La flambée des prix de l’énergie menace les foyers allemands modestes


Publié le 6 janv. 2022 à 15:53Mis à jour le 6 janv. 2022 à 17:29Dans le pays où l’énergie est déjà la plus chère d’Europe pour les particuliers, la flambée des prix de l’électricité et du gaz menace d’étrangler les 5,3 millions de personnes bénéficiaires des minima sociaux. Selon le site de comparaison des prix Verivox, les tarifs de l’électricité ont augmenté de 18,4 % à 34 centimes par kilowattheure en moyenne en 2021, tandis que ceux du gaz ont bondi de 46,6 %.L’allocation versée aux ménages les plus modestes pour leurs frais énergétiques couvre désormais moins de deux tiers de ces frais. Ce différentiel n’a cessé de grandir : alors qu’ils devaient économiser en moyenne 83 euros en 2020 sur d’autres postes budgétaires pour couvrir le manque à gagner, ces foyers ont l’an passé dû rogner 94 euros sur d’autres postes.

La hausse se poursuit en 2022

En 2022, malgré la réduction de près de moitié de la taxe EEG destinée à financer le développement des énergies renouvelables, la tendance va s’aggraver. Verivox a en effet épluché les premières augmentations des tarifs standards des fournisseurs de base de gaz et d’électricité pour janvier et février : la hausse moyenne atteint respectivement 27 % et 15 % pour un foyer de trois personnes. Pour les plus modestes, cela devrait se traduire par un manque à gagner annuel de 139 euros, selon le portail.Une mauvaise nouvelle alors que l’inflation rogne le pouvoir d’achat des ménages . Elle a encore progressé de 0,5 % sur un mois pour atteindre 5,3 % en décembre. Sur l’année, la hausse atteint 3,1 %, du jamais vu depuis les années 1990. Dans ce contexte, l’alourdissement de la facture énergétique menace à moyen terme de provoquer une multiplication d’interruptions de services.Outre-Rhin, un fournisseur d’électricité peut en effet cesser d’approvisionner un client dès 100 euros d’arriérés de paiement. Le plancher de 230.000 interruptions enregistrées en 2020 risque ainsi d’être bientôt dépassé.

Les faillites de fournisseurs compliquent la donne

La multiplication des faillites de petits fournisseurs low-cost ne fait qu’accroître la pression. La flambée des prix de l’électricité et du gaz sur les marchés a pris à la gorge ces acteurs qui achetaient leurs volumes à court terme pour profiter des fluctuations. Selon l’Agence fédérale des réseaux, 39 fournisseurs sur un total de 2.400 ont fait faillite l’an dernier, soit un bond de plus de 60 % par rapport à la période 2016-2020 qui a obligé les fournisseurs de base à se substituer.Le transfert peut être rude. A Berlin, Gasag assure ainsi avoir récupéré plusieurs centaines de milliers de clients auxquels il applique un tarif de gaz de 18,25 centimes par KWh contre 7,98 centimes pour ses clients existants. Pour satisfaire la demande supplémentaire, « nous devons acheter des quantités considérables sur les marchés au jour le jour », justifie un porte-parole. « Nous devons protéger nos clients existants de nouvelles hausses ainsi que notre groupe », précise-t-il.

La coalition appelée à intervenir

Une différenciation que l’association allemande de défense des consommateurs juge illégale et tout aussi inacceptable que les ruptures de contrats. Elle fait état d’une multiplication par neuf en un an des réclamations reçues de clients transférés, et par quatorze de celles liées à des hausses tarifaires.Pour calmer le jeu, l’association appelle la coalition à concrétiser au plus vite sa promesse de supprimer complètement la taxe EGG et de reverser aux ménages les recettes issues de la taxe carbone.