Face à la déferlante Omicron, la Grande-Bretagne tient bon mais pour combien de temps ?


Depuis deux semaines, à Londres, la même question lancinante tourne sur les groupes WhatsApp d’amis ou de parents : « savez-vous où je peux trouver un autotest ? J’ai déjà fait cinq pharmacies. » Au pays où le moindre test antigénique ou PCR dit de « confort » (en l’absence de symptômes) coûte jusqu’à 150 euros, et n’est pas remboursé que l’on soit vacciné ou non, l’autotest est un bien très recherché. Mais, hélas, quasi introuvable. Selon le quotidien de Londres, The Evening Standard, sur les 1863 pharmacies de la capitale britannique, les trois-quarts sont en rupture de stock.

 

Face à la déferlante Omicron, la Grande-Bretagne tient bon mais pour combien de temps ?

Alors, comment faire à la veille du Réveillon ? Au diable les tests a, pour ainsi dire, répondu Boris Johnson, mercredi, lors d’une visite dans un centre de vaccination. Il a invité ses compatriotes à festoyer, même sans test préalable.

« Soyez juste prudent » a-t-il ajouté. Et le ministre de la Santé, Sajid Javid, d’expliquer que le pays ne faisait que subir la pénurie « mondiale » de tests. Autrement dit, si le monde entier est touché, Downing Street n’y peut rien.

 

Boris Johnson mise sur la troisième dose de vaccin

Alors que les Britanniques s’attendaient à un serrage de vis au lendemain de Noël, il n’en fut rien. Mardi, Johnson annonçait qu’il n’envisageait pas de restrictions supplémentaires. Même avec 915 000 infections ces sept derniers jours (en majeure partie dues à Omicron à Londres), il estime que le NHS (le service de santé national) tient le coup, pour le moment.

Il faut dire que Boris Johnson, affaibli dans les sondages après une série de scandales et de défaites lors d’élections partielles, se trouve aujourd’hui prisonnier de l’aile libertaire de son parti qui se rebelle à chaque restriction supplémentaire.  

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Sa politique d’endiguement de la vague Omicron consiste donc principalement à effectuer le plus d’injections de rappel possibles et dans le laps de temps le plus court.

Seul le port du masque est de nouveau obligatoire dans les transports publics et dans les boutiques d’Angleterre, et le passeport vaccinal est requis – uniquement – pour les rassemblements de plus de 500 personnes et l’accès aux discothèques. L’Ecosse et le Pays de Galles ont, eux, choisi d’opter pour des mesures beaucoup plus strictes. Cela fait déjà plusieurs mois qu’ils ont introduit le passe sanitaire pour notamment l’accès aux activités culturelles et sportives.

Les discothèques y sont également fermées et le port du masque strictement contrôlé, contrairement à l’Angleterre. 

Boris Johnson, lui, a choisi d’être optimiste. Il est vrai que le taux de mortalité reste relativement faible par rapport au nombre d’infections, avec une moyenne quotidienne de 73 morts cette dernière semaine.

Le taux de mortalité est même moins élevé qu’en Europe continentale. Pour l’ancien directeur de la Task Force en charge de la vaccination du pays, le docteur Clive Dix, l’utilisation du vaccin traditionnel AstraZeneca, et non des vaccins ARN comme Pfizer et Moderna, serait la raison de cette bonne nouvelle. « Une étude préliminaire montre que l’AstraZeneca produit une réponse cellulaire beaucoup plus durable contre le virus.

Je ne m’explique pas autrement la différence entre la Grande-Bretagne et le reste des pays européens qui ont surtout utilisé Pfizer. » 

Un plus faible taux de mortalité mais également des hôpitaux beaucoup moins engorgés que durant la vague Delta. Certes, avec 11 000 personnes actuellement hospitalisées pour Covid, le pays a atteint un niveau inédit depuis début mars, mais le chiffre est trois fois moins important qu’en janvier dernier.

La vaccination est passée par là, et aujourd’hui, les séjours à l’hôpital pour Covid sont aussi moins longs et les lits se libèrent plus vite pour accueillir de nouveaux malades.  

La principale inquiétude demeure toutefois la désorganisation de la société et des soins hospitaliers. A Londres seul, 3800 soignants étaient absents cette semaine, en isolement chez eux, testés positifs ou cas contact, soit deux fois plus que la semaine précédente et trois fois plus qu’au début du mois.

 

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la marge de progression vaccinale est encore grande. Et en l’absence de restrictions supplémentaires, la course contre la montre va être cruciale. 

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