« C’est le cœur du problème : certains veulent globaliser cette crise mais toutes les pancartes aux Antilles sont contre l’obligation vaccinale ! La conséquence logique de cette volonté de ne pas appliquer localement les lois de la République, c’est l’autonomie et ce n’est pas un gros mot. On ne peut pas avoir un choix à la carte.
Le ministre ne s’est pas prononcé pour, il n’a fait qu’ouvrir le débat », insiste-t-on au ministère. Mais une fois cette boîte de Pandore ouverte, la question de l’autonomie a vite ressurgi à des milliers de kilomètres de là. en Corse !Tendance va-t-en-guerre. Dès le lendemain de l’allocution de Sébastien Lecornu, le mouvement nationaliste du président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, a en effet dégainé un communiqué.
« Le gouvernement est donc «prêt» à parler de l’autonomie de la Guadeloupe Il a fallu des violences, des nuits d’émeutes pour arriver à cette évidence. Cela ne manque pas d’interpeller », écrit le parti Femu a Corsica. Tout en réclamant à son tour « un vrai dialogue politique, sans tabous », notamment autour d’une autonomie législative pour l’île de beauté.
« On ne pouvait pas laisser passer une telle occasion de réagir », assure le député de Haute-Corse Jean-Félix Acquaviva. Egalement secrétaire national de Femu a Corsica, l’élu estime que le gouvernement « ne peut pas parler de dialogue, voire d’autonomie en réponse aux émeutes en Guadeloupe et au refus de l’obligation vaccinale et, de l’autre côté, entretenir une tension en Corse qui ferait dire que c’était mieux quand il y avait des bombes, alors même que les urnes ont encore une fois accordé près de 70 % des suffrages aux nationalistes aux dernières territoriales ».« Sébastien Lecornu est un politique pragmatique et cette déclaration comme voie de dialogue est tout à son honneur.
Mais il reste une peur maladive à traiter ces sujets en nommant les choses et, derrière ce débat, on perçoit également un malaise et une tendance plus radicale et va-t-en-guerre, y compris au sein de la majorité », poursuit Jean-Félix Acquaviva. Transport maritime, statut des prisonniers politiques, spéculation foncière. Autant de sujets brûlants restés en suspens depuis le dernier épisode du dossier corse en 2018. « On va dans le mur mais ce pouvoir attend toujours d’être confronté à une capacité de nuisance pour changer son fusil épaule, sauf qu’on n’est pas à une table de poker », alerte le député.
« Nous ne sommes pas concernés et les situations n’ont de toute façon rien à voir, la Corse n’est pas située à 8 000 kilomètres de Paris », évacue-t-on au ministère des Outre-mer. Mais le débat qui s’ouvre aux Antilles sur une plus grande autonomie législative pourrait pourtant bien faire tâche d’huile en métropole. Particulièrement en Alsace, où une nouvelle collectivité unique a vu le jour cette année.
« Espérons que cette réflexion et les négociations qui vont s’enclencher dans les îles puissent servir d’étincelle à de nouveaux horizons aux édiles qui confondent encore autonomisme et extrémisme », a ainsi réagi dimanche Martin Meyer, secrétaire général du parti autonomiste Unser Land.« Ce déclic fait aussi écho au Pays basque, en Bretagne, en Guyane et même à Paris dont certains élus se sentent aussi concernés. Il n’y a jamais eu une telle fracture qu’elle soit territoriale ou de gouvernance », promet Jean-Félix Acquaviva.
« De mémoire de nationaliste », ce qui n’est certainement pas bon signe pour l’exécutif.