cyber, à l’attribution de leur provenance, aux entraves et, le cas échéant, à la riposte en légitime défense. C’est ce qui explique que d’ici 2030, plus de 1 000 emplois à temps plein seront créés par rapport à 2017, dont plus de 600 grâce à la nouvelle LPM. La LPM vise aussi à fidéliser les personnes recrutées car bien souvent, certaines sont débauchées par des entreprises privées offrant de meilleures conditions d’embauche.

En 2030, les effectifs supplémentaires répartis sur ces trois agences porteront le total à plus de 10 000 agents, dont une très grande majorité à la DGSE.

 La DGSE est la locomotive technologique pour l’ensemble de la communauté du renseignement 

Sébastien Lecornu

La défense cyber nécessite aussi de nouveaux équipements. La LPM les chiffre-t-elle ?L’enjeu est double : augmenter les moyens de protection cyber pour nos réseaux stratégiques, nos services de renseignement et développer la défense cyber du champ de bataille.

Pour y répondre, la nouvelle LPM propose de tripler l’effort consacré au cyber qui atteindra ainsi près de 4 milliards d’euros. La nouvelle LPM proposera de développer une défense cyber des systèmes d’armes eux-mêmes. Un navire de guerre, un avion de combat, un véhicule blindé sont des plateformes hyperconnectées et doivent être protégées de leur conception jusqu’à leur fin de vie.

Un autre effort important se fera au profit des équipements de cryptographie, pour chiffrer nos communications et les rendre impénétrables aux compétiteurs. Nous devons garder dans ce domaine notre autonomie. Enfin, en termes de ressources humaines, nous devons continuer de monter en gamme et de transformer des compagnies vers le combat cyber, singulièrement dans nos régiments de l’armée de terre.

Son chef d’État-major évoque un pivot de 10 000 à 15 000 soldats pour mettre en œuvre toutes les facettes d’un combat qui ne doit pas oublier l’aspect cyber : renseignement d’origine électromagnétique, guerre électronique – dont on voit combien elle est utilisée en Ukraine —, cyber-tactique, etc. Sans oublier les réservistes, car la guerre en Ukraine nous apprend que les meilleurs experts dans le secteur privé de la Tech peuvent revêtir l’uniforme. Y compris dans les services de renseignement, comme la DGSE, dont je souhaite qu’ils augmentent également leur nombre de réservistes.

Vous mettez l’accent sur l’humain mais qu’en est-il des moyens matériels face aux bonds technologiques que vous évoquez ?Cet enjeu est fondamental si l’on veut rester dans le club des nations en capacité de conserver des moyens de renseignement et cyber souverains. L’exemple le plus parlant, c’est le spatial. Dans les années 1960, les gaullistes ont compris que l’atome devait être français pour garantir notre indépendance… C’est la même chose aujourd’hui avec le spatial.

Il nous faut des moyens souverains d’observation avec des capacités optiques de plus en plus précises pour la DRM. D’où la livraison du premier satellite optique du programme Iris, qui va succéder au programme CSO dans la LPM en cours de débat. Nous devons comprendre, sans dépendre de qui que ce soit, ce qui se passe sur les théâtres d’intérêt pour la France.

Mais nous encourageons dans le même temps les petites et moyennes entreprises porteuses de solutions spatiales répondant à des besoins militaires ciblés. Il en va de même avec notre nouvel avion d’interception électromagnétique Archange, qui succédera au Transall Gabriel, et des nouveaux drones qui doteront l’armée de l’air avec des capacités d’écoute comparables. Mais il nous faut aussi des moyens permanents sur des zones hors conflit, pour survoler notamment les détroits des mers et des océans où nous devons continuer à garantir la sécurité du commerce mondial.

On le fera avec des satellites mais aussi avec de nouvelles générations de drones au départ de bâtiments de la Marine nationale, et d’avions d’observation Atlantique 2 aux nouveaux standards. Il faudra aussi faire des choix. Vaut-il mieux plus de bateaux pour surveiller notre zone économique exclusive de Polynésie ou le faire avec des satellites d’imagerie spatiale ? Pour moi, le choix est fait, je privilégierai le spatial pour la surveillance, ce qui permet de consacrer les bateaux à l’intervention.

Depuis l’espace, quelles autres nouveautés pour le renseignement ?Pour le renseignement électromagnétique, le programme Céleste de nouvelle génération va remplacer la constellation de satellites CERES. Mais il faut aussi désormais se doter d’une capacité d’action dans l’espace. Ce sera le cas d’abord avec le démonstrateur technologique YODA en orbite géostationnaire en haute altitude pour 2025.

Puis, dès 2028, nous aurons le programme EGIDE qui va nous permettre de surveiller d’autres satellites sous la forme d’un “patrouilleur guetteur”. Dans la LPM, nous proposons de continuer à expérimenter le démonstrateur d’illumination, d’aveuglement momentané, d’un satellite adverse depuis le sol, pour protéger nos forces le moment venu. D’autres puissances s’y sont mises, il n’est pas question pour nous de prendre du retard.

 Nous devons comprendre, sans dépendre de qui que ce soit, ce qui se passe sur les théâtres d’intérêt pour la France 

Sébastien Lecornu

Les armées françaises disposaient jusqu’à présent d’un système de communication militaire par satellite du nom de Syracuse. Pourquoi envisagez-vous de le remplacer par une constellation ?On ne remplace pas, on complète. La prochaine mise en orbite du deuxième satellite Syracuse 4 est prévue en juin prochain par le dernier tir d’Ariane V.

Nous nous posons en effet la question des moyens à venir qui compléteront ces très gros satellites. L’espace se militarise, ces gros objets deviennent donc plus vulnérables à certaines menaces. Ne faut-il pas alors compléter nos capacités par des constellations de satellites plus nombreux, plus petits en redondance et plus faciles à remplacer et faire évoluer ? Nous discutons actuellement avec le commissaire européen Thierry Breton d’une solution européenne à ce sujet.

En quoi l’Intelligence artificielle et la science quantique peuvent-elles aider les services de renseignement et les armées ?Sur les 413 milliards d’euros de la LPM, 10 sont dédiés exclusivement à l’innovation pure. Celle que porte la Direction générale de l’Armement (DGA) et en son sein l’Agence de l’innovation de défense qui pilote la réflexion sur le quantique militaire. On ne peut pas avoir aujourd’hui des clefs de chiffrement sans penser au chiffrage de demain et à l’intégrité de nos systèmes.

L’intelligence artificielle, il faut y réfléchir et la contrôler. Elle ne remplacera jamais les états-majors, ni nos officiers ou sous-officiers. Mais elle peut les aider dans l’analyse du renseignement, la planification et la compréhension du champ de bataille.

Même chose pour nos drones dans les airs, sous les mers, qui peuvent être accompagnés par de l’intelligence artificielle. Tout ceci doit être très encadré. Un comité d’éthique accompagne la réflexion de nos armées.

Les technologies quantiques font l’objet d’un suivi particulier au sein des services, à ce stade dans une logique d’anticipation. Ces technologies ont en effet un fort impact potentiel sur la communauté du renseignement, avec des opportunités inédites à long terme et des risques à anticiper.La DGSE est l’un des très rares services au monde à disposer d’un supercalculateur aux capacités vertigineuses.

Faut-il le rendre encore plus performant ?Être à jour suppose d’avoir toujours un coup d’avance. On peut vite être dépassés dans ce domaine. Il faut aussi travailler pour les générations futures.

Nous ne pouvons pas nous permettre de manquer un tournant technologique aussi majeur que le quantique au risque de se retrouver dans une situation de décrochage technologique. Notez que le calcul quantique sera en théorie capable de résoudre en quelques secondes des problèmes que le calcul binaire mettrait des décennies à résoudre.

 Une Loi de Programmation Militaire se doit d’être crédible.

Si aucune copie ne sera jamais parfaite, celle-ci a le mérite d’être cohérente et robuste 

Sébastien Lecornu

Vu que les progrès techniques vont si vite, faut-il rendre la LPM plus souple au risque qu’elle soit moins respectée sur le plan budgétaire ou moins contrôlée par le Parlement ?Je souhaite que la copie soit remise à jour régulièrement. J’ai donc proposé aux parlementaires une nouvelle méthodologie en amont des lois de finances annuelles car il nous faut davantage de souplesse sur certains sujets. Plutôt que de chercher à rattraper notre retard dans certains domaines, comme celui des drones, il vaut mieux faire le deuil d’une génération technologique et passer à la suivante pour éviter d’être en permanence en retard.

Il faut également lutter contre un certain conservatisme qui consiste à s’accrocher aux programmes existants sans s’interroger sur leur utilité militaire future. Je soutiens totalement les choix du Général Burkhard, chef d’État-major des armées : il faut privilégier la cohérence de notre armée – avec des matériels mais aussi les soutiens, les ressources humaines ou les munitions -, au seul désir de “faire de la masse”.Est-ce une remarque qui s’adresse aux états-majors des armées, aux élus de l’opposition qui qualifient votre étude d’impact de la LPM de « faible », aux deux ?Une LPM se doit d’être crédible.

Si aucune copie ne sera jamais parfaite, celle-ci a le mérite d’être cohérente et robuste. Je saurai en faire la démonstration. L’étude d’impact est obligatoire pour chacune des lois.

Celle de la LPM est documentée, plus que les précédentes d’ailleurs, et les objections de l’opposition me semblent plutôt relever du domaine politique que militaire. C’est bien leur droit. La Première ministre a donc saisi le Conseil constitutionnel pour l’interroger sur la conformité de cette étude d’impact.

J’ai par ailleurs déjà été auditionné trois fois par l’Assemblée nationale et j’ai déjà apporté beaucoup de réponses. Mais je crois, de manière plus globale, que nous devons aussi interroger l’impact qu’ont eu les trois LPM de ces quinze dernières années, dont certaines ont abîmé nos armées, pour éclairer la Nation sur les choix qui nous attendent. Le domaine militaire est un domaine où les politiques doivent faire des paris et prendre des risques, d’où mon admiration pour les choix faits dans les années 1960 par les gaullistes.

On ne pourra jamais se cacher derrière une quelconque étude technique… Le débat récurrent sur l’impact de l’inflation sur les 413 milliards de la LPM est intéressant. Le ministère des Armées est le seul ministère dans la République dans lequel l’inflation est prise en compte et corrigée. Le seul  ! Le seul ministère à avoir des clauses particulières pour les carburants opérationnels.

Le seul ministère à avoir des systèmes de report de charges afin d’amoindrir les effets de l’inflation. Et le seul ministère à disposer d’ouvertures de crédits très importantes, avec un milliard et demi d’euros supplémentaires par exemple pour 2023. Qu’on me cite un seul programme militaire qui aurait été ralenti en 2022 ou en 2023 à cause de l’inflation  ! Il n’y en a aucun.

Et pourtant l’argument de l’inflation m’est servi en boucle… Ce qui compte maintenant, c’est le débat sur le fond, qui est loin d’être si consensuel au sein de la classe politique. Que ce soit sur la dissuasion nucléaire, sur nos coopérations et alliances militaires dont l’OTAN, ou encore sur les exportations d’armes, nécessaires à notre équilibre industriel.Cela signifie-t-il que nous aurons toujours à dépenser de plus en plus pour notre défense ?Je le crains à moyen terme, cela est nécessaire, mais il faut s’assurer de la soutenabilité dans la durée pour éviter de revivre les coupes à l’aveugle du passé.

Nous sommes une puissance dotée de l’arme nucléaire, un pays de l’OTAN, une nation de l’ouest de l’Europe et les menaces auxquelles nous sommes confrontés nous sont propres. Arrêtons de nous comparer à d’autres pays, c’est absurde  ! Nos menaces sont plus hybrides, plus cyber, plus diffuses avec nos territoires d’Outre-mer… Il ne faut ni alarmer nos concitoyens, ni leur mentir. Cette LPM est un moment de vérité entre ceux qui pensent que ces menaces sont virtuelles, et ceux qui n’y croient pas.

Entre ceux qui vont vouloir répondre aux risques d’hier, sans voir les risques de demain.